Saint-Barth -

Quatre mois de sursis pour Air Antilles

La période de répit est courte mais elle offre une bouffée d’air frais à la compagnie Air Antilles et à son actionnaire majoritaire, la Collectivité de Saint-Martin. Le mardi 30 septembre, un arrêté ministériel a entériné une prolongation de la licence d’exploitation de l’opérateur aérien. Ce, pour une durée de quatre mois puisqu’elle court jusqu’au 31 janvier 2026. Un soulagement pour le président de la Collectivité de Saint-Martin, Louis Mussington, mais aussi et surtout pour les 114 salariés de l’entreprise. Néanmoins, Air Antilles est encore loin d’être sortie d’affaire.

Dans un communiqué diffusé le mardi 30 septembre, la compagnie explique : « Cette décision fait suite aux négociations constructives menées avec les services de l’État et les ministères concernés. Elle vise à assurer la continuité territoriale et à soutenir le développement d'Air Antilles, qui joue un rôle économique et social vital dans les territoires antillais. La prolongation de la licence est une reconnaissance de la crédibilité du plan d'actions mis en œuvre par Air Antilles. Ce plan comprend une évolution de l'actionnariat, entamée au cours de l'été 2025 avec l'intervention d'une banque d'affaires, et la finalisation d'un projet de développement jusque-là entravé par des contraintes administratives. »

Besoin de dix à vingt millions d’euros
Interrogé par l’Agence France-Presse, le président Louis Mussington a affirmé qu’il « fallait tout mettre en œuvre pour sauver le soldat Air Antilles et faire en sorte qu’il continue à voler pour permettre à nos concitoyens de se déplacer à des prix raisonnables. » Et l’élu d’ajouter : « Une prorogation d’un mois ne répondait pas aux attentes des investisseurs ni des compagnies comme Corsair ou Air France.  Avec une licence couvrant toute la période hivernale, Corsair m’a dit qu’il était partant pour signer un contrat interlignes, ce qui permettrait d’acheminer des passagers de Paris vers Saint-Martin et Saint-Barthélemy. » Cela offrirait à la compagnie la possibilité de décrocher enfin le partenariat recherché par la direction depuis sa relance, en juin 2024. Mais il ne s’agit pas de la seule obligation qui doit être remplie avant fin janvier 2026.
En effet, comme l’a répété à de multiple reprises le président de la Collectivité de Saint-Martin, Air Antilles ne pourra survivre sans un apport de dix à vingt millions d’euros dans le capital. Or, pour cela, il faut trouver de nouveaux investisseurs. Pour permettre l’ouverture du capital d’Air Antilles, restructurer l’actionnariat et attirer de nouveaux partenaires financiers, une banque d’affaires a été mandatée. Pas moins de sept dossiers ont été évoqués ces derniers jours, dont celui du groupe d’investissement allemand Panaf, basé à Francfort. Celui-ci s’est fait une spécialité d’injecter des fonds dans des compagnies régionales d’aviation, notamment dans le Pacifique Sud. Le président Mussington a également profité de la tenue du plus grand salon du tourisme et des voyages, l’ITFM, du 23 au 25 septembre à Paris, pour démarcher des partenaires potentiels.
Si le président Mussington se déclare optimiste, l’avenir de la compagnie aérienne est loin d’être assuré. Car, au-delà de l’entrée de nouveaux capitaux et des chiffres avancés par la direction (« Près de 100.000 passagers ont déjà voyagé avec la compagnie depuis le début de l'année, dont près de 30.000 rien qu'au mois d'août », est-il indiqué dans un communiqué), l’environnement caribéen se révèle à la fois fragile et concurrentiel. Au niveau des offres proposées mais également des tarifs, même si ces derniers sont parfois très proches. La qualité du service fait donc souvent la différence dans le choix de la clientèle. Qu’elle soit locale ou non.
Depuis la reprise partielle de la compagnie, la Collectivité de Saint-Martin a investi plus de seize millions d’euros. L’autre actionnaire, le groupe Edeis, un peu plus de quatre millions. Avec ce même objectif : assurer une continuité territoriale entre les îles françaises des Antilles. Un défi qui se marie plutôt mal avec une obligation de rentabilité à court terme.   

Journal de Saint-Barth N°1633 du 02/10/2025

Octobre Rose
Air Antilles /Sargasses