Sur une idée du comité des pêches de Saint-Barthélemy, la préfecture des Iles du Nord a organisé le mardi 12 décembre à Saint-Martin des Assises de la pêche. L’occasion de réunir l’ensemble des acteurs du secteur du plateau d’Anguilla, mais aussi les représentants des différents gouvernements.
De prime abord, l’idée s’avère des plus simples. Il s’agit de réunir l’ensemble des acteurs de la pêche ainsi que les représentants de leur gouvernement respectif pour établir les bases d’une coopération entre toutes les îles du plateau d’Anguilla. Néanmoins, il aura fallu de longues années, une suggestion du premier président du comité des pêches de Saint-Barthélemy, l’engagement des collectivités et la volonté de la préfecture des Iles du Nord pour que se tiennent les premières Assises de la pêche, mardi 12 décembre à Saint-Martin. Enfin, pas exactement les premières puisqu’en 2011, Saint-Barthélemy avait organisé une rencontre du même type avec des professionnels venus de nombreuses îles de la Caraïbe. Malheureusement, cette initiative n’avait été suivie d’aucune concrétisation à l’échelle des gouvernements. Tel était donc, en partie, le principal enjeu de la rencontre organisée mardi à Saint-Martin : impliquer les représentants des gouvernements des îles environnantes dans un vaste projet de coopération dans le domaine de la pêche.
« Un sujet primordial »
« C’est un moment historique, a déclaré Louis Mussington, président de la Collectivité de Saint-Martin, en introduction. Il y a eu des échanges par le passé, mais uniquement au niveau local. Il faut se dire qu’il est temps de trouver des solutions et de travailler ensemble. Car la mer est un atout de développement formidable. » Pour Xavier Lédée, président de la Collectivité de Saint-Barthélemy, le « rapprochement avec les autres îles » pour « veiller au maintien et au développement de la pêche » relève de la responsabilité des élus. « Les frontières marines sont complexes, donc nous devons réfléchir à comment travailler entre nous, trouver un équilibre, tout en intégrant la Guadeloupe », a-t-il précisé. La question des échanges commerciaux entre des îles qui n’appartiennent pas toutes à l’Union européenne a bien évidemment été un des objets de réflexion. « Les fonds européens doivent permettre de développer des opérations de coopération », a insisté le préfet délégué des Iles du Nord, Vincent Berton, qui a évoqué les enjeux liés à la pêche, mais également à la lutte contre les sargasses.
Aux côtés de Louis Mussington et Xavier Lédée, la première ministre de Sint-Maarten, Silveria Jacobs, la gounerneure d’Anguilla, Julia Crouch, ainsi que des représentants de la Guadeloupe, de Saba et de Statia. « La pêche est un sujet primordial et cette conférence est très importante, a insisté Julia Crouch. Nos ressources partagées sont fragiles et nous bénéficions de la présence, aujourd’hui dans cette salle, de vrais experts. » De fait, les agences environnementales d’Anguilla, Saint-Martin, Sint-Maarten et Saint-Barth (Agence territoriale de l’environnement, avec la présence de son directeur Sébastien Gréaux) ont toutes effectué une présentation de leurs travaux et exposé la situation de la faune marine de leur territoire. Une matinée consacrée à la prise de contact. Mais c’est dans l’après-midi que les participants sont entrés dans le vif du sujet.
Tandis que le préfet délégué des Iles du Nord, Vincent Berton, présidait aux discussions qui occupaient les différents représentants gouvernementaux, les pêcheurs ont été réunis dans une autre salle du complexe hôtelier d’Anse Marcel qui a accueilli les Assises. D’emblée, le débat a porté sur la territorialité. Dans une sérénité relative mais qui a toutefois pu être maintenue grâce, en partie, à la présence d’un modérateur de la direction de la mer.
D’autres Assises dans un an ?
Au sortir de la réunion, la satisfaction est au rendez-vous. « Je suis très content que ce projet ait abouti aussi rapidement, notamment grâce au sous-préfet Patrick Bernié, bien entendu avec le préfet, commente Jordan Laplace, ancien président du comité des pêches de Saint-Barth. Je suis très content que tout cela ait pris forme, que les gouvernements aient pris la peine de se déplacer, de s’asseoir et d’écouter. Nous sommes les premiers acteurs, mais ce sont eux qui prennent les décisions. J’espère que c’étaient les premières Assises d’une longue lignée. Pour que cela aboutisse à de bons partenariats. Avec nos confrères des îles alentours, on a mis la discussion en route. » Nouveau président du comité des pêche de Saint-Barth, Rudy Aubin ajoute : «C’était un peu tendu au début mais on a essayé de temporiser, de trouver des accords. si tout va bien, on devrait se retrouver prochainement pourcontinuer les discussions.»
«Moment fondateur»
Le préfet Vincent Berton a fait montre du même enthousiasme lors de sa conclusion. « Ce fut un moment fondateur qui a permis de mettre sur la table les préoccupations de tout le monde, les questions d’environnement, d’accès à la ressource ou aux zones de pêche, les problèmes de formation, de réglementation, résume-t-il. Beaucoup de sujet ont été abordés. Des désaccords également, car nous ne sommes pas tous dans la même situation. Tout cela a été mis sur la table dans un esprit de coopération, avec la volonté d’avancer, de créer un cadre d’échanges. » Le représentant de l’Etat a annoncé la tenue « possible » de nouvelles assises dans un an, sur une autre île de la région. « Nous allons travailler sur différents chantiers dans le but de trouver des accords, c’est une première étape », a-t-il assuré.
