Saint-Barth -

Christophe Chauvin (Le Christopher), Luc Lanza (Le Toiny), Marc Dobbels (Le Barthélemy), Bruno Magras, Eric Boonstoppel (Cheval Blanc), Jocelyne Sibuet (Villa Marie), Martein Van Wagenberg (Le Guanahani), Fabrice Moizan (L’Eden Rock), Jérôme Delamaire (Nikki Beach), Julien Sormonte (Tropical Hôtel), Nicolas Sibuet (Villa Marie), Michel Magras. (Photo CTTSB)

Les pros du tourisme de Saint-Barth en opération séduction à Paris

Vendredi soir, une partie des représentants de la gastronomie, de lhôtellerie et du tourisme de Saint-Barth sétait donné rendez-vous au Bristol, à quelques encablures de lElysée à Paris, pour célébrer, loin de lîle, ce qui aurait dû être la 4e édition du Saint-Barth Gourmet Festival.

Après un apéritif pris dans le luxueux hall d’entrée, et quelques photos, les 85 convives, respectant le dress code chic mais sans forfanterie, ont pris place sur les neuf tables dressées du flamboyant salon Castellane. Chacune d’entre elles, ornée d’une belle composition florale et de plusieurs dessins réalisés pour l’occasion par les enfants de l’école de Gustavia, portait le nom d’un quartier ou d’une plage de Saint-Barth.

Alessandra Sublet ambassadrice

Parmi les invités, on comptait bien sûr les représentants politiques comme Bruno Magras et Michel Magras, touché par « la valeur du geste des grands chefs ». Le Comité du tourisme avait également convié des voyagistes d’agences réputées, des habitués américains et français de l’île, et quelques personnalités comme Yves Rénier, l’ancien commissaire Moulin, ou encore Alessandra Sublet, venue avec mari et parents.

C’est d’ailleurs l’animatrice qui a officié comme maîtresse de cérémonie pendant la soirée, pour convaincre les convives d’acheter un ticket de tombola à 100 euros, puis remettre les prix aux nombreux gagnants.

« Ça fait du bien de se retrouver et ça donne du baume au cœur, car on sait que l’île a besoin d’être replantée. J’y retourne le 14 décembre et je suis très impatiente, notamment pour voir l’avancée des projets, comme celui de Didier Laplace avec son association Coral Restoration. J’ai envie de retourner sous l’eau pour voir où cela en est.»

Enfin, quelques journalistes de presse nationale (Gala, Le Figaro) féminine (Elle, Madame Le Figaro) et du secteur du tourisme couvraient l’événement, tout comme une équipe d’Enquête exclusive (M6) qui prépare un sujet sur la reconstruction de l’île.

Les professionnels prônent le « parler vrai »

Ce gala devait attester du début de renaissance de Saint-Barth, notamment grâce à la diffusion d’un clip montrant l’île, trois mois après le passage dévastateur d’Irma.

«Notre volonté est d’être dans le vrai », précise Nils Dufau. « On sait que nous aurons un certain nombre de fidèles qui reviendront très rapidement, et leur nombre correspond à la capacité d’accueil que l’on peut proposer actuellement. 80% des yachts vont aussi revenir pour la grosse saison entre Noël et le jour de l’an. C’est une belle amorce, nécessaire pour l’économie de l’île. »

11 300 euros récoltés pour reverdir Gustavia

Cet événement portait aussi et surtout un volet caritatif : la vente des tickets de tombola doit permettre la replantation des arbres à Gustavia, notamment sur le quai Général-de-Gaulle.

1500 plantes et arbres sont déjà en cours d’acheminement, et le projet doit être achevé le 15 décembre prochain. Une action dont le coût est estimé à 120.000 euros.

Le Rotary, en accord avec la Collectivité, a participé à hauteur de 40.000 euros. La soirée au Bristol aura permis de récolter une somme de 11.300 euros pour ce même projet.

« Si nous avons parcouru tous ces kilomètres, c’est que nous avons deux passions. La première, c’est la cuisine française. La deuxième, c’est l’amour que nous portons à Saint-Barth », lançait Bruno Magras en préambule du dîner. « Saint-Barth est une île debout », concluait-il avant de déclamer un poème sur celle qu’il appelle « pépite posée sur la nacre bleue des Caraïbes. »

Plages sans transat

Et Alessandra Sublet d’ajouter : « Y revenir maintenant, c’est une façon de découvrir l’île autrement car, dans les mois qui viennent, certaines structures comme les gros hôtels ne seront pas d’attaque pour recevoir. Mais cela veut aussi dire qu’on aura des plages vierges, sans transat. Et la meilleure façon de découvrir Saint-Barth, c’est après Irma. »

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Un menu de haute gastronomie pour lever un maximum de fonds

Entre les remises des lots de tombola, sept assiettes se sont succédé sur les élégantes tablées du Bristol. Le menu composé d’une fine tranche d’eau glacée de la Sasse sur du caviar Petrossian, poireau d’Ile-de-France et huîtres au grill, signature du chef Fréchon, biscuit de brochet et lotte du Lac Léman, tronçon de turbot à la plancha rendaient hommage aux produits de la mer, sans oublier le dos de chevreuil rôti aux épices douces avec ses ravioles de céleri-rave, rendait hommage au savoir-faire en matière de gastronomie tricolore, mais pas forcément au terroir antillais.

