Saint-Barth -

2022, l’année du changement

De nombreux événements ont marqué l’année qui vient de s’écouler. L’un des principaux est sans nul doute la décision de Bruno Magras de ne pas briguer un nouveau mandat de président de la Collectivité. Une décision qui a bien entendu précipité un changement de gouvernance et qui a vu l’avènement de Xavier Lédée. Mais nombreuses ont été les actualités qui ont agité, parfois bouleversé, la vie de l’île en 2022.

 

Janvier

Retour de l’état d’urgence sanitaire


L’année commence par une mauvaise nouvelle : l’annonce le 5 janvier par le gouvernement du retour de l’état d’urgence sanitaire en Guadeloupe et dans les Iles du Nord. Dans la foulée, la préfecture décide d’instaurer des mesures de « freinage » de la flambée de Covid à Saint-Barth. Notamment en imposant, dès le 7 janvier, un nouveau couvre-feu. Une mesure qui a pour conséquence directe d’entraîner la fermeture des discothèques mais aussi des difficultés pour les restaurants et tous les établissements qui accueillent du public. Essentiellement en raison de la mise en place du passe sanitaire. Des mesures qui soulèvent une vague d’incompréhension puisque la grande majorité de la population est vaccinée, que presque plus aucun cas d’hospitalisation lié au covid n’est enregistré, tout cela en dépit d’un afflux massif de touristes tout au long de la festive.

Tentative de cambriolage à Diamond Genesis
Pour la deuxième fois à peine plus d’un an, la bijouterie Diamond Genesis de Gustavia a été victime d’une tentative de cambriolage dans la nuit du 2 au 3 janvier. Un acte déjoué par le système de surveillance mais qui soulève l’inquiétude de la directrice de l’établissement qui y voit une dégradation progressive de la sécurité sur l’île.

Xavier Lédée dévoile ses cartes
S’il est alors encore très loin du fauteuil de président occupé par Bruno Magras, Xavier Lédée ne cache pas ses ambitions et les dévoile dès la publication de ses vœux à la population sur un réseau social. « Pour ma part, 2022 sera à n’en pas douter une année particulière, écrit-il. Je compte me présenter et briguer la présidence de l’île. » Marie-Hélène Bernier n’évoque pas encore sa candidature. Quant à celui qui restera à jamais le premier, Bruno Magras, il attend paisiblement de voir comment les prétendants à sa succession se comportent pour se prononcer. Une semaine plus tard, dans un long entretien (JSB 1456), Xavier Lédée dévoile un peu plus ses ambitions. « Je pense pouvoir apporter quelque chose. Si notre situation n’est pas catastrophique, il y a des améliorations que l’on peut apporter, des orientations différentes que l’on peut prendre », assure-t-il alors.

Les parents d’élèves s’inquiètent du manque de prof
Sujet récurrent tout au long de l’année 2021, il s’impose dès le mois de janvier comme l’une des préoccupations des parents d’élèves de Saint-Barthélemy : le manque de professeurs. Cette fois, dès la rentrée de janvier, ils décident de réclamer des solutions rapides et pérennes auprès du rectorat de Guadeloupe. Il leur faudra lourdement insister mais, à la rentrée de septembre, tous les postes seront enfin attribués.

Un homme de 62 ans meurt dans une collision
Un résident de Saint-Barthélemy âgé de 62 ans est décédé ce matin, jeudi 6 janvier, dans un accident de la route. Celui-ci s’est produit vers 10 heures dans le secteur de Marigot. Les circonstances exactes n’ont pas encore pu être établies par la gendarmerie, qui est intervenue sur les lieux. Les seules certitudes sont que la victime circulait sur un scooter qui est entré en collision avec une voiture qui roulait en sens inverse. Le choc s’est produit dans un virage, alors qu’une légère pluie tombait sur ce secteur de l’île. Quand les secours sont arrivés sur place, le sexagénaire se trouvait déjà en arrêt cardiaque et souffrait de plusieurs fractures. Malgré les soins qui lui ont été prodigués, il n’a pu être sauvé. Il est décédé sur les lieux de l’accident, vers 11 heures.

