Saint-Barth -

Une caserne moderne et solaire pour le Stis

Alignés dos au soleil, casque sur la tête, les sapeurs-pompiers du Service territorial d’incendie et de secours se tiennent au garde à vous. En ce vendredi 10 janvier, ils sont soumis à une autre épreuve inhérente à leur fonction déjà bien éprouvante : celle d’une cérémonie officielle au cours de laquelle les « officiels », à l’ombre, enchaînent les discours. Toutefois, celle-ci a une saveur toute particulière. En effet, il s’agit de procéder à l’inauguration officielle de leur nouvelle caserne, à Saint-Jean. Une structure flambant neuve qui a nécessité près de treize millions d’euros d’investissement à la Collectivité territoriale. Notamment en raison de l’installation d’équipements et de dispositifs modernes et, parfois innovants.
Ainsi, la caserne du Stis va fonctionner, en partie, avec un réseau énergétique interne. En 2017, lors du concours lancé afin de distinguer les projets les plus séduisants, des propositions innovantes ont été présentées aux services de la Collectivité. Comme celles du bureau d’études DAC Antilles, qui a su convaincre la gouvernance de l’époque de lui confier le dossier qui englobait l’électricité, la plomberie, la climatisation, le photovoltaïque et les bornes de recharge de véhicules électriques. Présent à Saint-Barth lors de la cérémonie officielle, Philippe Bleuzé, directeur général de DAC Antilles, donne les clefs du fonctionnement des équipements de la caserne.

70 kilowatt-crête
Principale innovation, qui ne se remarque pas nécessairement au premier coup d’œil, l’installation de panneaux photovoltaïques sur une grande partie de la toiture de l’édifice. Ceux-ci peuvent produire 70 kilowatt-crête, soit l’équivalent de 70.000 watts. Le tout pour un budget légèrement supérieur à 200.000 euros. « Aujourd’hui, ça couvre 50% des besoins en électricité du bâtiment sur l’année, explique Philippe Bleuzé. A midi et demi, l’intégralité de l’alimentation en électricité est assumée par les capteurs photovoltaïques. Ça monte à 100% en pleine journée. Évidemment, à 17 heures, il n’y a plus de soleil et le réseau prend le relai. Ce qui explique les 50% de moyenne sur l’année. » Une capacité d’autoproduction et d’alimentation qui règle en partie une des difficultés rencontrées par EDF à Saint-Barthélemy : la pointe de consommation de la mi-journée. « Régler une partie du problème, ce n’est déjà pas si mal », sourit Philippe Bleuzé.
Ce dispositif, pour le moins innovant en 2017, séduit progressivement des structures sur l’île. « De plus en plus d’hôtels s’équipent », remarque Rudi Laplace, conseiller territorial mais également président de la société Lapelec. « C’est une solution idéale pour les bâtiments du tertiaire puisqu’ils ne consomment qu’en journée », poursuit-il. La situation est bien entendu un peu différente pour les logements, par exemple, puisque le besoin en énergie à domicile se ressent davantage en soirée que pendant la journée.
Au sein de la caserne du Stis, pas de batterie de stockage. «C’est le site idéal pour fonctionner sans stockage, comme l’aéroport ou l’hôpital, assure Philippe Bleuzé. Sur du logement, on mettra du stockage, mais sur de la grosse villa touristique avec des piscines, on pourrait ne pas mettre de stockage en étant un peu malin. En faisant tourner les pompes de la piscine la journée, par exemple. Enfin, le photovoltaïque est une des réponses aux soucis énergétiques de l’île. Ce n’est pas la réponse, mais c’est une composante des réponses possibles. »
Par ailleurs, l’un des attraits d’un tel équipement est de soustraire du kilowatt heure solaire à du kilowatt heure fuel. D’un point de vue énergétique et environnemental, l’île a tout à y gagner. « On doit aller vers ces solutions », insiste le directeur de DAC Antilles. Ce ne sont sans doute pas les sapeurs-pompiers et les personnels du Stis qui viendront le contredire.

 

Une caserne « réfléchie pour les cinquante années à venir »
Le JSB a précédemment consacré un article à la présentation détaillée de la nouvelle caserne (JSB 1594). Néanmoins, il est bon de rappeler l’ensemble des équipements dont est dotée la structure qui a été financée par la Collectivité territoriale à hauteur de près de treize millions d’euros. Par ailleurs, la Collectivité apporte chaque année un budget de fonctionnement de deux millions d’euros.
Désormais, les 54 sapeurs-pompiers (dont 17 professionnels) et les personnels du Stis évoluent dans des bâtiments qui abritent le centre opérationnel territorial (COT), une tour d’entraînement à deux étages, un centre d’appel moderne avec une informatisation complète du système d’alerte, une salle de décontamination, un simulateur de feu réel, un camion neuf, un bateau pour l’unité de sauvetage en mer, des vestiaires vastes, une salle de garde, un réfectoire, des bureaux dédiés aux différents services (sous-direction santé, pôle direction, communication, etc), des chambres d’hébergement pour les gardes de nuit, une salle pour les formations, un centre de veille disposant de toute la cartographie, une pharmacie centrale, un hangar pour les ambulances ou une salle de traitement et de nettoyage des tenues.
Pour mémoire, le Stis de Saint-Barthélemy a pris son autonomie vis-à-vis du Service départemental d’incendie et de secours de la Guadeloupe il y a huit ans

Journal de Saint-Barth N°1599 du 16/01/2025

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