En cuisine, 9 étoiles incarnées par trois chefs, - Emmanuel Renaut, Christian Le Squer et Eric Fréchon, respectivement les parrains des édition 2015, 2016 et celui qui devait inaugurer l’événement culinaire cette année, - ont proposé un dîner à six mains. « Je suis honoré que cet événement se déroule au Bristol et fier de participer à ce dîner caritatif. C’est sûr qu’on aurait aimé le faire à Saint-Barthélemy », confiait sur la scène l’hôte du palace, Meilleur ouvrier de France, qui était venu reconnaître les lieux l’été dernier avant la catastrophe climatique. « On a bien mangé partout. Il y a des endroits magiques ! » L’année prochaine, il devrait aussi parrainer l’édition 2018 sur place.

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Voyagistes et hôteliers rassurent les touristes : « Les plages sont toujours là »

Composées par tirage au sort, les tables de cette soirée de gala rassemblaient hôteliers, journalistes et voyagistes. Une manière de montrer le soutien mutuel des professionnels pour ramener des touristes sur l’île.

« Au départ, ils ont un peu peur. On leur dit que les hôtels commencent à rouvrir, que la végétation revient, les plages sont toujours là », commentait Pascaline Chabert, directrice de Succès Voyage qui expliquait avoir déjà des demandes pour janvier. « Il faut les rassurer sur les hébergements. Saint-Barth se relève tranquillement mais sûrement, mais on a finalement peu de travail à faire. Les fidèles veulent retrouver leur île, c’est une famille. Nous avons seulement un discours vrai sur les états des établissements où ils avaient l’habitude de descendre », ajoutait Gino Pierre, directeur chez Voyageurs du Monde.

Pour les tour-opérateurs présents, l’aspect village, le microcosme local, la sécurité qui règne sur l’île restent des arguments forts qui ne nécessiteront pas d’aller chercher une nouvelle clientèle ou de développer une autre tarification pour favoriser les réservations l’année prochaine. Il faudra juste prôner la patience.

Faire mieux en 2018

En effet, certains hôtels et restaurants ne rouvriront pas avant le printemps 2018, à l’image du Nikki Beach qui espère relancer son activité pour la Bucket Regatta en mars. « On a une clientèle d’habitués, qui veut revenir absolument mais qui est bien consciente que tout est un peu en stand by, car on doit reconstruire afin de les accueillir dans les meilleurs conditions possible », détaillait Jérôme Delamaire, de l’établissement de Saint-Jean.

Pour d’autres professionnels, il faudra encore attendre le dernier trimestre 2018 pour accueillir les touristes. Exemple au Toiny, qui a dû mettre 85 de ses 100 employés au chômage technique après Irma. « Les gens veulent revenir mais on manque de capacité d’accueil, car beaucoup de villas ne sont toujours pas opérationnelles », déplorait Luc Lanza, de la direction de l’hôtel. « Aujourd’hui, c’est le moment opportun pour embellir l’hôtel et l’île, faire mieux et plus beau. Les clients seront forcément contents de venir voir les changements. »

Un autre gala à New York

Même constat pour l’hôtel 5 étoiles Le Guanahani, où les équipes travaillent à la reconstruction avec nouvelles normes, plus protectrices pour le bâtiment en cas de nouveau cyclone, notamment sur la partie plage.

Martein Van Wagenberg, le directeur général, se veut très confiant auprès des Américains du Nord, qui représentent 60 % de la clientèle de l’île. « On a toujours l’esprit de Saint-Barth. Le message c’est : oui on peut vous accueillir, il y a des magasins et restaurants qui sont ouverts, mais ce n’est pas la même chose que les années précédentes. Pour les Américains, Saint-Barth ce sont des vacances sociales. Elle représente une destination où ils se retrouvent entre amis pour vivre cette expérience à plusieurs. Cette année, il y en a certains que ça peut freiner, et donc certains couples vont revenir peut-être seuls, pour avoir des vacances plus tranquilles ou en soutien à l’économie locale. »

Après le gala parisien, une partie des hôteliers et le Comité du tourisme se sont rendus à Cannes pour l’International Luxury Travel Market, afin de défendre la destination. Avant de s’envoler certainement en février pour New York, où sera organisé une réplique de ce dîner de gala parisien, puisque une grosse majorité des touristes de Saint-Barth viennent de la côte est des Etats-Unis.


JSB 1256