Une journée de grève des enseignants pour protester contre le protocole sanitaire


Le jeudi 13 janvier, l’équipe enseignante du groupe scolaire de Gustavia a observé une journée de grève. A l’origine du mouvement, le premier syndicat du primaire, le SNUipp-FSU. Celui-ci affirme qu’il ne s’agit pas «d’une grève contre le virus du Covid» mais qu’elle « illustre le ras-le-bol grandissant dans les écoles par rapport aux conditions de travail qui se dégradent ». A Gustavia, outre ce protocole « inapplicable puisqu’il change tous les deux jours », peste un enseignant, ce sont les carences en terme d’effectif qui perturbent le fonctionnement de l’établissement depuis la rentrée scolaire du mois de septembre. Selon l’amicale des parents d’élèves, quatre postes de titulaires à temps plein ne sont toujours pas pourvus depuis la rentrée de septembre. Avec en toile de fond la perpétuelle difficulté liée au logement.

Les services de La Poste vont de mal en pis
Dans notre numéro 1457, nous évoquions la dégradation progressive et inquiétante des services de la Poste à Saint-Barth. La fermeture de l’agence des Mangliers, à Saint-Jean, sans véritable raison officielle. De plus, l’agence de Gustavia a régulièrement revu ses horaires tout au long de l’année. Un casse-tête pour les usagers. « Là ça devient carrément impossible d’aller récupérer un recommandé ou utiliser le moindre service, pestait l’un d’entre eux en janvier. Bientôt il faudra payer quelqu’un pour le faire à notre place. » Depuis, la situation ne s’est guère améliorée.

Un recours gracieux contre un projet de restaurant de plage à Lorient
Le projet de construction d’un restaurant et bar de plage à Lorient ne fait pas que des heureux dans le quartier. En effet, dès l’annonce de la délivrance du permis de construire par le conseil exécutif de la Collectivité territoriale, en novembre, des voix se sont élevées contre l’implantation d’un établissement dans le quartier. Une pétition a été rédigée et a été mise en circulation afin de recueillir un maximum de signatures. Une démarche qui n’a pas paru suffisante aux opposants au projet puisqu’ils ont adressé un recours gracieux au président de la Collectivité, Bruno Magras. Un document de six pages daté du 10 janvier qui réclame « le retrait de la délibération accordant le permis de construire » à la société SC Management SAS représentée par Julien Sormonte (JSB 1457). La délivrance du permis sera finalement retirée par la Collectivité, quelques semaines avant l’élection territoriale du mois de mars. Toutefois, plus tard dans l’année, le tribunal administratif cassera cette annulation. Depuis, plus de nouvelle du projet qui semble à l’arrêt.

Décès de Peter O’Keefe
Il a été l’un des premiers résidents étasuniens de Saint-Barthélemy. Peter O’Keefe s’est éteint le 22 janvier à l’âge de 82 ans. Originaire du Connecticut, diplômé de la Rhode Island School of Design, il avait découvert Saint-Barth en 1968 alors qu’il naviguait dans les Caraïbes. Il s’y installe en 1974 et y lancera un magazine avant d’y tenir une boutique d’antiquités et un club de jazz. Avec son épouse Laurence, il fonde en 1996 le premier site touristique de l’île, St. Barths Online.

 

Février

La charge du CTTSB contre les dérives de la restauration
Début février, si le pic de la saison est passé, les touristes continuent d’affluer à Saint-Barthélemy. Et c’est le moment que le président du comité territorial du tourisme (CTTSB), Nils Dufau, choisit pour adresser une lettre de remontrance à l’attention de l’association des restaurateurs de l’île afin de signaler et dénoncer des écarts de conduite de la part « d’employés et de certains établissements » tout au long de la saison (JSB 1458). « Trop d’hébergeurs nous ont fait part de plaintes sérieuses rapportées par leurs clients sur la conduite négative et arrogante d’un nombre d’employés et certains établissements restaurateurs, écrit le président. Accueil passable, manque de politesse aux alentours de l’établissement, dédain envers certains clients en rapport avec leur consommation, qualité insuffisante des mets servis, moquerie et non-respect des clients étrangers non familiers avec les us et coutumes locaux, manque de courtoisie. » Nils Dufau n’est pas tendre avec « certains établissements ». Quelques mois plus tard, début décembre, la nouvelle présidente, Pascale Minarro Baudoin, va suivre l’exemple de son prédécesseur et avertir les professionnels du tourisme que les « écarts » ne seront pas tolérés. A suivre.

