Saint-Barth -

L’ancien maire et président de la Collectivité pendant 27 ans, Bruno Magras, estime que « l’abandon définitif » du projet initial de délocalisation des écoles « serait une faute politique ».

L’abandon du projet initial de délocalisation des écoles serait « un regrettable pêché d’orgueil », selon Bruno Magras

Depuis un peu plus d’un an et l’abandon du projet initial de délocalisation à Saint-Jean des écoles de Gustavia, le sujet alimente régulièrement les débats au sein du conseil territorial. Initiateur du projet depuis le début des années 2000, l’ancien maire puis président de la Collectivité Bruno Magras évoque les étapes de ce dossier dont l’historique implique l’achat du terrain sur lequel la majorité conduite par son successeur, Xavier Lédée, veut désormais construire un pôle d’éducation regroupant le groupe scolaire et le collège.

JSB : Comment et quand est né le projet de délocalisation des écoles de Gustavia à Saint-Jean ?
Bruno Magras : C’est au début des années 2000, qu’émergea l’idée de construire un nouveau groupe scolaire à Saint-Jean. Le rythme du développement laissait déjà entrevoir l’engorgement du bourg de Gustavia, que nous voulions surtout, touristique. Le temps passant, l’augmentation du nombre d’élèves tant au primaire qu’en maternelle et leur dissémination dans des locaux distincts, amplifia le problème. La situation devint inadaptée au bon fonctionnement des établissements scolaires. Il était par conséquent nécessaire, d’anticiper les besoins en termes de locaux. Sous l’autorité de Sylvain Michelet, les services techniques furent chargés d’y réfléchir. Malheureusement, l’accident d’avion du 24 mars 2001 qui fit une vingtaine de morts changea la donne et le projet fut reporté. La priorité fut donnée à la construction d’une chambre funéraire sur le terrain que nous pensions affecter au projet des écoles.

Dès lors, quand a-t-il vu le jour ?
Le 15 mai 2008, la Collectivité fit l’acquisition de la parcelle AK 629. Cependant, force fut de constater que la surface de la partie topographiquement constructible était insuffisante (environ 5.000 mètres carrés sur les 18.000 du terrain, ndlr) pour y implanter un groupe scolaire capable d’accueillir les écoles primaire et maternelle, avec les voies de circulation et les parkings nécessaires. Enfin, bien que le 13 novembre 2009 la Collectivité fit l’achat de la parcelle AK 558, le développement d’activités commerciales et artisanales dans ce secteur n’incitait guère à l’implantation d’un groupe scolaire sur ces parcelles. Finalement, après de longues négociations et après être parvenus à les convaincre du bien-fondé de notre démarche, les propriétaires des parcelles AI 724 et 789 acceptèrent de les céder à la Collectivité (Pour une somme avoisinant les 10 millions d’euros, ndlr). Les actes furent signés le 28 novembre 2019 avec une prise de possession décalée d’une année. Situées à proximité immédiate des infrastructures sportives, ces propriétés d’une surface globale de 7.000 m² répondaient parfaitement à l’objectif recherché.

Quand le projet de délocalisation a-t-il été voté ?
Lors du débat sur les orientations budgétaires pour l’exercice 2020. Le projet fut discuté et accepté à la quasi-unanimité des élus. Une somme de 70.000 euros fut inscrite au budget pour le lancement des études. S’en suivit un concours d’architectes à l’issu duquel, un lauréat fut désigné. Lors du DOB pour l’exercice 2022, avec l’aval de l’écrasante majorité des élus, une Autorisation de Programme portant sur un crédit de paiement de 18 millions d’euros fut inscrite au budget.

Comme les élus du groupe Saint-Barth d’Abord, vous continuez de plaider en faveur de ce projet initial. Pour quelles raisons ?
Il existe de multiples facteurs qui plaident en sa faveur. D’un côté, le regroupement des élèves de la maternelle et du primaire sur un seul site, relève du simple bon sens. Permettre aux élèves de maternelle de côtoyer ceux du primaire, offre une mixité sociale bénéfique pour tous. D’autre part, le fait de rapprocher les plus petits des infrastructures sportives, constitue un gage de facilité et de sécurité. En effet, pour se rendre aux infrastructures sportives, il suffit d’arrêter momentanément la circulation pour faire traverser les élèves dans un sens comme dans l’autre. S’agissant du collège, sa délocalisation n’a jamais fait l’objet de débats et il n’y a d’ailleurs aucune raison sérieuse qui plaide en ce sens.

Les thèmes du logement et de la circulation routière sont aussi inhérents à ce projet. Comment les envisagez-vous ?
La délocalisation des écoles primaire et maternelle permettrait à la Collectivité de récupérer les locaux de Shell Beach pour l’extension du Collège et ceux de l’école primaire pour être transformés en logements. La parcelle AL 783 où sont installés les Algécos, pourrait quant à elle, servir à la construction d’un projet de parkings au Rez-de-chaussée et de logements à l’étage et ce d’autant plus, que la parcelle limitrophe AL 137, qui avait été mise en espace réservé dans la carte d’urbanisme adoptée par les élus le 4 décembre 2020, vient d’être achetée par la Collectivité. Enfin, il est indéniable que cette délocalisation contribuerait à fluidifier la circulation dans le bourg, tout en faisant gagner quelques places de parkings.

Que répondez-vous à ceux qui anticipent une hausse conséquente de la circulation à Saint-Jean ?
Ecoutez, non seulement le terrain d’assiette concerné par l’implantation de ce nouveau groupe scolaire est situé bien en dehors de l’axe principal Gustavia – Lorient, mais de plus, il est desservi par une voie d’accès à double sens, avec de multiples artères en provenance de Gustavia et des quartiers sous le vent, de Lorient et des quartiers du vent, et de Saline et Lurin. Quant aux nombreuses places de parking existantes, elles sont inoccupées toute la journée. Enfin, pour ce qui concerne les frais découlant des transports pédagogiques, qui sont un peu plus élevés pour les collégiens que pour les élèves du primaire et de la maternelle, la différence est insignifiante par rapport à l’importance de l’enjeu. Dès lors, il est évident que mis à part un regrettable péché d’orgueil, rien, strictement rien ne fait obstacle à la construction d’un nouveau groupe scolaire sur les parcelles AI 724 et AI 789 à Saint-Jean. L’abandon définitif de ce projet serait une faute politique qui tôt ou tard, se retournerait contre ses auteurs.
 


Xavier Lédée, sur la « faute politique »
« Je suis d’accord. Il faut que le dossier avance. C’est tout le sens du budget voté le 21 mars, qui permettra de se projeter sur le projet des écoles dans les prochaines années. »

 

Journal de Saint-Barth N°1562 du 11/04/2024

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