Saint-Barth -

Air Antilles à l’arrêt après le crash de la Saint-Barthélemy

Un malheur n’arrive jamais seul. Après le placement en liquidation judiciaire – avec poursuite d’activité – le 2 août de la compagnie aérienne interrégionale Express (Caire), propriétaire d’Air Antilles et d’Air Guyane, un de ses appareils a été à l’origine d’un impressionnant accident sur la piste de l’aéroport Rémy-de-Haenen, à Saint-Barthélemy, le jeudi 24 août. Depuis, l’aéronef gît à quelques dizaines de mètres du tarmac, une aile arrachée. Plus loin, l’hélicoptère de la compagnie West Indies percuté par l’avion d’Air Antilles est recouvert d’une bâche qui masque les dommages subis lors de la violente collision. Un accident qui aurait pu tourner au drame. Fort heureusement, aucun des six passagers et des deux pilotes présents dans l’appareil n’ont été blessés.

Train d’atterrissage défectueux ?
Il est un peu plus de 11h40, le jour des faits, lorsque les pilotes du Twin Otter d’Air Antilles entament leur phase d’atterrissage vers la piste de l’aéroport Rémy-de-Haenen. En raison de vents Nord-Nord-Est plutôt calmes, l’aéronef ne survole pas le rond-point de la Tourmente pour atterrir mais se présente à l’autre bout de la piste, du côté de la baie de Saint-Jean. Tout se déroule de la manière la plus régulière jusqu’à ce que le train d’atterrissage entre en contact avec le tarmac. Le pilote perd soudainement le contrôle de l’appareil. Selon les premières constatations, il semble qu’un problème sur le système de direction ait mal orienté le train et dévié l’avion de l’axe de la piste. L’appareil se déporte sur la gauche et vient percuter un hélicoptère de la compagnie West Indies en stationnement. Fort heureusement, personne n’occupe l’appareil au moment du choc. L’aile gauche du Twin Otter d’Air Antilles est arrachée lors de la collision et sa course folle s’arrête brutalement.
Dès l’annonce de l’accident, les équipes de secours (pompiers, gendarmes, smur) se mobilisent. Par miracle, seule une passagère souffre d’un léger traumatisme. Prévenus alors qu’ils assistent aux cérémonies de la Saint-Barthélemy dans la salle des délibérations de l’hôtel de la Collectivité territoriale, à Gustavia, la première vice-présidente, Marie-Hélène Bernier et le quatrième vice-président Maxime Desouches se rendent à l’aéroport. Il est rapidement décidé de mettre en place une cellule de soutien psychologique à l’attention des passagers et des pilotes. L’avion d’Air Antilles et l’hélicoptère ont ensuite été déplacés pour les éloigner de la piste.

Enquête en cours
Depuis, la brigade de gendarmerie des transports aériens (BGTA) a procédé à de nombreux relevés et autres inspections de l’épave du Twin Otter. Une enquête conduite également par le BEA (bureau d’enquête et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile) doit permettre d’établir les circonstances exactes de l’accident mais également ses origines. Des prélèvements de pièces ont été effectués à Saint-Barth pour être acheminés en Guadeloupe puis à Paris.
L’hélicoptère de la West Indies devrait pouvoir être enlevé dans les prochains jours. En revanche, l’enlèvement de l’appareil endommagé d’Air Antilles nécessite l’aval du procureur de la République et de la BGTA. Par conséquent, il devrait être présent en bordure de piste pour encore quelques temps. Toutefois, l’éventualité d’un risque cyclonique devrait permettre d’accélérer les procédures.

Des repreneurs pour Air Antilles ?
Parallèlement, l’avenir de la compagnie se décide en Guadeloupe. Si la compagnie a repris ses rotations depuis son placement en liquidation judiciaire, non sans quelques perturbations, l’ambiance est des plus délétères chez les personnels. Mélissa Germé, déléguée syndicale SNPCN-FO à Air Antilles, a déclaré à nos confrères de France-Antilles : « Nous ne savons pas s'il y a reprise, comment sera la reprise, nous avons une appréhension. En plus, nos versements de salaires ont été très tardifs et très punitifs car les RH ont déclaré plus de jours de grève que ceux réellement réalisés. Mais nous assurons nos missions et honorons nos vols comme des professionnels. »
Pour l’heure et jusqu’à une éventuelle reprise, la compagnie est gérée par deux administrateurs judiciaires. Le tribunal de commerce avait arrêté la date de dépôt des offres au 1er septembre. Selon les représentants des salariés, interrogés par France-Antilles, pas moins de vingt-neuf repreneurs potentiels se sont manifestés, dont quinze sérieusement intéressés par une reprise. Une nouvelle rassurante car, pour mémoire, Air Antilles assure la desserte de douze destinations dans la Caraïbe (Saint-Martin, Guadeloupe, Martinique, Guyane, Saint-Barthélemy, République dominicaine, Barbade, Miami, Port-au-Prince, Sainte-Lucie, Puerto-Rico, Dominique). Reste désormais à savoir si les candidats à la reprise seront en mesure de convaincre le tribunal de la viabilité de leur modèle économique. Le montant estimé de la reprise serait, à minima, de 15 millions d'euros. Affaire à suivre.

 

Information aux passagers
Pour les passagers qui doivent voler sur Air Antilles dans les prochains jours, il est conseillé de se rapprocher de la compagnie ou de leur agence de voyage pour connaître les démarches à suivre. En effet, il leur faudra se rendre à Saint-Martin pour prendre leur avion. Dans des conditions que leur indiquera la compagnie. Contact à Saint-Barthélemy (comptoir aéroport) : 0590.51.35.92.
Par courriel : vente_sbh@
airantilles.com

 

Journal de Saint-Barth N°1530 du 31/08/2023

Enquête sur le crash d'Air Antilles
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