Saint-Barth Essentiel s’attaque au Code de l’environnement
A peine adopté, déjà contesté. Le 9 décembre 2021, le conseil territorial a voté à la majorité un nouveau code de l’environnement pour Saint-Barthélemy. Non sans mal puisque plus d’une centaine d’amendements avaient été déposés par les élus de l’opposition (Marie-Hélène Bernier et Maxime Desouches). Moins de deux mois plus tard, dans un courrier daté du 31 janvier, l’association Saint-Barth Essentiel réclame le retrait pur et simple de la délibération qui entérine l’adoption du code. Pour ce faire, elle a adressé un recours gracieux au président de la Collectivité, Bruno Magras. Une procédure qui restera sans effet, malgré l’évocation de la « violation » supposée de plusieurs articles du code général des collectivités territoriales.

Un scanner flambant neuf à l’hôpital De Bruyn


Plus d’un million d’euros (1,4 pour être précis), tel est le prix du nouveau scanner dont dispose l’hôpital De Bruyn de Gustavia. Un investissement lourd qui n’a pu être réalisé qu’à la faveur d’un don : celui de l’un des deux fondateurs de l’application WhatsApp, l’Ukrainien Jan Koum. La machine, qui n’est pas une Rolls mais une General Electric, est donc flambant neuve et de la dernière génération. Elle remplace « l’ancien » scanner qui, après sept années d’utilisation, voyait son autorisation d’exploitation arriver à échéance.

Bruno Magras met « un terme à son parcours politique »
Le 10 février, dans une lettre rédigée à l’attention de la population de Saint-Barth, celui qui est encore président de la Collectivité, Bruno Magras, annonce qu’il tire sa révérence. « Après quarante années de vie d’élu dont vingt-sept ans à la direction des affaires, j'ai décidé de mettre un terme à mon parcours politique (...) J’arrive au crépuscule d'une vie bien remplie. C'est avec le sentiment du devoir accompli que je quitte la scène politique. » Une décision sur laquelle, à la différence de 2012, il ne reviendra pas. Il cède ainsi sa place à la tête de la liste de Saint-Barth d’Abord à Romaric Magras qui se déclarera candidat quelques jours plus tard.

Marie-Hélène Bernier entre dans la danse électorale...
Après Xavier Lédée, Marie-Hélène Bernier annonce sa candidature à la présidence de la Collectivité territoriale pour les élections du mois de mars. Elue d’opposition pendant cinq ans, elle assure avoir « les épaules » pour prendre la succession de Bruno Magras et entend « travailler en équipe » pour le bien de Saint-Barthélemy. « Bruno Magras a fait de bonnes choses pour Saint-Barthélemy mais ces derniers temps il a mené une politique de développement à outrance qui a saccagé une bonne partie de l’île. On ne peut plus continuer comme ça », explique-t-elle.

... Suivie par Romaric Magras
Porté par le soutien du président sortant, Romaric Magras prend la tête de la liste Saint-Barth d’Abord pour mener la campagne des élections territoriales des 20 et 27 mars. Elu depuis cinq ans, le candidat a pour objectif de « rassurer » la population en lui montrant que son équipe est capable de prendre le relai de Bruno Magras et mener une politique empreinte d’une « gestion saine et responsable ». Dans les colonnes du JSB (n°1460), il déclare : «J’incarne la relève pour ces élections. » Sa liste arrivera largement en tête lors du premier tour, mais ne résistera pas à l’alliance inattendue entre Marie-Hélène Bernier et Xavier Lédée.

Valérie Denux quitte la direction de l’ARS
Après quatre années passées à la tête de l’Agence régionale de santé de la Guadeloupe et des Iles du Nord (elle a été nommée en mars 2018), Valérie Denux cède sa place à Laurent Legendart. La directrice assure partir « l’esprit apaisé » avec le sentiment «d’avoir tenu bon » pendant ces années marquées par la pandémie de Covid, « une crise sanitaire historique ».

Une folle course poursuite dans les rues de Gustavia
L’histoire aurait pu se terminer en tragédie. Vendredi 18 février, en milieu d’après-midi, un homme s’est livré à une folle course poursuite avec les gendarmes dans les rues de Gustavia. Au volant d’une voiture volée, il a manqué de renverser plusieurs personnes et percuté des véhicules en stationnement. Alors même que, simultanément, se déroulait le carnaval des enfants dans des rues adjacentes. C’est en grande partie grâce à la mobilisation des nombreux témoins de cette équipée démente, qui ont bloqué l’accès à certaines rues avec des véhicules, que le drame a pu être évité et le forcené interpellé. Âgé d’une quarantaine d’années, l’homme a été placé en détention provisoire à Basse-Terre, en Guadeloupe, où il a été jugé le 5 avril. Il a écopé d’une peine de deux mois de prison avec sursis.

