Saint-Barth -

On distingue la toiture de la Villa Rockefeller derrière la végétation. Une photo toujours de 1972.

Quel avenir pour la propriété Rockefeller de Colombier ?

L’annonce de la vente de la propriété dite Rockefeller de Colombier à Adam Sinn, un homme d’affaires étasunien, pour la somme de 125 millions d’euros (JSB 1516), a fait naître les spéculations les plus folles quant à l’avenir du site. Ce, malgré les propos du nouveau propriétaire, installé à Porto Rico, qui se veut rassurant. « Il n'y a actuellement pas d’autres plans que le désir de restaurer la propriété pour lui rendre sa gloire des années Rockefeller (…) Je prévois de garder ouverts les deux sentiers menant à la plage, comme ils l'ont été dans le passé. Je tiens évidemment à conserver la tradition du camping sur la plage de Colombier. » Une déclaration qui n’a, semble-t-il, pas apaisé les craintes de nombreux habitants de l’île. Notamment celle de voir le domaine Rockefeller, qui s’étend sur près de 52 hectares, se transformer en terrain bétonné ou, pire, en un nouveau Disneyland. Pourtant, a priori, rien de tout cela ne devrait être possible.
La principale raison est la réglementation spécifique élaborée pour la propriété fin 2020, en marge de la mise en place de la nouvelle carte de l’urbanisme. Des textes contraignants qui ne laissent que peu de place à d’hypothétiques extravagances architecturales sur un domaine qui a été placé dans sa majeure partie en zone naturelle, donc protégée. « Si certains aménagements sont possibles, ils ne le sont que sur des surfaces minimales, justement pour qu'il ne soit pas fait n'importe quoi », confirme le directeur de l’Agence territoriale de l’environnement, Sébastien Gréaux. Le 29 mars dernier, les élus du conseil exécutif de la Collectivité ont pu s’en assurer lorsqu’ils se sont réunis pour examiner une demande formulée par la société multiprofessionnelle DGFLA1, basée à Paris, qui souhaitait savoir si le terrain était constructible.
Dans sa délibération, qui court sur neuf pages, le conseil exécutif précise l’ensemble des points de réglementation, parcelle par parcelle. Celles-ci sont au nombre de neuf (AD116, AD17, AD18, AD60, AD35, AD33, AD22, AD21 et AD19) et se situent en zone naturelle ou en espaces remarquables du littoral (parfois renforcé). Seule la partie sur laquelle est érigée la Villa Rockefeller, ou ce qu’il en reste, est en zone résidentielle. Par conséquent, la possibilité d’ajouter deux ou trois chambres à la construction existante, voire celle de construire une piscine, semblent être les seules perspectives envisageables. Pour l’heure, à tout le moins.

« Des parcelles figées »
Pour la Collectivité territoriale, qui va empocher environ 6,2 millions d’euros dans le cadre des droits d’enregistrements de la transaction, ce rachat est accueilli comme une bonne nouvelle. Pour plusieurs raisons que le président, Xavier Lédée, énumère. « Il y a le côté patrimonial avec une villa qui s’est fortement dégradée au fil des années, commence-t-il. Ce sera donc tout le sens des discussions que l’on aura avec le nouveau propriétaire afin de l’inciter, sur un éventuel projet, à tenir au maximum la construction de ce qu’elle a été dans le passé. Il n’y a pas de droit énorme à construire sur ces parcelles puisqu’ils ont été relativement figées sur la dernière carte. Et il n’y a aucune volonté d’ouvrir quelque droit que ce soit pour faire des aménagements qui ne seraient pas adaptés. A ma connaissance, il n’y a pas de demande en ce sens. » Sur le plan économique, Xavier Lédée confirme que la Collectivité percevra ses 5% sur les droits d’enregistrement, « comme sur toute vente», et précise : « Evidemment, avec une vente de cette valeur, c’est une recette qui n’est pas négligeable. En revanche, contrairement à ce que certains pensent, il n’y a pas de plus-value immobilière sur cette vente puisque la propriété était détenue depuis suffisamment longtemps pour ne pas y être soumise. Tout le monde parle de vente depuis des années, donc c’est assez logiquement que la vente se fait. Même si la Collectivité aurait adoré récupérer ce terrain, elle ne pouvait pas s’aligner ! » Adam Sinn, 45 ans, ancien cadre de Lehman Brother et désormais propriétaire de la société Aspire Commodities, le pouvait.
 

 

Journal de Saint-Barth N°1517 du 26/04/2023

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