Saint-Barth - Air Antilles

Air Antilles : un avenir en suspens

Le ciel ne semble pas s’être véritablement dégagé pour le groupe Caire (Compagnie aérienne interrégionale express), qui réunit les compagnies Air Antilles et Air Guyane. Certes, depuis l’accident survenu le 24 août (JSB 1530) sur la piste d’atterrissage de l’aéroport Rémy-de-Haenen, à Saint-Barthélemy, les vols d’Air Antilles entre la Guadeloupe et Saint-Barth ont repris, via Saint-Martin. Mais le groupe, placé en liquidation judiciaire le 2 août, ne dispose d’aucune certitude quant à son avenir.
Pas moins de 29 offres de reprises avaient été annoncées pour le groupe. Vendredi 1er septembre à 16 heures, date de clôture du dépôt des offres de reprises auprès du tribunal de commerce de Pointe-à-Pitre, six dossiers ont été enregistrés. Certaines offres sont considérées comme sérieuses, d’autres ont d’ores et déjà été qualifiées de farfelues. Notamment en raison du fait qu’aucune des grosses compagnies aériennes antillaises et ultramarines que sont Corsair et Air Caraïbes ne font partie des repreneurs potentiels. De plus, selon nos confrères de Tourmag, aucun des porteurs des dossiers de reprise ne dispose d’une expérience significative dans la gestion quotidienne d'une compagnie aérienne. « Un point pénalisant quant à la survie des deux compagnies, puisqu'il sera indispensable de repartir de zéro », est-il précisé dans un article consacré au sujet.
Sur les six offres déposées au tribunal, deux concernent une reprise totale du groupe Caire, deux uniquement pour Air Antilles et deux pour Air Guyane. Le cas de cette dernière est très différent de celui d’Air Antilles car la compagnie de Guyane dispose d’une DSP (délégation de service public) signée avec la Collectivité. Ce qui signifie qu’en cas de transition délicate, l’Etat devrait accompagner une reprise de l’activité sur le territoire. Il va sans dire que la situation est totalement différente pour Air Antilles.
L’intégralité des offres n’ont, selon nos informations, pas encore été enregistrées auprès du greffe du tribunal de commerce. Néanmoins, quelques détails ont d’ores et déjà filtrés sur l’identité des porteurs de ces projets et la nature de ces derniers. Tout d’abord, une offre soumise par le groupe Edeis, spécialisé dans l’ingénierie et le management d’infrastructures. « Le groupe emploie plus de 850 collaborateurs répartis entre la division ingénierie (13 agences en France et à Monaco) et la division concessions (19 aéroports en France et en Espagne, 1 funiculaire et 1 train touristique) », est-il précisé sur le site d’Edeis. Cette offre bénéficie de l’appui de la Collectivité de Saint-Martin. Seule difficulté, cette offre impliquerait de ne conserver que 83 des 220 salariés. Un autre dossier de reprise émane du Butterfly Air Group. Une entreprise créée en août 2022 par un ancien pilote d’Air Antilles, Gérald Naine, selon Tourmag. Cette offre porterait sur la reprise de 120 des 220 salariés.
Par ailleurs, il semble que les principaux actionnaires de Caire soient également candidats à la reprise. Sous une forme qui n’a pas encore été dévoilée. Toutefois, compte tenu des conflits à répétition qui ont opposé la direction aux personnels, notamment aux pilotes, depuis de longs mois, nul doute que cette perspective ne doit pas être accueillie avec réjouissance par les salariés.
Quelle que soit l’offre de reprise, il apparaît que le certificat de transporteur aérien (CTA) d’Air Antilles ne pourra pas être transmis au repreneur. Pour une raison simple : c’est le groupe Caire qui en est le propriétaire, pas la compagnie. Par conséquent, si un dossier de reprise unique d’Air Antilles est retenu par le tribunal, les repreneurs seront dans l’obligation de présenter un nouveau dossier. Avec les contraintes et exigences administratives qu’une telle démarche implique.
Avant le 21 septembre, date de l’audience finale, la direction générale de l’aviation civile transmettra un avis sur la crédibilité des propositions de reprise aux administrateurs judiciaires. Le tribunal aura ensuite la lourde tâche de trancher. Lourde car, en cas de rejet de toutes les offres, ce sont 220 emplois directs qui disparaitront.
 

 

Journal de Saint-Barth N°1531 du 07/09/2023

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