Il est presque 8 heures, le lundi 1er décembre. Devant le stade de Saint-Jean, Jean-Christophe marque une pause avant de reprendre son trajet au volant de son bus de 22 places. Depuis 6 heures du matin, il a inauguré le service de navettes entre Saint-Jean et Gustavia. « Pour le moment, j’ai transporté un passager », dit-il. A peine a-t-il fini sa phrase qu’une femme se présente. « C’est bien ici la navette ? », demande-t-elle. Réponse affirmative. Tout sourire, elle monte dans le véhicule et montre au chauffeur son inscription sur l’application «smartphone» de la Collectivité territoriale. « Ça commence doucement », constate le chauffeur. L’opération séduction est toutefois lancée. De fait, dès le lendemain, les passagers sont un peu plus nombreux à emprunter l’un des deux bus du service de navettes.
Des progrès au quotidien
« On a plus de monde aujourd’hui », confirme David, le chauffeur du deuxième bus, de 13 places celui-ci. Le temps pour le public cible de comprendre le système d’inscription par le biais de l’application de la Collectivité, mais aussi d’être convaincu de l’utilité du service. « La communication n’a pas été très bonne, estime une passagère. Certaines personnes ont cru que c’était réservé aux commerçants et aux habitants de Gustavia. Ce n’était pas forcément très clair. Un peu comme cette histoire d’inscription sur l’application. » Une absence de clarté toute relative puisque le système a été vite compris par les premiers usagers.
En ce début décembre, la circulation reste assez fluide entre Saint-Jean et Gustavia. Les visiteurs de Thanksgiving sont repartis et ceux de la festive n’ont pas encore débarqué. Par conséquent, le trajet s’effectue aisément entre les quatre arrêts. Le premier, à Public, face à la Cave du Port Franc. Le deuxième, dans la rue du général de Gaulle à Gustavia. Le troisième, juste après le bureau de La Poste. Enfin, le dernier « stop » aller, devant l’hôtel de la Collectivité territoriale. « Quinze minutes, comme prévu », se félicite David en marquant l’arrêt devant la Collectivité. En repartant, il peste en constatant qu’une voiture est mal garée, en plein virage. « Moi je passe avec le 13 places mais c’est plus compliqué avec le 22 », lance-t-il. Autre difficulté sur le trajet, les véhicules de livraison stationnés sur la voie. Sans oublier quelques aménagements qui compliquent la circulation. Toutefois, dans l’ensemble, les navettes effectuent leur trajet sans encombre. Seule modification temporaire, le retour par le dispensaire et la Tourmente en raison de la fermeture de la route de Public en venant de Gustavia. Ce, pour des raisons de sécurité suite à l’éboulement de roches survenu le jeudi 13 novembre (JSB1641). Malgré ce petit changement, le retour au stade intervient dans les temps, trente minutes après le départ.

La gare maritime, un arrêt demandé
Du côté des passagers, la satisfaction est le sentiment exprimé de manière quasi unanime. « Je ne sais pas si ce sera le cas pour tout le monde, mais pour moi, se garer à Saint-Jean le matin et ne pas avoir à chercher une place à Gustavia, c’est l’idéal », assure une salariée d’une boutique. Pour une autre, emprunter la navette relève du bon sens. « Si toutes les personnes qui travaillent à Gustavia le font, cela libèrera des places de stationnement pour les touristes et tout le monde sera gagnant », déclare-t-elle. Une affaire de bon sens qui concerne aussi bien les conducteurs de voiture que les pilotes de scooter et de quad.
Parmi les quelques critiques ou incompréhensions émerge l’absence d’arrêt à la gare maritime. « Pour les personnes qui vont travailler une journée à Saint-Martin, même pour y passer le week-end, ça éviterait d’avoir à se garer à Gustavia », remarque une passagère de la navette. Quant à une éventuelle concurrence faites aux taxis, elle paraît peu probable. Difficile d’imaginer que des touristes privilégient une navette à un chauffeur privé (ou à la location de sa propre voiture) pour se rendre à la gare maritime. De plus, le service étant réservé aux travailleurs de Gustavia et aux habitants de l’île pendant toute sa phase expérimentale de huit mois, aucun touriste n’empruntera les navettes. Quoi qu’il en soit, pour l’heure, les voyageurs désireux de se rendre à la gare maritime devront marcher depuis l’arrêt de la rue De Gaulle pour prendre le ferry.
Pour le transport des écoliers et collégiens, il est précisé que les enfants âgés de moins de dix ans doivent être accompagnés. Ceux qui ont plus de dix ans peuvent prendre seuls la navette mais doivent être munis d’une autorisation parentale.
Pour les fêtes de fin d’année, principalement la Saint-Sylvestre (31 décembre), la question se pose d’une extension des horaires de circulation. La possibilité de se rendre à Gustavia pour les festivités sans avoir à prendre son véhicule devrait, là encore, permettre de désengorger la ville lors de son pic de fréquentation.
|
Quatre arrêts et une inscription en ligne Un compte Revolut ? |
