Saint-Barth - Air Antilles

Air Antilles ©Safari Caraïbes

Air Antilles dans l’attente du feu vert de l’aviation civile

La reprise des vols a d’abord été annoncée pour le courant du mois de novembre, puis pour début janvier. Mais en ce début d’année 2024, la compagnie Air Antilles n’a toujours pas reçu l’autorisation de reprendre ses vols par la direction générale de l’aviation civile (DGAC). Par conséquent, dans l’attente de ce précieux sésame, Air Caraïbes demeure l’unique compagnie desservant la Guadeloupe et Saint-Martin au départ de Fort-de-France. Pourtant, selon les différentes informations, parfois contradictoires, qui sont évoquées dans les colonnes de médias spécialisés, il apparaît que la délivrance du certificat de transporteur aérien par la DGAC ne devrait plus tarder. Néanmoins, les appareils d’Air Antilles ne semblent pas destinés à reprendre leur vol avant le courant du mois de février. Voire en mars.
Pour mémoire, le certificat de transporteur aérien est indispensable aux compagnies aériennes pour réaliser des vols commerciaux. Il est le document qui atteste de leur capacité à effectuer des liaisons en toute sécurité. Pour Air Antilles, officiellement reprise par la Cipim (holding du groupe Edeis) et la Collectivité de Saint-Martin le 29 septembre dernier, il s’agit avant tout de démontrer que l’entretien et la maintenance des quatre appareils dont elle dispose seront assurés.
Depuis la reprise de la compagnie, une nouvelle société a été créée. Elle porte le nom d’Air Antilles, à la différence de la précédente qui avait été baptisée Caire et qui regroupait Air Antilles et Air Guyane (liquidée). Il s’agit d’une société d’économie mixte (SEM) et locale puisque la Collectivité de Saint-Martin est actionnaire à hauteur de 60%. Les 40% restants sont détenus par la Cipim, qui est donc la holding du groupe Edeis. Une holding étant, pour faire simple, une société qui a pour vocation de regrouper des associés ou actionnaires. Le président directeur général d’Air Antilles a pour nom Jérôme Arnaud, directeur général adjoint du groupe Edeis.
Brieuc Hardy, le délégué du syndicat des pilotes de ligne, a évoqué la situation actuelle dans les colonnes de RCI. «La SEM Air Antilles a déposé, sur la plateforme sécurisée de l'Aviation civile, toute sa base documentaire liée à sa demande d'autorisation, que ce soit en termes d'exploitation ou que ce soit en termes de maintenance, explique-t-il. Maintenant, nous sommes dans l'attente du retour, effectivement, de l'analyse de toute cette base documentaire par les services compétents d'État, de notre autorité de tutelle, l’Aviation civile. Nous devrions pouvoir aboutir à un audit de conformité dès que les services de l'État auront vérifié que toute cette documentation est conforme, effectivement, à leurs attentes et respecte toute la réglementation. » Dans le même temps, les personnels conservés par la nouvelle direction sont également dans l’attente d’une reprise de l’activité.
Ils sont 124 à avoir été gardés par les nouveaux actionnaires d’Air Antilles. Et tous attendent l'ouverture de négociations pour un accord d'entreprise sur la question des conditions de travail et de rémunération. Toujours à nos confrères de RCI, Brieuc Hardy confie l’inquiétude de ces salariés. « Nous sommes suspendus à la décision de l'Aviation civile, souligne-t-il. Nous voyons cette délicate reprise qui s'opère et, pour l'instant, sans les autorisations, nous ne pouvons pas retrouver le ciel de la Caraïbe. C'est une grande attente, effectivement, de pouvoir renouer avec les opérations, retrouver notre clientèle. Et puis, on pense bien évidemment à tous nos collaborateurs de Caire qui ont été licenciés économiques et qui sont obligés de se réinventer, de retrouver un travail. C'est particulièrement difficile à accepter. »
Pour les voyageurs, la situation est, pour d’autres raisons, tout aussi complexe. L’absence de vols directs (autres que ceux opérés par Saint-Barth Commuter quotidiennement mais qui sont rapidement pris d’assaut) entre Saint-Barthélemy et la Guadeloupe, notamment, pose de nombreux problèmes. Sur le plan des tarifs, bien évidemment, mais également des temps de trajets. Pour certains secteurs d’activités, qui dépendent d’échanges avec les services de la Guadeloupe, le fonctionnement se trouve considérablement ralenti.
Sur la question des tarifs et surtout des billets «non volés», donc qui n’ont pas pu être utilisés par les clients en raison de la cessation d’activité de la compagnie, le PDG Jérôme Arnaud a déclaré en novembre dans un article de Tourmag que « s’ils ont été déclarés au liquidateur judiciaire et qu’ils sont sur une ligne que nous continuons à desservir, alors nous nous engageons à les honorer à la place de Caire ». Toutefois, il est à noter que la nouvelle société Air Antilles n’a aucune obligation d’honorer les billets de la société liquidée judiciairement. « Cependant, étant la compagnie des Antillais, nous voulons faire un effort pour réduire les difficultés qui peuvent être rencontrées par les insulaires », avait alors assuré Jérôme Arnaud à Tourmag.
Parallèlement, au niveau des tarifs et dans le but de se démarquer de la concurrence, les nouveaux actionnaires se sont engagés dans leur dossier de reprise déposé au tribunal administratif de Pointe-à-Pitre de revoir à la baisse le prix des billets. Même si le PDG a d’ores et déjà précisé que la compagnie ne sera pas en mesure de revenir sur les tarifs pratiqués en 2019.