Lorsqu’elle se présente aux organisateurs, quelques jours avant la course, c’est pour apporter son aide dans le cadre d’un stage. Leanna Grivel, âgée de 18 ans, est alors très loin d’imaginer ce qui l’attend. « Quand j’arrive, on me dit qu’il manque un équipier, donc on me propose », explique-t-elle en riant. Un vrai défi, improvisé, pour l’adolescente qui n’a navigué qu’en laser, en solitaire. « Mais pas depuis un an et demi », lance-t-elle. De plus, elle n’a jamais touché, de près ou de loin, à un catamaran F18. « Quand je naviguais, j’avais déjà participé sur les bateaux de l’organisation et ça me tentait vraiment de le faire, assure-t-elle. Mais n’ayant pas le niveau et ne m’étant jamais entraînée, je ne pensais pas le faire un jour. En fin de compte, on se retrouve à faire ce qu’on voulait ! » Jeudi dernier, elle découvre son coéquipier (Pascal Marchais, venu de Guadeloupe) et son F18, sous la bannière CCDM. « Dès le premier jour c’est très sportif mais après ça allait mieux, raconte Leanna. Je ne connaissais pas du tout mon coéquipier et je le remercie. On a beaucoup communiqué au début et ça a fonctionné plutôt bien. C’est très sportif, très physique, avec beaucoup de sensations et super fun. Le plus dur c’est l’intensité. On est tout le temps en train de bouger, à entrer et sortir du bateau. Il y a eu des journées très compliquées et la motivation baisse parfois. Et même si je ne peux pas dire que j’ai le niveau, j’ai pris du plaisir sur l’eau. »
Sur terre mais aussi en mer, sa maman, Beryl Minet, a suivi les performances de Leanna. « C’est une super expérience pour elle, dit-elle. J’ai suivi une manche sur un bateau. Je me suis rendu compte de la longueur du parcours et de la difficulté. Je suis très, très fière d’elle ! »
Une aventure à laquelle Pascal Marchais a bien entendu pris une part active. Hormis deux éditions, le Guadeloupéen a participé à toutes les Cata Cup. Mais jamais avec une novice. « Quand j’arrive, je n’ai pas de bateau et pas d’équipier, s’amuse-t-il. Je me retrouve donc avec Léanna qui n’a jamais fait de catamaran de sport. Et le F18, c’est costaud ! Au début elle a découvert le bateau. J’ai essayé d’éliminer des aspects techniques mais ça s’est bien passé. Au fur et à mesure, ses muscles s’y sont fait. Les conditions n’étaient pas extrêmes, sinon on n’aurait pas pu le faire. »
Au sein d’une flotte de 48 catamarans F18 réunissant une partie des meilleurs mondiaux de la catégorie, le duo improvisé s’est hissé à la 38e place. De quoi motiver Leanna, arrivée à Saint-Barth « juste après Irma » lorsqu’elle était petite fille, à se représenter au départ ? « Oui, mais préparée, avec plus d’entraînement », s’exclame-t-elle.

Les navigateurs locaux de gauche à droite : Yanis Brin, Jonah Raveloson, Fenosoa Raveloson, Antonin Sciou, Christophe Maxor, Leanna Grivel, Anthony Magras, Noah Turshi, Turenne Laplace. ©Pierrick Contin
