Une voix familière s’élève du quai de l’hôtel de la Collectivité territoriale. Des sons et des rythmes tout aussi connus l’accompagnent. « J’ai entendu la musique depuis l’autre côté de Gustavia et je suis venu », sourit l’un des quelques spectateurs. En cette fin de matinée du mardi 30 décembre, ils sont une poignée à s’être précipités face à la scène dressée sous les fenêtres de la Collectivité, irrésistiblement attirés une musique reconnaissable entre mille : celle du groupe Kassav’.
Sur scène, les artistes révisent leurs classiques tandis que les techniciens effectuent leurs réglages. Les rires fusent, le plaisir et la passion transpirent. Même pendant une répétition des plus décontractées. Et la fameuse voix qui a happé les promeneurs n’est autre que celle de Jocelyne Béroard. « La voix du zouk », lance une admiratrice.
La répétition s’achève. Jocelyne Béroard sort de scène avec le sourire aux lèvres. Elle a faim (il est plus de 13 heures) mais s’arrête quelques minutes pour prendre la pose avec des fans. Sans jamais se départir de son sourire. Installée au frais, elle s’assoit sur un petit canapé de l’hôtel de la Collectivité. Rencontre avec celle qui, depuis plus de quarante ans, est « la voix du zouk ».
Kassav' s'est produit à Saint-Barth en 1996 et 2014, mais y-t-il eu d'autres visites ?
« Je crois que l’on est venu avant 1996. On venait de sortir Siwo, en décembre 86, donc on a dû venir en 87. C’est la quatrième fois que l’on vient ! »
Quels sont vos souvenirs du public de Saint-Barth ?
C’est un public extrêmement chaleureux. A chaque fois, on a l’impression que toute l’île est là ! Je crois que les gens sont contents quand des groupes viennent de l’extérieur. Chez nous, c’est pareil. Quand des groupes qu’on aime viennent, on est heureux.
Jouer pour un concert du nouvel an, est-ce particulier ?
Oui. Au départ, j’avais dit que je ne voulais plus faire de concert les 31 décembre, que l’on me foute la paix et que je reste en famille ! (Rires) Mais bon, comme Saint-Barth est près de la maison, on s’est dit pourquoi pas. Et puis c’est une période complètement festive. Là, d’ailleurs, c’est impressionnant le nombre de yachts ! D’une telle extravagance ! C’est la première fois que l’on vient pour les fêtes de fin d’année et c’est une découverte. On en avait entendu parler mais, à voir, c’est impressionnant.
Kassav’ est un groupe légendaire qui fait encore chanter et danser partout dans le monde. Qu’est-ce qui continue de vous animer aujourd’hui ?
Je crois que ce qui nous donne envie de retourner en scène, c’est la demande du public. Kassav’, il y a une espèce d’énergie dedans. Et puis, il y a eu le Covid, le décès de Jacob (Desvarieux), donc on a vécu une période de latence. Quand on est remonté sur scène, on avait une telle envie de faire vivre cette musique… Pour Jacob déjà, qui est le pilier central du groupe. Donc, il était essentiel que l’on revienne avec la même hargne, le même amour de la musique. Avec des jeunes aussi ! Il y a une transmission, un passage de témoin. Les aînés du groupe, on sait très bien que d’ici deux ou trois ans, on va rester un peu plus à la maison. Non ? On verra ! (Rires) L’essentiel, c’est que l’on aime être en scène. On aime partager ces moments avec le public et il nous le rend bien. En général, les gens ont la banane, nous disent qu’ils ont pris du plaisir, et c’est tout ce qu’on veut. On a besoin que les gens se retrouvent. Il y a tellement de problème de divisions, de violence dans le monde, que ces moments de partage et d’amour sont nécessaires. La musique, quelque part, elle est faite pour ça. Pour rassembler, redonner le sourire aux gens.
Vous allez « partager » la scène avec Kalash, Gums et d’autres artistes. Comme aborde-t-on une soirée proche d’un festival ?
On a l’habitude de faire des festivals. Aujourd’hui, il y a plein de DJ partout, qui utilisent beaucoup notre musique d’ailleurs (petit sourire). Il faut plaire à tout le monde. Quand on voit tous les bateaux, on sait bien que ce ne sont pas des gens du coin. Donc ça permet d’avoir une étendue plus large des musiques que nous avons dans la Caraïbe. Nous sommes de toutes petites îles mais nous avons une force musicale que les autres ne doivent pas ignorer. Ça permet de se rendre compte que la Caraïbe est là aussi !
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Le programme du concert du nouvel an
L’affiche du concert du nouvel an est des plus diversifiées. La commission culture de la Collectivité territoriale a ainsi souhaité plonger le public dans une ambiance caribéenne dont la présence sur l’île s’amenuise. Le programme sera donc le suivant :
• 20h – Sinner G
• 21h – Gums
• 22h30 – Kassav’
• Minuit – Feu d’artifice
• 00h30 – Kalash
• 01h30 – The Blondies
(Duo de DJ Hanna Machete et DJ Shawty)
La soirée sera animée par l’énergique présentateur guadeloupéen Himuss.