Le centre d’imagerie médicale baptisé en la mémoire de Lawrence O’Donnell

Mardi 22 février à 11 heures, de nombreux proches du regretté Lawrence O’Donnell sont présents sous le préau du centre d’imagerie médicale de l’hôpital De Bruyn de Gustavia. Tous sont venus pour assister à l’inauguration de la plaque qui va donner le nom du généreux donateur à ce service de l’établissement de santé. Lawrence O’Donnell créa en 1999 une fondation parallèle au Femur (Fondation pour l’équipement médical d’urgence) aux Etats-Unis qui va permettre le transfert d’importants dons qui ont permis d’offrir une machine à rayon X à Saint-Barth, mais aussi un échographe, un cardiographe, un appareil de mammographie et de nombreux autres équipements modernes. « Avec son décès, nous avons perdu un excellent ambassadeur de Saint-Barth », a regretté Bruno Magras.

Le préfet lève une partie des restrictions sanitaires
Lors d'une conférence de presse qui s'est tenue vendredi 25 février, le préfet de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, Serge Gouteyron, a annoncé la levée de plusieurs restrictions sanitaires imposées dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus. Des annonces attendues puisque la situation a considérablement évolué depuis le début de l’année, malgré un « pic » lors des semaines qui ont suivi la période festive. Désormais, les bars et les restaurants ne sont plus soumis à l'obligation du port du masque, ni à celle des jauges imposées pour la clientèle (8 personnes par table maximum) ou à l'interdiction de danser. De plus, l'heure de fermeture de ces établissements est repoussée à 2 heures du matin. En revanche, l’application du passe sanitaire reste en vigueur.

Le retour de la grande parade pour le carnaval
Après une année 2021 privée de carnaval en raison d’une « pandémie » qui n’en finissait pas de s’éteindre, les festivités carnavalesques, à commencer par la grande parade de Mardi Gras, ont fait le retour à Saint-Barth (JSB 1462). Dans la liesse, comme il fallait s’y attendre !

 

Mars

Les adieux de Bruno Magras à la présidence


Lorsque vient le temps des adieux, la simplicité cède trop souvent sa place à la solennité. En ce vendredi 4 mars, il n’en fut rien. Après une séance du conseil territorial rondement menée, c’est avec sobriété que Bruno Magras a fait ses adieux à la présidence de la Collectivité de Saint-Barthélemy. Non sans émotion, certes, même s’il s’est efforcé de dissimuler celle-ci derrière quelques bons mots. D’ailleurs, il a pris soin de discrètement éconduire celles et ceux qui, porté(e)s par le poids historique du moment, ont émis le souhait de lui rendre un hommage plus vibrant. « Je suis satisfait du travail réalisé, a déclaré le président. Je n’ai ménagé ni mes efforts ni mon énergie. Saint-Barthélemy est un succès et est unique par sa réussite. Je souhaite courage et succès à celles et à ceux qui vont nous succéder. La responsabilité est lourde car rien n’est jamais totalement acquis. » Bruno Magras a ensuite décliné nombre des réalisations passées et futures qui découlent de sa gouvernance depuis 1995. En s’attardant, bien entendu, sur l’évolution du statut de Saint-Barthélemy en 2007 puis en 2012. Notamment le fait que la Collectivité soit « fiscalement étrangère au territoire fiscal français ». Et d’insister : « J’espère que tout sera fait pour conserver ce statut. »

Le JSB annonce un deuxième tour de scrutin pour les territoriales
La prédiction semblait quelque peu audacieuse sur le moment. Tout d’abord parce que jamais les électeurs de Saint-Barth n’ont eu à se déplacer dans les bureaux de vote pour un deuxième tour de scrutin. Ensuite, parce que la plupart des observateurs prévoyaient d’emblée une victoire dès le premier tour à Romaric Magras, successeur de Bruno Magras à la tête de la liste de Saint-Barth d’Abord. Néanmoins, pour le Journal de Saint-Barth, c’est une évidence, il y aura bien un deuxième tour. Parce que Bruno Magras n’est plus candidat, parce que la plupart de ses conseillers ont choisi de se retirer, mais aussi parce que les deux autres listes menées par Marie-Hélène Bernier et Xavier Lédée invitent au changement. Dix jours plus tard, la prédiction s’est avérée des plus justes.

