L’exposition « Origine : entre mythe et histoire », inaugurée vendredi soir au musée territorial Wall House, a attiré un public appréciateur. Elle reste visible jusqu’au 15 novembre.
Est-ce une forte envie de sortie culturelle après deux mois de confinement, ou l’attrait exercé par les indiens et pirates qui ont fréquenté l’île il y a des siècles, en tout cas le musée territorial n’avait pas vu telle affluence depuis un moment.
Le Wall House accueillait vendredi le vernissage d’une nouvelle exposition intitulée “Origine : entre mythe et histoire”, organisée par la commission culturelle de la Collectivité. Le public nombreux, dont beaucoup de familles, a pris le temps de lire les textes racontant la vie des premiers habitants de Ouanalao, les Arawaks, et leurs conflits meutriers avec les peuples voisins ; puis l’arrivée des colons dans les Antilles, venus s’approprier ces terres du bout du monde. En 1625, la population Kalinagos est estimée à 15.000 individus dans la Caraïbe ; cinquante ans après ils ne sont plus que 2.500. Et aujourd’hui il reste à peu près autant de leurs descendants, non loin d’ici sur l’île de la Dominique, qui vivent dans un territoire qui leur est réservé.
Outre les massacres des autochtones, les colons en débarquant dans la Caraïbe y ont amené les guerres européennes, ce qui a conduit certains territoires à changer de main très souvent. La dominance était espagnole, comme le rappelle une vaste carte accolée sur un mur du musée.
Au milieu de ces navires d’artillerie remplis d’Européens, des pirates et corsaires ont fait leur beurre. C’est la seconde partie de l’exposition, qui présente les plus connus d’entre eux et les légendes sanglantes qui les accompagnent : Barbe-Noire, François L’Olonnais dit “le cruel”, Anne Bonny, l’une des rares femmes pirates... La plupart de ces écrits sont extraits du livre de Georges Bourdin, “Histoire de Saint-Barthélemy”.
La dernière partie de l’exposition, côté jardin, s’attache à une période plus récente. Elle reprend les légendes populaire de Saint-Barthélemy, de celles qu’on racontait aux enfants il n’y a pas si longtemps : « Une poule a été lâchée au sommet du morne Vitet, où il existe une faille : elle a été retrouvée le lendemain, flottant dans l’étang de Grand-Cul-de-Sac » ; ou encore l’histoire des Soucougnans, des femmes qui abandonnant leur peau se posaient sur les grands arbres comme les fromagers et effrayaient la population avec leurs lumières et leurs cris ; autant de contes qui varient d’une famille à l’autre, d’un quartier à l’autre, mais qui sont familiers aux oreilles Saint-Barths... Un autre tableau recense toutes les vertus attribuées aux plantes médicinales locales, dont certaines sont encore utilisées aujourd’hui.
Après avoir remercié le public d’être venu à « ce voyage dans notre passé », Elodie Laplace, conseillère territoriale en charge de la culture, a adressé ses condoléances à la famille Stakelborough (Marius était décédé la veille) puis félicité Bruno Magras pour ses vingt-cinq ans comme premier édile de l’île. Ce dernier l’a remerciée et a invité les visiteurs à « enrichir leur culture, comme moi-même, sur ce qu’il se passait à Saint-Barthélemy quand nous n’y étions pas. »