Saint-Barth - Lauriane prevost

Octobre rose : Atteinte d’un cancer du sein, Lauriane Prevost témoigne avec légèreté sur les réseaux sociaux

La vie bascule parfois lors de gestes banals du quotidien. Pour Lauriane Prevost, 38 ans, c’est en prenant une douche, en mai dernier. La Saint Barth reproduit inconsciemment un mouvement qu’elle a probablement réalisé des dizaines de milliers de fois : passer sa main sous son aisselle avec du savon, puis la faire glisser sur sa poitrine. Soudain, la main se fige. Les pensées aussi. Une petite boule est apparue sous le sein droit. A fleur de peau. « Je connais bien mon corps, j’ai tout de suite su que ce n’était pas normal », témoigne la jeune femme ce samedi 25 octobre. 

Lauriane Prevost attend deux jours. Au cas où ça passe. Mais la boule est toujours là.  Celle qui débute alors une formation de praticienne en hypnose à Paris prend rendez-vous avec un gynécologue. On lui prescrit une mammographie et une échographie. «Les médecins n’ont rien vu sur la mammographie, donc heureusement qu’il y avait l’échographie », raconte la Saint Barth, qui en profite pour insister sur l’importance de demander aux professionnels de santé d’effectuer les deux examens, lorsqu’on a un doute. 

Trois jours plus tard, le diagnostic tombe : cancer du sein de stade 1. Lauriane Prevost rencontre dans la foulée un oncologue à l’Institut Curie, spécialisé dans la recherche et la sénologie. « Il m’a annoncé que le cancer était de type triple négatif, se souvient-elle. C’est-à-dire l’un des plus agressifs. A partir de là, il fallait faire vite et que je sois traitée en urgence. »

Cela signifie commencer la chimiothérapie dès le 25 juillet. Une étape plus compliquée à vivre pour Lauriane Prevost que le diagnostic en lui-même. « Comme la maladie était de stade 1, je m’attendais à ce que les médecins puissent faire autrement », confie-t-elle avec un sourire triste.

La danse comme thérapie
L’enchaînement des évènements et le tourbillon d’informations sur son affection plongent la jeune femme dans un quotidien frénétique où elle n’a plus le temps de penser. « J’étais seule, ma famille étant à Saint Barth. J’ai donc dû agir et prendre des décisions. Je voulais que tout soit parfait avant que je commence le traitement. » Ce qui impliquait notamment de trouver comment s’organiser durant la période où elle ne pourrait plus travailler. 
Son travail, justement, est ce qui lui permet de connaître aussi bien son corps. « Je suis professeure de danse. J’ai créé ma vie autour de cette passion. » La professionnelle s’attache depuis quelques années à mêler chorégraphies et spiritualité. Elle apprécie de répéter les gestes en harmonie, de découvrir l’origine d’une danse et de lier son sport à l’inconscient. « Je pratique la danse comme thérapie, résume-t-elle d’un ton joyeux. C’est ce qui m’a menée vers l’hypnose. »

Celle que certains sur l’île connaissent pour son investissement lors de triathlons, ou de compétitions de natation, ne se départit jamais d’une bonne humeur contagieuse. Même pendant le traitement éprouvant – les premiers mois, les nausées sont si fortes qu’elle ne peut plus se lever -, elle reste positive. « Je me force à faire des choses, à aller vers les gens. Par exemple, j’ai intégré plusieurs associations pour m’informer et partager ce que je vis avec des personnes qui le vivent aussi. » Un constat intime lui permet d’avancer : « J’ai réalisé que je suis forte. »

L’annonce aux proches, étape la plus difficile
Des étapes difficiles viennent jalonner un parcours de soins déjà exténuant. L’annonce de la maladie aux proches, d’abord. « Ça a été le plus dur, car on n’a pas envie de faire du mal aux autres, souffle la danseuse. Quand j’avais des amis qui se mettaient à pleurer au téléphone, je leur demandais de me rappeler. Je pouvais gérer mes émotions, mais j’avais du mal avec celles des autres. » Lauriane Prevost se met alors à partager son histoire sur les réseaux sociaux. « Je ne voulais pas que le cancer soit tabou. Cela me paraissait normal d’en parler, d’autant que je publiais déjà pas mal de choses sur mes voyages et sur la danse. » Des posts sur Facebook et Instagram qui témoignent de sa résilience et de son courage, tout en permettant de sensibiliser.

Le 26 octobre, une vidéo touchante est d’ailleurs apparue sur ses comptes. On la voit chez le coiffeur, en train de se raser les cheveux. « Je voulais le faire avant que la chimio ne puisse l’enlever, que ce soit ma décision », écrit-elle. « Le cancer touche beaucoup les attributs féminins, ajoute la jeune femme jointe au téléphone. C’est comme si tu te dépouillais de plein de choses. Cela provoque une remise en question de sa propre identité. »

S’autopalper tous les mois en prévention
Aujourd’hui, Lauriane Prevost a commencé la deuxième phase de son traitement. Les séances de chimiothérapie sont moins éreintantes. La Saint Barth a repris le sport et danse de temps en temps. Une opération chirurgicale, pour retirer la tumeur mais pas le sein, est prévue en janvier. 

« Si je devais donner quelques conseils, le premier est de penser à s’autopalper tous les mois », lance Lauriane Prevost. Un mode d’emploi sur comment procéder sera bientôt posté sur son Facebook. « Il faut aussi écouter son corps et ne pas taire les signes. On se connaît parfois mieux que les médecins. » Et la danseuse de conclure sur ce qu’il y a, peut-être, de plus important : « Être bien entouré. D’amis et de membres de la famille, mais aussi de personnes avec la même maladie. Car on a besoin de quelqu’un qui comprend vraiment ce que l’on vit et qui peut nous aiguiller. » 

Pour suivre Lauriane Prevost sur les réseaux sociaux : Lauriane Prevost sur Facebook et lolofreeflow sur Instagram.

 

Journal de Saint-Barth N°1637 du 30/10/2025

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