Roman Abramovictch dans la tourmente
Depuis quelques années, l’homme d’affaires Roman Abramovitch est devenu l’une des figures de l’île de Saint-Barthélemy. En plus de plusieurs dons faits à la Collectivité pour financer des équipements, il est propriétaire d’une vaste propriété à Gouverneur depuis 2009. Mais depuis le début de l’attaque de l’Ukraine par les troupes russes, comme tous ses homologues russes, l’oligarque aux multiples nationalités (russe de naissance, israélienne depuis 2018 et portugaise depuis 2021) a vu ses avoirs gelés par le gouvernement britannique ainsi que par l’Union européenne et d’autres pays occidentaux en raison de ses liens avec le président russe Vladimir Poutine. Il a notamment été contraint de mettre en vente son club de football (le Chelsea FC en Angleterre), mais aussi différentes propriétés.

Des médecins de ville dénoncent « un système de santé en péril »
Cinq médecins généralistes de Saint-Barthélemy ont rédigé et signé un manifeste afin de protester contre les réquisitions prises par la direction de l’hôpital pour « combler le déficit de médecins hospitaliers ». Une démarche qui, selon eux, met en danger le système de santé sur l’île. Si les praticiens reconnaissent qu’un médecin peut être mandaté par les pouvoirs publics pour assurer certaines missions, comme la permanence des soins, ils précisent : « Il nous apparaît impensable de cumuler plusieurs jours consécutifs de réquisition de 24 heures, sans repos compensateur, et d’assurer en parallèle le suivi de nos patients ainsi que la permanence des soins de ville pour laquelle quatre médecins généralistes se relaient et effectuent une à trois astreintes par semaine. » Plus grave, ils rappellent que « les médecins généralistes n’ont pas les compétences pour assurer la prise en charge d’une urgence vitale ou d’une réanimation et les patients doivent bénéficier de la sécurité sanitaire qu’ils sont en droit d’attendre ». Des arguments que la directrice de l’hôpital balaie d’un revers de blouse en invoquant « la solidarité entre professionnels de santé hospitaliers ou libéraux ».

Les arts africains s’invitent au musée du Wall House

Depuis le 18 mars (et jusqu’au 31 mai), le musée territorial du Wall House a accueilli une exposition exceptionnelle qui a permis de retracer 4.000 ans d’art africain. Près de 160 œuvres (tableaux, masques, objets, sculptures, cartes...) ont été présentées grâce aux partenariats établis avec le collectionneur belge Marc-Léo Félix et la galériste new-yorkaise Destinee Ross-Sutton. «C’est la première fois que nous faisons venir sur l’île des objets anciens, a remarqué Charles Moreau, directeur du musée. Jusqu’à présent, nous ne proposions que des expositions d’art contemporain. » Une première étape qui a marqué l’entrée dans une ère artistique et historique plus ambitieuse pour le musée.

Élections territoriales : Une nouvelle ère pour Saint-Barth
Après deux tours de scrutin historiques, c’est la liste d’union constituée dans l’entre-deux tours et conduite par Marie-Hélène Bernier et Xavier Lédée qui s’impose lors des élections territoriales des 20 et 27 mars. L’alliance Union-Équilibre recueille 50,8% des suffrages exprimés (1970 voix) contre 49,2% (1905 voix) à Saint-Barth d’Abord. Une sévère désillusion pour Romaric Magras et ses colistiers qui avaient convaincu 46,15% des électeurs au premier tour. La défaite est difficile à encaisser pour le protégé de Bruno Magras, qui lance le soir des résultats : « Je regrette que la population n’a pas plus pris en compte le travail réalisé pendant ces cinq dernières années. Je ne pense pas que l’alliance qui s’est créée en face de moi durera dans le temps. La liste de Xavier Lédée a eu six sièges, celle d’Hélène Bernie en a eu sept et Saint-Barth d’Abord six. Nous aurons le pouvoir d’être juge de paix pour les décisions de demain. » Une amertume qui s’est toutefois vite évaporée dans les jours qui ont suivi. « Un changement, pas une révolution », titre le JSB dans son numéro 1466. Car la liste élue comprend cinq anciens conseillers territoriaux (Marie-Hélène Bernier, Xavier Lédée, Maxime Desouches, Marie-Angèle Aubin et Bettina Cointre), soit davantage que celle de Saint-Barth d’Abord. L’alliance Union-Équilibre enlève donc treize sièges au sein du conseil tandis que Saint-Barth d’Abord hérite des six restants.

