Il ne reste plus quelques jours avant l'arrivée à Saint-Barth. Pourtant, l'humeur est loin d'être à la fête sur l'eau. Les 17 équipages encore en lice voient leurs nerfs être mis à rude épreuve. D'une part, des grains imprévisibles font suer les skippers, mais aussi leur matériel. «On a passé la nuit à batailler contre les grains », raconte Thomas de Dinechin (Almond for Pure Ocean). L'équipage leader, Wings of the Ocean, a même évoqué des soucis techniques, sans donner plus de précisions. À bord de Région Bretagne - CMB Océane, la drisse de spi s'est ouverte en deux, laissant les deux navigateurs avec seulement le petit spi. Pas le choix, Corentin Horeau s'est installé à l'avant du bateau pour un atelier couture.
Le plus éprouvant pour les skippers reste cette zone sans vent qui bloque leur progression, alors qu'ils ne sont plus qu'à moins de 600 milles nautiques (1110 km) de l’arrivée. " On a hâte de que ça se finisse, parce que là c'est trop stressant !", a confié Thomas André, à bord de Cap Saint-Barth, installé à la troisième place à 13h. Alors que la course semblait pliée avec sur le podium le trio de tête Wings of the Ocean, Skipper Macif et Cap Saint-Barth, toutes les cartes sont rebattues. La flotte est désormais regroupée sur une ligne de près de 120 milles (222 km) en latéral, effaçant toute l'avance prise auparavant par les leaders. "Jouer une course sur ça, ce n'est jamais facile, a déclaré Thomas. Surtout, vu la course qu'on a faite. On peut être hyper fier de notre parcours pour l'instant, mais ce n'est pas ça qui va déterminer la suite."
Trois options sont encore possibles pour cette fin de course : une trajectoire plus au nord, comme Cindy et Thomas, le cap vers le sud ou ceux qui conservent la route directe vers Saint-Barth. « On a coupé le fromage par rapport à ceux qui sont au Nord, explique de son côté Martin Le Pape. Ça nous replace dans une position d’attaque, on espère trouver un trou de souris ». Mais la météo toujours incertaine empêche de tirer une quelconque conclusion. "Les routages ne s’accordent pas : il y en a un qui récompense les Sudistes, un autre laisse penser que les Nordistes pourraient l’emporter, souligne Yann Chateau, directeur adjoint de la course. Par ailleurs, un constat s’impose. La flotte devrait arriver très groupée avec une poignée d’heures seulement entre la majorité des concurrents. Les écarts seront si faibles que chaque aspect à gérer (les grains, les sargasses, les aspects techniques) aura un rôle déterminant dans la dernière ligne droite ». Selon les dernières estimations, les premiers devraient franchir la ligne d'arrivée le jeudi 8 au soir ou le vendredi 9 au matin.
En attendant le retour du vent, chaque équipage a sa manière de gérer le stress. Anaëlle Pattusch et Hugo Cardon ont dégusté leur dernière mangue, Ellie Driver et Oliver Hill (Women's Engineering Society), eux, ont admiré le passage d'une baleine. À bord de Cap Saint-Barth, Thomas a opté pour l'humour. Il a filmé la cartographie en prenant un ton de commentateur sportif : "Bienvenue sur le bateau Cap St-Barth pour ce live du départ de la Transat Paprec 2025. C’est un excellent départ au milieu de l’Atlantique pour une course sympathique de quatre jours environ. Quelques bateaux ont malheureusement pris un peu de retard, mais ce n'est pas grave pour la suite. C'est parti !" Espérons que pour ce nouveau départ, Cap Saint-Barth fasse aussi bien qu'à Concarneau !