Après le passage dévastateur de l’ouragan Irma, en septembre 2017, plusieurs hôtels de Saint-Barthélemy ont pris la décision de se doter de systèmes d’assainissement plus performants. Une démarche des plus louables mais qui a rapidement entraîné un afflux de plus en plus important de boue à traiter jusqu’à la station d’épuration (Step) de Gustavia, déjà jugée sous-dimensionnée pour les besoins de l’île. Depuis, la population n’a eu de cesse de croître, ne faisant qu’accentuer davantage les difficultés de la Step, exploitée par la Saur. Une saturation quasi permanente qui laisse apparaître le besoin urgent de bâtir une seconde infrastructure.
Cette possibilité a été évoquée lors de plusieurs conseils territoriaux. Dont le plus récents, au cours duquel le budget primitif 2025 a été adopté. Néanmoins, pour l’heure, le dossier est à l’état de projet. Un schéma directeur des eaux usées doit être élaboré par les services de la Collectivité. Il faudra également déterminer l’emplacement de la nouvelle station. Si le quartier de Saint-Jean a été mentionné, il semble que la localisation exacte se situera dans la zone d’activité commerciale. Un projet qui devra être tourné vers l’avenir afin que l’usine ne souffre pas des mêmes maux que celle de Gustavia.
Une station sollicitée en permanence
L’actuelle station d’épuration est dimensionnée pour une capacité de 3.500 équivalents-habitants (EH). Elle dispose d’un système moderne qui assure un traitement performant des eaux usées et répond aux normes environnementales strictes, indispensables à la préservation du cadre naturel de Saint-Barthélemy. Néanmoins, la réalité du terrain dépasse largement ce dimensionnement. Hors saison touristique, l’île compte environ 12.000 habitants permanents, soit déjà plus de trois fois la capacité de la station, en fonction de la quantité de matières lui arrivant.
La « charge polluante » de la station provient majoritairement des matières de vidange et des fosses septiques vidangées quotidiennement par les deux sociétés d’hydrocurage de l’île. Ces déchets liquides sont systématiquement acheminés vers la station de Gustavia pour être traités. Par ailleurs, les hôtels et établissements touristiques, bien qu’équipés de leurs propres installations, transfèrent également leurs boues vers la station pour traitement et déshydratation. Ces apports externes, cumulés au flux domestique déjà conséquent, contribuent à une surcharge chronique de la station. Avec un autre facteur susceptible de compliquer la situation : les précipitations.
Ainsi, en cas de fortes pluies, le réseau d’assainissement se gorge d’importants volumes d’eau. Or, ces pics hydrauliques, la station ne peut les absorber. S’il ne s’agit que de surcharges momentanées, elles créent un risque élevé de débordements et de rejets insuffisamment traités, avec des conséquences directes sur la qualité du milieu naturel et le respect des normes. L’urgence est donc réelle, pour Saint-Barthélemy, de se doter d’une autre station d’épuration ou, deuxième solution, d’une usine de traitement des matières de vidange.
Comme précisé plus avant, le travail commun de la Saur et des services de la Collectivité doivent permettre d’établir la faisabilité du projet mais aussi et surtout de déterminer la dimension idéale de la structure. De manière à anticiper la croissance démographique, qu’elle soit domestique ou touristique, ainsi que les divers aléas climatiques. Une priorité, en somme.