Vincent Berton, nouveau préfet des Iles du Nord
Le 29 mars, Vincent Berton a officialisé sa prise de fonction dans les Iles du Nord lors d’une cérémonie qui s’est déroulée devant le monument aux morts, à Saint-Barthélemy. Le nouveau préfet, qui succède à Serge Gouteyron, a sobrement déclaré, devoir de réserve oblige en période électorale : « Ce sont des territoires que je découvre avec énormément de plaisir. » Né en 1966 à Lorient (Bretagne), il était depuis 2017 secrétaire général de la préfecture des Hauts-de-Seine. Diplômé de l’Institut d’études politique de Paris (IEP) et ancien élève officier à l’école du commissariat de la marine, il a débuté sa carrière dans l’armée où il a notamment été adjoint au major général de la marine.

 

Avril

Xavier Lédée élu président de la Collectivité


Le dimanche 3 avril, le Conseil territorial se réunit pour la première fois dans sa nouvelle composition. Avec 13 voix sur 19, soit les voix des élus de la majorité, Xavier Lédée est élu président de la Collectivité territoriale. Six élus issus de la liste Unis pour Saint-Barthélemy de Xavier Lédée et sept de la liste Saint-Barth Action-Équilibre de Marie-Hélène Bernier ont voté pour lui. Les six représentants de l’opposition de la liste Saint-Barth d’Abord conduite par Romaric Magras ont glissé un bulletin blanc dans l’urne. « On a décidé de travailler ensemble (avec la majorité, ndlr) mais on a voulu marquer le fait que nous sommes une force d’opposition », déclare Romaric Magras. A 41 ans, Xavier Lédée prend officiellement la succession de Bruno Magras, qu’il remercie de lui « avoir mis le pied à l’étrier » en 2012. Marie-Hélène Bernier est nommée première vice-présidente (VP). Bettina Cointre devient deuxième VP, Marie-Angèle Aubin troisième VP et Maxime Desouches quatrième vice-président. Pour compléter le conseil exécutif, deux sièges sont réservés à l’opposition. Ils seront occupés par Romaric Magras et la benjamine du conseil territorial, Alexandra Questel.

L’ancien sénateur Michel Magras confie ses craintes pour l’avenir de Saint-Barth
Quelques mois avant les élections, l’ancien sénateur et élu territorial Michel Magras avait rédigé une tribune dans laquelle il effectuait un constat de la situation économique, sociale et environnementale de Saint-Barthélemy. Désireux de ne pas publier ses écrits avant le scrutin territorial du mois de mars, Michel Magras se positionne en « retraité observateur ». Dans son texte transmis au Journal de Saint-Barth, il écrit : « Je crains que l’on me dise que j’ai ma propre part de responsabilité dans la situation actuelle, ce que je ne nie pas, bien au contraire. » Il brosse un tableau sans concession de l’évolution de Saint-Barthélemy et estime « qu’il est grand temps de revenir au bon sens et à la raison » et estime que Saint-Barth ne tient que sur « un équilibre social et sociétal fragile et menacé ». Une tribune qui ne manquera pas d’entraîner de nombreuses réactions de la part des lecteurs du JSB.

Après les territoriales, les présidentielles : Saint-Barth choisit Le Pen
A peine remis de leurs émotions très locales, les électeurs de Saint-Barth ont été invités à retourner aux urnes afin d’élire le successeur d’Emmanuel Macron à la tête de la République française. Lors du premier tour, le samedi 9 avril, c’est le président sortant qui arrive en tête des suffrages (23,8%, 629 voix) devant Marine Le Pen (22,4%, 592 voix). Il est à noter que seuls 51,4% des électeurs inscrits sur les listes ont pris part au scrutin. Deux semaines plus tard, le 23 avril, Saint-Barth n’envahit pas davantage les bureaux de vote puisque le taux de participation n’est que de 56,57%. Et c’est Marine le Pen que les électeurs de l’île préfèrent voir s’installer au Palais de l’Élysée. En effet, la présidente du Rassemblement national recueille 54,7% des suffrages (1.522 voix), contre 45,3% à Emmanuel Macron (1.259 voix). Toutefois, c’est bien le président sortant qui est reconduit dans sa fonction pour cinq années supplémentaires avec, à l’échelon national, 58,54% des voix (plus de 18,8 millions de votes).

