Saint-Barth -

Haro sur les taxis clandestins

L’association des taxis a relevé une forte hausse du nombre de taxis clandestins pendant la Festive. Une « concurrence déloyale » dénoncée par les professionnels.

Tandis que les bilans officiels de la fréquentation de l’île pendant les fêtes de fin d’année s’affinent, l’association des taxis tire également ses conclusions de cette période dite de « Festive ». Si l’activité a été tout aussi intense qu’à l’habitude, les professionnels du transport de personnes ont toutefois constaté une forte augmentation du nombre de taxis clandestins lors des dernières semaines. Une situation qui n’a guère été appréciée et que l’association dénonce. Pour les taxis officiels et agrémentés, il s’agit d’une concurrence déloyale.

« Ils s’en foutent »
Présidente de l’association de taxis, Sabrina Zimmermann estime qu’un rappel à la loi ne serait pas inutile. « Nous avons relevé de nombreuses plaques d’immatriculation de véhicules que nous avons transmises à la police territoriale et à la gendarmerie », assure-t-elle. Sans grand effet jusqu’à présent. « Quand on dit aux taxis clandestins qu’ils n’ont pas le droit de faire du transport, ils nous répondent qu’ils s’en foutent et que de toute façon il n’y a pas de contrôle, explique Sabrina Zimmermann. Ce qui crée parfois des situations un peu tendues à la station. » Parallèlement, l’association des taxis a relevé différentes pratiques qui les interpellent. « Des villas qui proposent de louer des voitures avec chauffeur, par exemple, cite la présidente. Cela met la clientèle en danger en cas de problème. Sans compter la concurrence déloyale. Il faut rappeler que seules les sociétés de transports et les taxis habilités peuvent faire du transport de personnes. »

« Comme tout le monde, nous sommes saturés »
Quand l’argument du manque de taxis disponibles est avancé, la présidente de l’association réplique : « Les gens s’attendent à bénéficier d’un service de taxi irréprochable pendant la Festive. Mais comme tout le monde, nous sommes saturés à cette période. C’est aussi compliqué d’avoir une table dans les restaurants de l’île. » Depuis la délivrance de nouvelles licences par la Collectivité territoriale, Saint-Barthélemy compte cinquante taxis professionnels. « Même avec treize taxis en plus, on se démène et c’est très intense », lance la présidente.
L’addition de nouvelles licences à celles déjà existantes avait été vertement critiquée par les professionnels agrémentés. La situation s’est quelque peu améliorée. « Il y a eu plusieurs temps dans cette histoire, rappelle Sabrina Zimmermann. Certains étaient très opposés et on savait qu’il y aurait des difficultés. Ils ne se sont pas forcément sentis très bien accueillis. Depuis, ça va beaucoup mieux, même s’il reste parfois un peu d’hostilité. » Principalement en raison du fait que les sept licences temporaires accordées par la Collectivité sont allées à des personnes qui, le reste de l’année, occupent un autre travail. « Ce n’est pas notre cas », affirme la présidente. Des licences temporaires qui autorisent ces taxis à exercer leur activité jusqu’en avril à temps complet. Après, ils ne pourront plus transporter des personnes que de nuit, de 22 heures à 6 heures.
Quoi qu’il en soit, au-delà des tensions nées de la hausse des taxis clandestins, Sabrina Zimmermann se félicite du nombre croissant de locaux qui font appel au service de taxis de l’île. « Ils sont de plus en plus à nous contacter et ça nous fait plaisir de conduire des gens de l’île », sourit-elle. Des locaux qui bénéficient toujours d’un tarif préférentiel, assure la présidente de l’association.
Désormais, le prochain dossier d’importance sera celui de la révision de la grille des tarifications, jugée obsolète par les professionnels. Celle-ci n’a pas été revue depuis 2017. Or, elle doit l’être tous les cinq ans. De plus, il semble que l’application mise en place par la collectivité et qui devait être utilisée par l’ensemble des professionnels de transport ainsi que par les hôteliers et les restaurateurs n’a toujours pas rencontré de grand succès. Les échanges et les commandes de courses continuent de se faire en direct ou par le biais de groupes sur des applications téléphoniques.

Des sanctions applicables pour les clandestins
Les dispositions pénales du code national des transports et du code de la route sont applicables à l'exercice de la profession de taxi sur le territoire de la Collectivité de Saint-Barth. Pour l’exercice illégal de la profession de taxi, dans le code des transports, les peines encourues sont de 15.000 euros d'amende et d’un an de prison (peines complémentaires : immobilisation voire confiscation du véhicule et suspension du permis de conduire). Pour travail dissimulé, la peine maximale peut être de 45.000 euros d'amende et de 3 ans d'emprisonnement.

 

Journal de Saint-Barth N°1550 du 18/01/2024

Festival de musique
Haro sur les taxis clandestins