Depuis deux jours, Thomas et Cindy ont donné peu de nouvelles. Un seul message : "Aujourd'hui (mardi), c'est la guerre". Le renforcement du vent dans la soirée de lundi, et tout au long de la journée de mardi, a occupé toute l'attention des navigateurs. « Les conditions sont dantesques, je n’ai jamais vu ça », a assuré Tiphaine Rideau (Les Banques Alimentaires). Les 30 noeuds de vent ont occasionné de nombreux départs au tas et quelques soucis techniques. "C'était un peu chaotique, on a pris beaucoup de mer, beaucoup de vent, a détaillé Thomas André, ce mercredi midi. Il fallait bourriner, bourriner, bourriner pour être avec les premiers."
L'effort a payé puisque Cap Saint-Barth occupe toujours la troisième place du classement à 13h (heure de Paris). L'équipage Skipper Macif, à quelques milles de Cindy et Thomas, mènent la flotte, juste devant Wings of the Ocean. Alors que les skippers suivaient une route plutôt directe vers Saint-Barth, des changements de direction ont commencé à apparaitre sur la cartographie dans la nuit. Sans que les navigateurs s'engagent dans des positions claires. « La situation est complexe sur la deuxième moitié de la traversée, explique Laure Galley (DMG MORI Academy). On se creuse la tête pour la comprendre et trouver la meilleure route. À un moment, il faudra qu’on s’engage dans une voie ou dans une autre ». Les options possibles : le nord ou le sud pour éviter une zone de molle prévue à la fin de la semaine. "C’est vraiment particulier parce que c’est la décision la plus importante de la course », ajoute Romain Bouillard (Décrochons la lune). Malgré la difficulté, les marins seront bien contraints de prendre une décision d'ici à la fin de la journée. Dès ce milieu de journée, le trio de tête a empanné vers le sud. Selon le bulletin météo de la course, cette trajectoire est la plus judicieuse pour ne pas subir l'influence de l'anticyclone situé plus au nord.
Ils ne sont plus que 17 à se battre sur les flots. Ce mardi en fin d'après-midi (heure de Paris), Jules Ducelier et Sophie Faguet ont annoncé à la direction qu'ils abandonnaient la course. La raison de cette décision : l’impossibilité de réparer leurs deux spis A2, endommagés ces derniers jours. L'équipage qui portait haut les couleurs de la Normandie était pourtant l'un des favoris de cette course. Les deux marins figuraient dans le « top 10 » depuis la descente des côtes portugaises et se positionnaient à la 3e place encore hier matin. Mais sans spinnaker, il est impossible de traverser l'Atlantique ou alors dans un délai beaucoup trop long. Cet abandon est le deuxième de la course, après celui d’Arno Biston et de Vittoria Ripa Di Meana (Article.1), qui ont vu leur spinnaker se déchirer également.