Saint-Barth -

Marie-Angèle Aubin a voté contre la délivrance d’un permis de construire pour une troisième centrale à béton à Saint-Barth.

Marie-Angèle Aubin, seule contre tous

Au sein du Conseil exécutif de la Collectivité territoriale, Marie-Angèle Aubin a été la seule élue à voter contre le fait d’accorder un permis de construire pour une nouvelle centrale à béton à Petite Saline. Elle se dit « contre ce développement effréné » de Saint-Barthélemy.

Lors de la dernière réunion du Comité exécutif de la Collectivité territoriale, les élus ont accordé à la majorité un permis de construire à l’entreprise Laplace pour un projet de centrale à béton à Petite Saline. Alors même qu’il a préalablement été rejeté par la Commission de l’urbanisme. Il s’agira de la troisième structure de ce type à Saint-Barth. Une perspective à laquelle une seule élue s’est opposée lors du vote : Marie-Angèle Aubin. Surprise de voir l’information dévoilée dans nos colonnes (JSB 1425), elle a tenu à faire savoir qu’elle s’est opposée à la délivrance du permis.

« On fait tout et son contraire »
« Je trouve ce vote incohérent par rapport aux engagements pris par les élus, affirme-t-elle. Nous avons procédé à une modification du code de l’urbanisme pour ralentir les constructions. Or, là, on fait tout et son contraire. » Elle regrette que les élus prennent des décisions qui, de son point de vue, vont à l’encontre des engagements pris par la majorité en 2012 puis en 2017. « Il s’agissait de maintenir quelque chose de progressif et d’assainir la situation », assure-t-elle.

«Une accélération du bétonnage»
Pour Marie-Angèle Aubin, une troisième centrale à béton n’est pas nécessaire sur l’île. « On en a déjà deux qui fonctionnent, donc pour moi on est dans une accélération du bétonnage de Saint-Barth, constate-t-elle. En plus on déroge à des règles sur la hauteur du bâtiment (une des raisons pour lesquelles la commission d’urbanisme a rejeté le projet, ndlr), et le Conseil exécutif passe en force. »
Lors de la réunion, elle explique avoir indiqué aux élus que la nouvelle centrale va nécessairement générer plus de circulation. « Et une pollution supplémentaire, ajoute-t-elle. On voit déjà quels peuvent être les effets des deux autres centrales, malgré les mesures prises pour éviter la projection des poussières. » Marie-Angèle Aubin fait ici référence au projet d’installer des panneaux solaires sur les bâtiments de la Collectivité à Public. Des aménagements devenus inenvisageables en raison des retombées de poussières de ciment (lire JSB 1327).

« Economie en péril »
Ses craintes portent également sur les modifications du quartier de Saline. « Le paysage a déjà été transformé avec l’usine de concassage, remarque-t-elle. Les riverains vont subir de nouvelles pollutions. » Les conséquences sur le tourisme sont une autre de ses préoccupations. « Imaginez la circulation avec les touristes, lance l’élue. Qu’est-ce qu’ils vont penser de notre île ? Ils viennent pour trouver du bien-être et ils vont circuler dans des bouchons pendant des heures et entendre le bruit des pelleteuses toute la journée. On ne prend pas le temps d’étudier les dégâts que vont engendrer ces structures. C’est exactement comme pour l’hôtel de Saint-Jean (le futur hôtel de L’Etoile, actuellement en construction). On n’imagine pas la pollution dans la baie. Ça va être terrible. Notre économie est en péril. »

« On a l’air ridicule»
Pour Marie-Angèle Aubin, il s’agit désormais d’instaurer un ralentissement du bétonnage de l’île. « Je suis contre ce développement effréné, clame-t-elle. On veut toujours aller trop vite pour satisfaire les investisseurs. Et ma position est logique : on a mis des règles en place et on ne les respecte pas. Ce n’est pas cohérent. On a l’air ridicule. »
Pour l’heure, le vote du Conseil exécutif doit encore être soumis au contrôle de légalité.

Journal de Saint-Barth N°1426 du 03/06/2021

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