Saint-Barth - Aurélie Etcheverry, Philippe Laduré Micheline Jacques

A l’issue de leur visite du Sénat, par la sénatrice Micheline Jacques jeudi 8 février, Aurélie Etcheverry et Philippe Laduré ont tous deux reçu une médaille.

Aurélie Etcheverry récompensée pour son dévouement

Sous l’Arc de Triomphe, la flamme de la tombe du soldat inconnu est malmenée par les courants d’air. « On nous a prévenu qu’il fallait bien se couvrir », souligne Aurélie Etcheverry, qui n’a pourtant pas le droit de porter un bonnet, protocole oblige. Guidée par Philippe Laduré et la sénatrice de l’île, Micheline Jacques, l’éducatrice spécialisée serre les mains des nombreux représentants de l’Union fédérale des Anciens combattants, rassemblés pour la cérémonie du ravivage de la flamme de la tombe du soldat inconnu ce vendredi 9 février.

Toutes ces médailles et ce cérémonial, ce n’est pas vraiment son monde. « Heureusement que Philippe est là pour m’accompagner », souffle celle qui a reçu le prix spécial du jury pour le concours national du prix du civisme et du dévouement, organisé par l’Union fédérale des Anciens Combattants et des collectivités de France et d’Outre-mer. Il y a encore quelques semaines, Aurélie Etcheverry était de loin de s’imaginer déposer une gerbe de fleurs devant la tombe du soldat inconnu.

Une candidature surprise
Comme chaque année, Philippe Laduré, le président de l’Union fédérale des Anciens combattants de Saint-Barthélemy, est à la recherche d’un jeune engagé pour la communauté. L’objectif : le présenter au concours national du prix du civisme et du dévouement. « C’est assez dur de trouver des jeunes actifs dans le bénévolat âgés de moins de trente ans, à cet âge-là, ils sont davantage pris par leurs études ou par le sport », glisse l’ancien militaire, aussi impliqué dans le monde associatif. On lui souffle alors de s’intéresser au profil d’Aurélie.
« On faisait un pique-nique avec l’association Handi-Relais, je courais dans tous les sens quand un parent m’a arrêté pour me demander si j’avais bien moins de trente ans », raconte Aurélie, qui lui répond par l’affirmative. « Et là, il m’a dit qu’il m’avait inscrit à un concours. D’un coup, j’ai senti mon visage devenir tout rouge. »

« J’ai dit oui pour faire valoir ce que fait Handi-Relais »
Tout de suite convaincu, Philippe Laduré pousse Aurélie à tenter le coup. La jeune femme hésite, être sous les projecteurs, ce n’est pas sa tasse de thé : « J’ai dit oui pour faire valoir ce que fait Handi-Relais, mais si peux me montrer le moins possible ça m’arrange. » Soutenue par l’association et ses proches, Aurélie finit par remplir le dossier d’inscription : « J’ai dû le réécrire plusieurs fois, je parlais de l’association, mais pas assez de moi ».
L’association, Aurélie pourrait en parler pendant des heures. « Je suis arrivée sur l’île il y a cinq ans, en me demandant s’il y avait des besoins spécifiques pour les personnes avec un handicap», retrace la jeune femme originaire du Pays Basque. Le constat ? « Il n’y avait presque rien, seuls les besoins médicaux étaient couverts, lâche-t-elle. À Saint-Barth, il y a énormément de choses d’usage, qui ne sont pas accessibles aux personnes à mobilité réduite. Si une personne qui est en fauteuil roulant descend du ferry et veut aller à La Poste, elle ne peut pas. Et ce sont des choses simples, du quotidien. »

Un dévouement quotidien
Malgré l’ampleur de la tâche, Aurélie ne se décourage pas. « Pour moi, c’était carte blanche », sourit celle qui déborde d’idées. Aurélie met à profit ses compétences professionnelles en tant qu’éducatrice spécialisée pour accompagner les personnes en situation de handicap dans leurs tâches quotidiennes. Sur son temps libre, elle est bénévole à Handi-Relais et prolonge le travail qu’elle a entamé dans la journée. « J’ai une vie à 100 à l’heure », confesse celle qui « n’aime pas rester à rien faire ».

« Ici, ça bouge beaucoup plus vite que dans l’Hexagone. »
Grâce à l’implication des parents membres de l’association, Aurélie voit les projets se concrétiser rapidement. « Ici, ça bouge beaucoup plus vite que dans l’Hexagone, souligne Aurélie. Comme il n’y avait pas de professionnels sur l’île, les parents se sont formés tout seul pour accompagner leurs enfants. Mais ce n’est pas leur travail, donc le but de l’association c’est de les aider pour qu’ils ne s’épuisent pas à la tâche. »
Sur la plage de Public, un tiralo sera bientôt disponible pour permettre aux personnes à mobilité réduite d’accéder à la mer. Tous les jours, le magasin Super U baisse pendant deux heures les lumières et la musique pour que le supermarché soit accessible aux personnes autistes. Un nouveau caddie sera également disponible, les parents pourront désormais faire leurs courses accompagnés de leurs enfants porteurs de handicap. Le but : étoffer l’offre d’équipements pour que tous les habitants de l’île puissent avoir une « vie ordinaire ».

L’importance de la sensibilisation
Fêtes de Pâques, Noël, Handi-Relais s’efforce d’organiser divers évènements tout au long de l’année pour les enfants de l’association. « On a souvent l’impression qu’un enfant autiste n’aime pas voir du monde. Mais c’est faux, il aime ça, mais à sa manière, insiste Aurélie. Par exemple, s’il rencontre le Père Noël, il ne va peut-être pas le regarder, il aura un casque anti-bruit, mais je vous garantis que sa photo avec le Père Noël, il ne voudra pas la lâcher. »
Pour l’éducatrice, la clé réside dans la sensibilisation. « À Saint-Barth, les gens n’ont pas conscience de certains handicaps, donc ils ne font pas forcément d’efforts, expose l’éducatrice. Mais lorsqu'on leur explique, ils s’adaptent rapidement et sont très volontaires. » Grâce à ce prix, Aurélie aura porté jusqu’à Paris, les besoins des personnes en situation de handicap de l’île. Un pas de plus vers son objectif : « Faire de Saint-Barth l’île la plus adaptée possible ».

 

Journal de Saint-Barth N°1554 du 15/02/2024

Une parade haute en couleur