Saint-Barth - Taxis Xavier Lédée

Le président de la Collectivité en discussion avec des chauffeurs de taxis à la sortie du conseil territorial, le 11 avril.

Les taxis en quête d’une grille tarifaire actualisée

Si la demande de protection fonctionnelle était la seule délibération inscrite à l’ordre du jour du conseil territorial du jeudi 11 avril, le président de la Collectivité Xavier Lédée a toutefois été contraint d’aborder un autre sujet brulant. Avec des interlocuteurs presque aussi mécontents que les élus d’opposition. En l’occurrence, des membres de l’association des chauffeurs de taxi de l’île. Ils étaient une quinzaine, réunis autour de leur présidente Sabrina Zimmermann, impatients à l’idée d’évoquer l’imbroglio qui a entouré le transport de la délégation d’Arabie saoudite, dont une frange de la famille royale, mais aussi leur grille tarifaire non révisée depuis 2017.

Des chauffeurs « clandestins »
Lorsque le vote de la seule délibération de la réunion a été enregistré, Xavier Lédée a invité les taxis à s’exprimer. Ils ont alors résumé l’incident qui les a opposés à une trentaine de chauffeurs venus de Saint-Martin et non autorisés à effectuer du transport de personne sur l’île. « Le 31 mars 2024 nous avons averti le président de la Collectivité et le préfet qu’un nouvel évènement s’organisait sur notre île mais par le biais d’une société de Cannes, explique l’un des chauffeurs. Avec des chauffeurs clandestins car aucune autorisation de travail sur le territoire de Saint-Barthélemy n’a été délivré par la Collectivité et ses services. Ils ont recruté sur l’île de Saint-Martin et à Sint Maarten des personnes à 150 euros par jour, en toute illégalité et sans respecter notre réglementation locale des transports votée par le conseil territorial le 29 juin 2023. » L’association des taxis rappelle que « la même personne organisatrice du transport de ce groupe » a loué des véhicules de locations auprès d’agences locales « en toute illégalité ». En effet, les contrats ont été rédigés sur un seul nom propre. « Ce qui est illégal et rend caduque l’assurance en cas d’accident », précise le porte-parole de l’association. De fait, la législation ne permet pas d’assurer plusieurs véhicules de locations au même nom propre et en même temps.
L’association a déposé plainte à la gendarmerie pour concurrence déloyale. Depuis, fort heureusement, la situation a évolué favorablement.
Après l’intervention du préfet, Vincent Berton, et de la Collectivité, la délégation saoudienne a pris soin de se séparer progressivement de «ses» chauffeurs pour embaucher des professionnels locaux. Néanmoins, l’association des taxis a exprimé lors du conseil territorial son incompréhension face au manque de réactivité supposé de la Collectivité. Xavier Lédée a contesté ce reproche, expliquant qu’il n’était pas possible d’anticiper les problèmes qui sont survenus à l’arrivée de la délégation. S’il a reconnu avoir été informé du séjour de la délégation saoudienne dès le 2 mars par la préfecture, le président a déclaré : « Il n’est pas toujours évident de caractériser une infraction. » Le débat a ensuite rapidement dérivé sur le sujet de la grille tarifaire.

Francius Matignon prend la main
L’association a rappelé qu’elle a respecté son engagement en inscrivant tous les chauffeurs sur le registre des transports. « La grande majorité d’entre nous a effectué sa mise à niveau par la formation obligatoire continue des taxis, ce qui nous permet aujourd’hui de parfaitement connaître la réglementation locale du transport », ajoute le porte-parole de l’association. En contrepartie, les taxis attendaient une mise à jour des tarifs de leur grille de transport.
« Quand je travaille, j’ai besoin de données », leur répond Dimitri Lédée, conseiller territorial chargé de la question des transports. L’élu estime qu’il ne dispose pas des éléments suffisants pour établir une nouvelle grille. Quant au président Lédée, il souligne que la grille tarifaire a été partiellement révisée et qu’elle n’est donc pas légalement obsolète. Une chaleureuse discussion s’engage avant qu’une suggestion vienne d’Alexandra Questel, élue d’opposition. Elle propose de confier le dossier à Francius Matignon, qui accepte. Le président acquiesce.
Depuis, une réunion entre l’élu de Saint-Barth d’Abord et l’association des taxis s’est tenue. Une première mouture de ce qui pourrait être la nouvelle grille tarifaire a été élaborée.

Journal de Saint-Barth N°1563 du 18/04/2024

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