Saint-Barth -

Jean-Denis Zamor, président de l’association Tèt Ansanm qui organise ce samedi 17 mai à 18 heures à Gustavia une fête pour célébrer le drapeau haïtien.

Une soirée pour célébrer le drapeau haïtien

Le 18 mai 1803, le drapeau haïtien était créé. Il a fallu dix-sept ans avant qu’il ne soit adopté (1820) et vingt-trois années de plus pour qu’il ne devienne la bannière officielle du pays, en 1843. Ce samedi 17 mai, à partir de 18 heures, l’association Tèt Ansanm organise pour la troisième fois une manifestation destinée à célébrer le drapeau. Elle prendra place sur le quai du général de Gaulle, face à la capitainerie, sur le port de Gustavia.
Pour cette troisième édition, l’association a concocté un programme qui se veut principalement festif. Ce qui n’enlève évidemment rien à l’aspect mémoriel de l’événement. De fait, des invitations ont été adressées aux élus territoriaux de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin qui voudraient y participer. Néanmoins, plus que par de longs discours, c’est par des danses et des chants que Tèt Ansanm entend célébrer le drapeau de Haïti.
Sur la scène dressée sur le quai, des danses seront proposées par des membres de l’association. Quant à la responsabilité d’entonner l’hymne national haïtien, la Dessalinienne, elle sera confiée à la chanteuse Ti Lina. Comme l’année dernière, le percussionniste et professeur de musique Julien Séguret apportera sa touche musicale à l’événement, tout comme DJ Franklin, déjà présent en 2024 à Saint-Barth. Mais le clou de la soirée viendra de la Martinique.
En effet, le talentueux saxophoniste Marius Modeste («and friends») sera la vedette de la soirée. Artiste engagé, il utilise sa musique pour sensibiliser et inspirer son public, abordant des thèmes variés et souvent profonds. « Ses compositions reflètent son amour pour la Martinique et sa culture, tout en intégrant des influences mondiales qui enrichissent son style », est-il précisé dans un article qui lui a été consacré par Bel’Radio. Il va sans dire que Marius Modeste est imprégné des nombreux courants musicaux de la Caraïbe, dont le Kompa auquel il fera sans nul doute une place à l’occasion de la célébration du drapeau haïtien.
La fête du drapeau haïtien offre également l’occasion de se plonger dans l’histoire de la Perle des Caraïbes. L’île est envahie par les Espagnols au 16e siècle, qui la nomment Hispaniola (Ayiti, Quisqueya et Bohio était le nom que lui donnaient les Amérindiens). Les envahisseurs massacrent ou réduisent en esclavage les populations amérindiennes avant de déporter des hommes depuis l’Afrique pour les faire travailler de force. Puis la France, par l’intermédiaire de ses boucaniers, prend possession de la partie ouest de l’île. Le tabac et la canne à sucre sont au cœur des exploitations des colons esclavagistes. En 1790, Saint-Domingue est la colonie française la plus riche. Puis vinrent la révolte et la révolution conduites par Toussaint Louverture et Jean-Jacques Dessalines. Après de nombreuses batailles, la déclaration d’indépendance du pays est proclamée le 1er janvier 1804. Un document qui s’accompagne d’une ordonnance royale française qui impose le versement d’une indemnité pour compenser les pertes des colons. La fameuse dette qui va considérablement entraver le développement de Haïti.
« Il y a une méconnaissance de cette histoire, regrette Jean-Denis Zamor, le président de l’association Tèt Ansanm. Des hommes et des femmes ont été réduits en esclavage, privés de tout. Or, le droit de tout peuple est d’aspirer à la liberté. Et Haïti s’est battue pour son indépendance. Souvent, les gens regardent les Haïtiens de façon méprisante. C’est un petit pays mais un grand peuple. Sans prétention, le but de notre démarche est donc de promouvoir le vivre ensemble. Un jour, Haïti retrouvera sa place dans l’Histoire et dans le monde. »

 

Journal de Saint-Barth N°1616 du 15/05/2025

zero déchet dans les Caraïbes
Transat Paprec
Drapeau Haitien