Saint-Barth - Laboratoire file queue

La file d’attente au laboratoire le lundi 18 janvier vers midi.

Covid-19 : Flou avant la mise en place des nouvelles mesures

Si on devait faire une chronologie des mesures annoncées pour les voyageurs, on aurait peur de perdre des lecteurs. Entre jeudi et mercredi, on a entendu toutes sortes d’informations sur les voyages depuis Saint-Barthélemy et à destination de l’île. Derrière, voyageurs et professionnels du tourisme ont navigué à vue.

 

« ça nous a bien gâché le week-end », raconte Marine. Sa belle-mère devait partir lundi 18 janvier pour Paris avec une escale à Pointe-à-Pitre. Le jour de son départ, elle avait pris rendez-vous pour faire un test antigénique. C’est ce qui était demandé aux voyageurs à l’époque. Mais le samedi après-midi, « en traînant sur les réseaux sociaux », Marine s’aperçoit que les règles ont changé : les tests PCR sont ­désormais obligatoires pour les passagers à destination de la Guadeloupe. Les voyageurs en correspondance sont-ils concernés ? « Non », répond l’aéroport. « Oui », dit immédiatement après la Préfecture, interrogée par le Journal de Saint-Barth. Pour simplifier les choses, le site d’Air France donne des instructions différentes en français et en anglais. En français, les tests sont «recommandés », en anglais ils sont « mandatories » (obligatoires). Finalement, sachant qu’elle n’aurait pas les résultats d’un test PCR à temps pour son départ, elle fait des captures d’écrans de toutes les recommandations contradictoires qu’elle a reçues et part avec son résultat de test antigénique négatif. Lundi et mardi, les tests antigéniques sont encore tolérés à Pointe-à-Pitre, elle peut partir le cœur léger, après un week-end de « stress ».

 

Echanges de billets
Le week-end entre amis de Thibaut à Saint-Barth a lui aussi été chamboulé par ces annonces. Arrivé le samedi 16 janvier au matin de Guadeloupe, il doit repartir lundi 18. Il se rend immédiatement au centre de dépistage de la Croix-Rouge. Trois heures d’attente pour apprendre qu’il est négatif. Dans l’après-midi, les règles changent.
Son billet de retour est prévu pour le lundi matin à 8h30. A Saint-Barthélemy, le laboratoire ouvre le lundi midi pour les tests. Il change son billet pour le mardi soir. Entretemps, il apprend que les tests antigéniques sont temporairement tolérés en Guadeloupe pour les passagers de retours chez eux : nouveau changement de billet. Il doit désormais partir le lundi à 14h45. Mais son test antigénique a maintenant plus de 72 heures ! Il en refait un, rapidement, cette fois, en pharmacie.

On aurait pu croire les professionnels du tourisme mieux renseignés, il n’en est rien. L’agence de voyage ATA a dû changer toutes les réservations de ses clients qui transitaient par l’aéroport Princess Juliana : l’agence a appris que la Guadeloupe a une tolérance, lundi et mardi, pour les personnes ayant effectué un test antigénique mais que Sint-Maarten applique strictement les mesures imposées par la France. Des voyageurs qui se trouvaient sur l’île se retrouvent bloqués à Philipsburg. Il faut attendre mardi pour que de nouvelles mesures apparaissent : la Préfecture de Saint-Martin et Saint-Barthélemy fait savoir que les voyageurs à destination de la métropole en partance de l’aéroport de Juliana pourront «exceptionnellement » présenter un test antigénique s’ils ne peuvent pas procéder autrement. Pour les voyageurs en provenance de Saint-Barth et Saint-Martin, le PCR reste exigé.


Le labo débordé
Au laboratoire, lundi, tout le monde espère pouvoir se faire tester. L’attente est longue, bien sûr. « Le laboratoire n’avait pas été informé, précise le Dr Emmanuelle Bourgoin, responsable du laboratoire. Nous avons eu un week-end pour nous préparer ». En principe, les dépistages du Covid ont lieu de 12 heures à 13 heures. Les réserves du laboratoire sont limitées à 400 tests par semaine. Mais avec les nouvelles mesures, les 18 et 19 janvier Biopôle Antilles à Gustavia a reçu environ 150 personnes par jour. « On fait de notre mieux. Nous ne sommes que cinq au laboratoire. On a accueilli des patients de midi à 16 heures, sans pause », détaille Emmanuelle Bourgoin. « Il est important que nous continuions à traiter les autres pathologies mais aussi les clusters et les personnes fragiles. » Désormais, face au manque de réactif, le laboratoire envoie ses prélèvements en Guadeloupe. Les résultats peuvent arriver jusqu’à 48 heures plus tard. Avec les nouvelles mesures en vigueur, davantage de réactifs devraient arriver sur l’île et une infirmière de réserve de la Croix Rouge viendra en renfort. Mais surtout, les prélèvements seront effectués au centre de dépistage de Saint-Jean, ce qui devrait fluidifier les files de voyageurs.

 

Quelle septaine ?
Samedi 16 janvier, on a aussi appris que les voyageurs à destination des outre-mer devaient s’engager à respecter une septaine à leur arrivée. Les étrangers sont aussi concernés mais ça, les professionnels du tourisme n’en ont la confirmation que le 19 janvier. Les demandes affluent vers les hôtels, les villas, les agences de voyage. Sachant qu’en moyenne les américains restent cinq jours sur l’île, les européens huit à dix jours, les voyageurs hésitent à annuler. « On reçoit des informations au compte-gouttes, explique Pascale Minarro Baudouin, présidente de l’association des agences immobilières. On dit à nos clients qu’on attend de voir la durée de cette décision. Pour nous, c’est comme un confinement ». En conférence de presse mardi 19, le Préfet de Guadeloupe Alexandre Rochatte précise : «Le décret parle d’isolement prophylactique, celui qui empêche donc la transmission de la maladie. Cette forme d’isolement est importante. Elle n’est pas obligatoire. C’est un engagement sur l’honneur de chacun à réaliser cet isolement. Pour limiter au maximum les échanges possibles avec d’autres personnes. A l’issue de cet isolement de 7 jours on s’engage à réaliser un test, pour vérifier que n’est pas porteur de ce virus. »
Pour Bruno Magras, « la collectivité est contrainte de respecter les mesures gouvernementales. On peut plaider pour un assouplissement mais ce n’est pas le moment car le virus circule activement et les variants inquiètent. » Il précise cependant les mesures d’isolement : « cela ne veut pas dire rester enfermé, mais ne pas fréquenter les restaurants, bars, boutiques, recevoir des amis. La détente, les baignades à la plage et promenades sont autorisées. »
 

Journal de Saint-Barth N°1407 du 21/01/2021

Nouvelles conditions de voyage
Carnaval 2021 annulé
Tour de l'île