Navette : une « opération séduction » à peaufiner

Un petit geste de la main, un sourire, un enregistrement sur le terminal du chauffeur et le passager prend place dans la navette. Depuis le lancement expérimental (pour une durée de huit mois) du service de navettes entre le stade de Saint-Jean et Gustavia, plus de 1.700 montées ont été enregistrées via l’application smartphone de la Collectivité territoriale. Un bilan qui, ramené à sa moyenne (environ 130 montées de passagers par jour), s’avère des plus encourageants. Néanmoins, l’opération séduction n’a pas vraiment été concluante. Pas encore, à tout le moins.
La qualité du service n’est pas à mettre en cause. Les chauffeurs accueillent leurs passagers de la manière la plus conviviale, les horaires des liaisons sont respectés (environ un quart d’heure pour rallier l’arrêt de l’hôtel de la Collectivité et plus ou moins trente minutes pour revenir au stade, en fonction de la densité de la circulation) et les véhicules confortables. Ce qui semble pêcher, pour ce qui demeure un début, c’est la compréhension et l’appréhension du fonctionnement et de l’accessibilité du dispositif.

Des modalités incomprises
Ainsi, hier encore (le mercredi 17 décembre), un internaute habitant de l’île regrettait que l’accès à la navette soit « limité aux résidents de Gustavia et pas à ceux qui viennent de l’autre bout de l’île », quand un autre se demande s’il faut « payer quelque chose ». L’étape du téléchargement de l’application de la Collectivité suivie de l’inscription en ligne a également perdu quelques passagers potentiels. Toutefois, nul doute que des explications fournies par des proches ou après consultation des affiches et documents mis à la disposition des usagers permettront de clarifier ces incompréhensions. Pour ceux qui disposent d’un smartphone et qui souhaitent en faire usage. Ce qui n’est pas le cas pour toutes et tous.
Le vendredi 12 décembre, près de deux semaines après la mise en service de la navette, le président de la Collectivité a organisé une cérémonie d’inauguration devant le stade de Saint-Jean. L’occasion pour Edouard Lacour, président de l’association des commerçants, de rappeler l’importance de la navette pour les travailleurs de Gustavia. « Au niveau de la perception à Gustavia, elle reste partagée, assure-t-il. Il y a toujours des gens qui pensent que ça ne marchera pas. Mais, dans l’ensemble, tous ceux qui la prennent sont ravis. Ça leur permet d’arriver avec le sourire, sans avoir à partir trop tôt et à tourner trois quarts d’heure pour trouver une place. Même si on ne voit pas encore les effets au niveau du stationnement. La mise en place de la fourrière fera sans doute du bien. »

« Socialement intéressant »
De fait, tous les passagers interrogés se déclarent satisfaits, si ce n’est enchantés, de pouvoir disposer d’un tel service. Gratuit, qui plus est. «On voit que ça ramène un vent de fraîcheur sur Gustavia, assure Edouard Lacour. Les gens qui montent dedans sont de différents corps de métier, de différentes générations, ils discutent, échangent, donc on sent que socialement c’est un projet intéressant pour Gustavia et pour Saint-Barth. »
Convaincu, le président de l’associations des commerçants exprime déjà le souhait de voir le service de navette prolongé dans le temps et étendu à d’autres secteurs de l’île. « Pendant des années, on n’en avait pas besoin mais aujourd’hui, c’est nécessaire », déclare-t-il. Notamment pour améliorer la fréquentation des commerces. « Gustavia est saturée, engorgée, pour les touristes comme pour les locaux, donc si on continue comme ça on ira dans le mur, affirme Edouard Lacour. Mais il faut aussi que les gens comprennent qu’on ne leur demande pas de prendre la navette tous les jours. »
Davy Gumbs est chauffeur de l’un des véhicules. Il confirme la satisfaction des personnes qui empruntent le nouveau service. « Ils parlent entre eux, ne s’embêtent plus à trouver une place de parking, explique-t-il. Il y a aussi pas mal de jeunes qui habitent sur Gustavia et qui prennent la navette pour venir à Saint-Jean faire du sport. Des personnes l’utilisent aussi pour faire des courses à U. »
Pour résumer, le service a déjà convaincu ses utilisateurs de son utilité. En revanche, les indécis peinent à être convaincus. Par conséquent, l’opération séduction doit encore être peaufinée.