Un avion privé s’écrase sur la piste de Rémy de Haenen
Le vendredi 15 avril, vers 9h45, le pilote d'un petit avion privé (un Piper 28 R) a raté son atterrissage sur la piste de Rémy de Haenen. Selon la direction de l'aéroport, les conditions météorologiques étaient « complètement normales » et « absolument pas défavorables » au moment de l’accident. Le pilote, Michel Fauconnier, qui est instructeur et président de l'aéroclub Les Ailes Guadeloupéennes, argue d'un problème de train d'atterrissage pour expliquer la perte de contrôle de son appareil. Une position contestée par la direction de Rémy de Haenen. Selon les premières images et les différents témoignages, le petit avion est arrivé bien plus haut qu'il ne se doit pour atterrir sur la piste de Saint-Barthélemy. « Il a probablement dû tout réduire et il a décroché », explique un spécialiste. L'appareil a ensuite heurté violemment le tarmac, écrasant son train d'atterrissage avant d'emporter un panneau de signalisation et de finir sa glissade dans l'herbe, en bordure de piste. L'enlèvement de l'appareil accidenté a pris environ 2h50. Il est à noter que les secours sont intervenus rapidement et que ni le pilote ni ses trois passagers n'ont été blessés.

Paprec inaugure le nouvel écopôle de Ouanalao Environnement


Après deux années de travaux d’installation, la deuxième usine de traitement des déchets du site de propreté de Ouanalao Environnement a été inauguré le jeudi 21 avril à Public en présence du fondateur et président du groupe Paprec Énergies, Jean-Luc Petithuguenin. Grâce à l’extension de l’usine, la capacité de traitement du site augmente de 50%. Elle pourra désormais atteindre 30.000 tonnes par an, dont 20.000 tonnes transformées en énergie. Elle augmente également la production d’énergie dédiée au fonctionnement de l’usine de dessalement d’eau de mer. Une unité essentielle à Saint-Barthélemy qui, faut-il le rappeler, n’a pas de source d’eau potable. La nouvelle unité de traitement des déchets a nécessité un investissement de 18 millions d’euros. L’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) a participé à hauteur de 1,8 million d’euros. Six nouveaux salariés ont été embauchés sur le site afin de compléter une équipe qui comprend désormais 49 agents.


Le centre de dépistage Covid de la Croix Rouge ferme ses portes
Installé à Saint-Jean sur le parking des pompes funèbres depuis seize mois, le centre de dépistage Covid de la Croix Rouge ferme définitivement ses portes le samedi 20 avril. « C’est une page qui se tourne », commente la présidente de l’antenne de la Croix Rouge à Saint-Barth, Christine Moizan. « Douze bénévoles se sont relayés sur le dispositif pour apporter une aide aux quinze salariés, en fonction des besoins et de l’affluence », rappelle-t-elle. Au total, ce sont plus de 33.700 tests Covid qui auront été réalisés à Saint-Jean. Un tiers d’antigéniques et deux tiers de PCR. « Avec des mois bien plus hauts que d’autres, explique Jean-Marc Meunier, responsable du site pour la Croix Rouge. En janvier 2021, nous sommes montés à 3.800 tests ! Et 3.500 le mois d’après. »

Une édition historique pour les Voiles de Saint-Barth


Une météo idéale, un nombre de participant record, des régates au suspense constant, un public passionné, la 11e édition des Voiles de Saint-Barth Richard Mille, achevée samedi 23 avril, a remporté un franc succès et s’inscrit, à plus d’un titre, dans l’histoire de cette épreuve unique. Et c’est peu dire que d’affirmer que celle-ci, après deux années de frustrantes annulations en raison du Covid, a tenu toutes ses promesses. Du suspense, de l’incertitude, de l’enthousiasme, quelques incidents de course pour pimenter une compétition acharnée dans chacune des catégories représentées et, pour couronner le tout, une météo non pas clémente mais idéale pour que les marins en décousent.
Si le succès a été au rendez-vous en mer, il l’a également été sur terre. Les organisateurs ont proposé tout au long de la semaine des animations sur le quai d’honneur avec un plateau de qualité avec des musiciens de haut niveau.
Rendez-vous du 16 au 23 avril 2023, pour la 12e édition des Voiles de Saint-Barth.

