Saint-Barth - Valéry Giscard d'Estaing 1980 Corossol

Valéry Giscard d'Estaing 1980 Corossol

Valéry Giscard d’Estaing, premier président de la République à venir jusqu’à Saint-Barth

L’ancien chef de l’Etat s’est éteint mercredi 2 décembre à l’âge de 94 ans. Valéry Giscard d’Estaing fut le premier Président de la République français à venir à Saint-Barthélemy, le 28 décembre 1980. Une journée de deuil national est prévu ce mercredi.

 

Valéry Giscard d’Estaing, qui fut président de la République entre mai 1974 et mai 1981, est décédé mercredi 2 décembre des suites d’une infection pulmonaire due au Covid-19. Âgé de 94 ans, il avait été hospitalisé en septembre et placé en réanimation. L’ancien Chef de l’Etat s’est éteint chez lui, dans le Loir-et-Cher. Ses obsèques ont eu lieu samedi dans l’intimité familiale.
Son fameux « au revoir» est resté dans les annales, mais le mandat de Giscard d’Estaing à l’Elysée (1974-1981) a surtout marqué la France par des réformes sociétales d’ampleur. En vrac : l’âge de la majorité abaissée de 21 à 18 ans, le divorce par consentement mutuel, la légalisation de l’IVG, la défense des droits des handicapés et notamment l’accessibilité des lieux publics, la possibilité pour les parlementaires de contester la constitutionnalité d’une loi. Il a lancé l’alignement progressif du montant du Smic aux Antilles et en Guyane sur celui de la métropole. Dans les années 70 le salaire minimum était 25% plus faible dans notre région. Il est à l’origine de l’arrivée d’EDF dans les îles, et d’un tarif de l’électricité similaire à celui pratiqué en métropole.

Carte postale - Giscard d'Estaing arrive à Saint-Barth décembre 1980

Sur l’île, on se souvient surtout de VGE comme le premier Président de la République en exercice à y avoir posé le pied. C’était le 28 décembre 1980. Accompagné de son épouse, il était descendu de l’avion piloté par Claude Déravin dans le champ qui bordait la piste de l’aéroport de Saint-Jean. Il avait été accueilli par le maire de l’époque, Charles Querrard, les élus du conseil municipal, et le conseiller général Daniel Blanchard. Valéry Giscard d’Estaing avait ensuite assisté à une messe donnée par le Père Bellec en l’église de Lorient, puis il avait déjeuné avec les élus aux Castelets, restaurant de Lurin.

Charles Querrard Giscard d'Estaing Père Bellec

VGE déjeuner aux Castelets

 

« Il a parlé des événements de Saint-Barth, où le préfet de l’époque, Le Cornec, avait fait débarquer de nombreux CRS et gendarmes armés pour mater les émeutes d’alors », rapporte Dantès Magras (lire aussi ici). «VGE a affirmé que ce préfet avait été déplacé sur ses ordres et nommé préfet hors cadre pour son comportement. » Après le déjeuner, il avait pris le volant pour visiter l’île, et avait profité d’un bain de foule dans le quartier de Corossol. « S’étant arrêté pour saluer quelques vieilles  dames du quartier, une lui lança : “Monsieur le Président, vous avez fait une erreur de mettre la majorité à 18 ans!” Giscard ne fit que sourire… Souvenir amusant », raconte Bruno Magras, adjoint au maire à l’époque,  qui loue aujourd’hui « un grand homme d’Etat.  »

Giscard d'Estaing à la mairie 1980
C’est en ce même mois de décembre 1980 que Giscard d’Estaing a senti la réélection lui échapper. A son retour de ce voyage antillais, Giscard avait glissé à l’oreille de son proche ministre Jean-Pierre Soisson : « La chance s’est éloignée », rapporte le JDD. Sa popularité a commencé à décliner en cette fin d’année, au profit du Parti Socialiste de François Mitterrand.
Si le passage à Saint-Barth relevait d’un voyage privé, en sept ans à l’Elysée, VGE sera venu plusieurs fois aux Antilles et notamment pour des rencontres avec ses homologues. En décembre 1974 en Martinique, il rencontre le Président américain Gerald Ford au sujet du choc pétrolier, ce qui donnera lieu à une célèbre photo de deux chefs d’Etat discutant géopolitique en maillot de bain, dans une piscine de Basse-Pointe. En 1979, il invite en Guadeloupe trois puissants de ce monde : le chancelier ouest-allemand Helmut Schmidt, le président américain Jimmy Carter et le chef du gouvernement britannique James Callaghan, pour une rencontre informelle.

Jeudi, Emmanuel Macron a rendu hommage à « une figure centrale de l’histoire de notre République. (…) Si notre société s’est modernisée, ouverte, si nos vies sont plus libres, c’est aussi à son courage et à son audace que nous le devons. » Une journée de deuil national sera respectée ce mercredi 9 décembre.

 

Journal de Saint-Barth N°1401 du 09/12/2020

VGE
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