Saint-Barth -

Transat Paprec - Cap Saint-Barth dégringole au classement

Qui aurait pu prédire un tel retournement de situation ? Alors que les premiers skippers devraient atteindre Saint-Barth dans moins de deux jours, le classement a été totalement chamboulé la nuit dernière. Il y a encore moins de 24h, le quatuor de tête - Wings of the Ocean (1er), Cap St Barth (2e), Les Étoiles Filantes (3e) et Skipper Macif (4e) — menait encore la danse avec leur trajectoire plus au nord. Mais dès la fin de la journée ce mardi, la hiérarchie a été renversée : les navigateurs ayant pris l'option sud ont pris les devants de la course. Demain (Martin Le Pape et Mathilde Géron) est désormais en tête, devant Décrochons la Lune (Romain Bouillard et Irina Gracheva), Région Bretagne - CMB Océane (Victor Le Pape et Estelle Greck) et Faun (Adrien Simon et Chloe Le Bars).  « Alors qu’il reste moins de 400 milles à parcourir, on assiste vraiment à un nouveau départ, commente Francis Le Goff, le directeur de course. Je n’ai jamais vu ça depuis que je suis en fonction dans cette course ! »

Par conséquent, le duo Cap Saint-Barth qui était l'un des équipages le plus au nord a dégringolé dans le classement jusqu'à atteindre la 14ème place à 7h (heure locale).  " La journée d'hier a été difficile mentalement, détaille Cindy. Le classement de 10TU on était en tête et celui de 15hTU on commence notre dégringolade vertigineuse." Alors que la flotte avance toujours lentement, certains navigateurs bénéficient de brefs passages d'airs. " Certains pourront profiter de situations locales avec 2 à 3 nœuds de plus, d’autres peuvent se faire arrêter net", précise Francis Le Goff. C'est notamment le cas de Cindy et Thomas : " On a eu une grosse molle pendant presque 15 h. On voyait les autres avancer vite et dans le bon sens, alors que nous, on était arrêté les voiles battantes." Autant dire que les nerfs des marins sont mis à rude épreuve. "Avec la fatigue, le mental va jouer un rôle prépondérant, ajoute le directeur de course. Il faut être solides, avoir un duo soudé et ne pas être déstabilisés par le classement qui change en permanence !"

En se rapprochant de la mer des Caraïbes, les navigateurs doivent aussi faire face aux sargasses qui s'accrochent au bateau.« On a rencontré nos copines les algues et elles sont un peu ‘relous’ », a déclaré Romain Bouillard (Décrochons la lune). L'équipage des Étoiles Filantes a même cassé une de ses cannes à algues. Autre problème technique, Pier-Paolo Dean et Tiphaine Rideau (Banques Alimentaires) ont déchiré leur grand spi : "On doit composer avec le petit spi, la vitesse va forcément être très réduite". Malgré la difficulté, Cindy et Thomas gardent le cap. " Même si les esprits s'échauffent à bord, on garde espoir jusqu’à la ligne d’arrivée, appuie Cindy. Tout est possible ! On a tous une bonne étoile et la nôtre va revenir." Dans les moments de doute, tout signe est bon à prendre. La monitrice de voile a photographié le lever du soleil qui a "chassé le mauvais temps et la grisaille" et apprécie de voir qu'ils naviguent désormais à 9,2 nœuds au lieu de 5 nœuds auparavant. Quoi qu'il en soit, la native de l'île se rapproche de la maison où elle espère être accueillie avec chaleur. Selon les dernières estimations, les premiers pourraient arriver à partir de vendredi minuit et jusqu'à vendredi dans la soirée au maximum. Peu importe l'heure d'arrivée, il ne fait aucun doute que l'enfant du pays sera reçue avec ferveur.