Sargasse Project dans le cirage
Depuis 2019 et la fondation de leur entreprise Sargasse Project à Saint-Barthélemy, Yohann Adam et Pierre-Antoine Guibout poursuivent leur objectif qui est de parvenir à utiliser les sargasses pour en faire des produits transformés. Une idée judicieuse puisque la matière première s’échoue par milliers de tonnes chaque année sur les côtes de Saint-Barth mais aussi de Guadeloupe et de différentes îles de la Caraïbe. Très vite, les deux associés rachètent une marque de cirage et de produits d’entretien, persuadés qu’il leur sera possible de transformer les sargasses en ce produit. Malheureusement pour eux, cette idée se heurtent à plusieurs échecs auprès de différents laboratoires. Toutefois, après diverses tentatives, un laboratoire parvient à fabriquer un premier prototype de cirage avec des sargasses. Un bel encouragement pour les associés qui continuent de travailler sur l’ouverture d’une usine de transformation en pâte à papier en Guadeloupe.

Lorenzo Mayer vice-champion d’Europe de voile


Sur le lac d’Hourtin, en Gironde, le jeune licencié du Saint-Barth Yacht Club devient vice-champion d’Europe chez les moins de 19 ans dans la catégorie Ilca 7 (ex laser standard). Une belle entame de la saison pour Lorenzo Mayer qui va connaître une année riche en succès et en rebondissements.

Valentine, doyenne à 102 ans
La doyenne de Saint-Barth a pour nom Valentine Louis et, samedi 29 avril, elle a fêté ses 102 ans entourée de sa famille, à l’Ehpad de Gustavia. Elle a également reçu un message du président de la Collectivité, Xavier Lédée, qui écrit : « Les années qui passent font la beauté de l’âme. »  Malheureusement, Valentine décédera le 12 novembre.

 

Jazz, littérature, théâtre, cinéma... Une année culturelle

Il est souvent reproché à Saint-Barthélemy son manque d’événements culturels. Certes, l’île ne regorge pas de manifestations permanentes. Toutefois, à y regarder de plus près, il est aisé de s’apercevoir que les occasions de se plonger dans un peu de culture sont fréquentes, à défaut d’être nombreuses. Plus important encore, elles s’inscrivent presque toujours dans une volonté de proposer des programmes de grande qualité aux habitants de l’île. Le Saint-B’Art Livre et Jazz Festival, par exemple, propose chaque année un plateau d’excellence. Ce fut encore une fois le cas en 2022 pour l’association Saint-B’Art qui, par ailleurs, fêtait ses vingt années d’existence et la quinzième de son Festival. Des musiciens et chanteuses venus de l’Hexagone ou des Etats-Unis ont rythmé les derniers jours du mois de mars et les premières lueurs d’avril. Dans le même temps, écrivains et dessinateurs de renom sont allés à la rencontre de leurs lecteurs en acceptant avec simplicité de se mêler aux auteurs locaux. Après une année « blanche » en 2021, le Festival théâtral a affiché complet en 2022. En mai, pour la vingtième édition au sein du Théâtre du Paradis à Gustavia, les spectateurs de l’île ont pu se plonger dans l’univers de Maupassant et celui de Sir Athur Conan Doyle. Sans oublier les pièces programmées dans le courant de l’année, mises en scène par Nadège Emmanuelian et interprétées par des comédiens locaux. Comme, par exemple, l’incontournable « Père Noël est une ordure », jouée à huit reprises dans la deuxième partie du mois d’avril. Et le cinéma dans tout cela ? Et bien, en plus des projections hebdomadaires proposées sur le plateau de l’Ajoe, en plein air à Lorient, le Saint-Barth Film Festival a également fait son retour en 2022 pour une 25e édition marquée par la projection de quatre films, dont trois documentaires parmi lesquels le « Parlez-vous musique ? » de Alexander Bendahan. Un film qui se veut une célébration de l'héritage musical de Saint-Barth et un regard sur la grande variété de musiciens qui viennent du monde entier. Enfin, comment ne pas évoquer le Festival de musique qui célébrait cette année sa 38e édition, début janvier, avec un plateau prestigieux. Pas moins de 58 musiciens ont répondu favorablement à l’invitation lancée par Frances De Broff. Et pas des moindres. Pendant une semaine, les amateurs de l’île ont pu écouter des artistes tels que Caroline Bembia, harpiste originaire de New York, Sergei Bresler, violoniste ukrainien qui a commencé à jouer dès l’âge de cinq ans, Roberta Cooper, violoncelliste, Sarah Joy Miller, soprano, et bien d’autres. Pas de culture à Saint-Barth ? Oh, on oubliait les sublimes expositions proposées au Wall House en 2022, la Art Week, le Festival de photographies...