Saint-Barth -

Airbnb : la Collectivité serre la vis

Vous louez votre logement via la plateforme Airbnb ? Des contrôles sont en cours pour vérifier que les taxes de séjours sont bien reversées à la Collectivité. Celle-ci espère parvenir à un accord avec la plateforme pour que les 5% lui soient directement reversés.

Des contrôles sont en cours pour vérifier que les loueurs de logement via Airbnb, agences ou particuliers, déclarent et paient leur taxe de séjour.
En cas de non-paiement de la taxe de séjour, les autorités peuvent l’exiger. Avec pénalités de retard, qui peuvent remonter sur les quatre années précédant le contrôle, donc des montants potentiellement très élevés pour les resquilleurs…

Parallèlement, des discussions sont en cours avec la société pour qu'elle reverse directement les 5% à la Collectivité. Nils Dufau, en tant que vice-président et président du CTTSB, est en charge de ce dossier. « Cette démarche s'est accélérée à la suite de l'ouragan Irma », indique-t-il, «mais s'inscrit également dans une volonté générale grandissante émanant de nombreux socioprofessionnels loyaux et bons payeurs. Ils souhaitent une égalité de traitement, et que chacun suive leur exemple. »


« Très facile »

« J’ai facturé à la personne qui a loué mon logement, et elle a compris qu’il fallait payer la taxe de séjour, comme dans tous les pays et toutes les villes du monde », indique l’honnête Sylvie, résidente de longue date à Saint-Barth, qui a profité de ses vacances pour rentabiliser son logement à Gustavia. Ainsi, sur les 755 euros que le locataire lui a versé pour une dizaine de nuits, elle a reversé 36,40 euros à la Com. « J’ai téléchargé le formulaire sur le site de la Collectivité et j’ai transmis le tout, formulaire et règlement, par courrier, c’était très facile », assure-t-elle. « On n’est même pas obligé de se déplacer. »


Une taxe forfaitaire sur les villas ?

Pour éviter aux habitants de devoir déclarer eux-mêmes la taxe de séjour, la Collectivité et le Comité du tourisme ont pris contact avec la société Airbnb (pour commencer) afin de conclure une sorte de convention : la société reverserait directement la taxe de séjour, comprise dans le prix de la nuit, à l’institution. « On veut s’assurer que tout le monde joue le jeu », explique Nils Dufau, président du CTTSB. « Le but serait d’avoir une visibilité très claire sur les villas, et différencier celles qui sont purement dédiées à la location, et les hébergements loués ponctuellement. »

Si la Collectivité constatait encore de trop nombreux cas de non-paiement de la taxe de séjour, elle se réserve une parade : « appliquer tout simplement une nouvelle taxe forfaitaire sur la totalité des villas de location saisonnière de l'île, indépendamment de leur remplissage annuel. »

Cette taxe ne verra le jour que si l'institution et Airbnb ne trouvent pas d'accord. « Si la collaboration avec Airbnb fonctionne comme escompté, la plateforme prélèvera automatiquement et au réel l'ensemble du montant de la taxe de séjour, sur le voyageur, lors du paiement. Airbnb verserait alors un montant unique à la Collectivité, une fois par an, avec la garantie d'un taux de recouvrement de 100%. »

Cette collaboration permettrait également au CTTSB de bénéficier d'informations statistiques concernant le nombre de nuitées, le nombre de visiteurs, etc.


De 85 à 7.300 euros la nuit

En attendant qu’un tel accord soit trouvé, les loueurs de logement sur Airbnb doivent déclarer et régler les 5% à la Collectivité. Sur la célèbre plateforme, des centaines d’hébergements sont proposés pour notre île, pour une moyenne de 1.024 euros la nuit. La chambre la moins chère actuellement se loue 85 euros la nuit. « Pour les fans de Johnny Hallyday, c'est l'endroit idéal, vous serez à 5 min à pied du cimetière où il repose », indique l’annonce. Une villa de Lorient est affichée à plus de 7.300 euros la nuit. La plupart des villas proposées sont gérées par des agences, qui connaissent la règle de la taxe de séjour. Elles ont été contrôlées il y a quelques années, tout comme les hôteliers. A cette époque, deux établissements de l’île qui n’avaient pas payé leur taxe de séjour avaient subi un redressement, avec pénalités de retard.



JSB 1285

Journal de Saint-Barth N°1285 du 28/06/2018

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Delphine Cousin-Questel