Saint-Barth - blocage taxis saoudien

Un incident est survenu dimanche dernier à Saint-Jean quand des taxis professionnels ont bloqué les accès d’un parking rempli de véhicules loués et conduits par des chauffeurs clandestins venus de Saint-Martin.

A un souffle de l’incident diplomatique

Il s’en est fallu de peu que Saint-Barthélemy ne devienne le théâtre d’un incident diplomatique impliquant une délégation d’Arabie saoudite. Fort heureusement, les signalements insistants de l’association des chauffeurs de taxis de l’île conjugués à l’intervention ferme de la préfecture et de la Collectivité territoriale semblent avoir permis d’apaiser la situation. Reste désormais à vérifier que les exigences liées au respect des réglementations en vigueur sur l’île seront respectées par les organisateurs du séjour d’une partie de la famille royale d’Arabie saoudite.
Tout a commencé la semaine dernière avec l’arrivée à Saint-Barth de nombreux visiteurs. Plus d’une centaine de personnes, dans un premier temps, répartie dans plusieurs hôtels de l’île. Puis d’autres arrivées ont été enregistrées. Jusque-là, rien d’inhabituel. Les riches visiteurs organisent régulièrement des événements privés auxquels sont conviés nombres d’invités. Dans ce cas précis, néanmoins, le dispositif apparaît très vite comme étant de grande ampleur. Et c’est du côté des transports qu’un problème est rapidement détecté par l’association des taxis.

Incident à Saint-Jean
En effet, l’organisation des déplacements sur l’île a notamment été confiée à une société basée à Saint-Martin. Or, seuls quatre taxis professionnels de Saint-Barth ont été sollicités pour présenter un devis. Et seuls trois ont été retenus. Dans le même temps, plus d’une trentaine de personnes a débarqué de Saint-Martin avant de louer des voitures en prévision des transports à effectuer lors du séjour officiel. Un cortège de chauffeurs et travailleurs non-déclarés qui s’est renforcé de quelques dizaine de personnes supplémentaires dans les jours qui ont suivi. Sans grande discrétion.
Une présence qui a rapidement alerté les chauffeurs de taxis professionnels de l’île. Au point qu’un incident est survenu dans l’après-midi du dimanche 7 avril, à Saint-Jean. Constatant qu’une partie des véhicules de location a été stationnée sur le parking récemment aménagé par la Collectivité derrière le stade, des taxis décident d’en bloquer les accès. Le président de la Collectivité, Xavier Lédée, est averti et se déplace sur les lieux. « Je m’y suis rendu pour expliquer qu’il faut constater une infraction ou un délit avant d’agir, explique l’élu. Je travaille pour impliquer les taxis. Les personnes concernées sont elles-mêmes victimes du prestataire de Saint-Martin. L’idée est de recadrer les choses. Les personnes qui viennent de l’extérieur ne peuvent travailler sans une dérogation du président. En l’espèce, ce n’est pas le cas. » Dès lors, la priorité est que la situation se clarifie et s’apaise. Néanmoins, ce n’est que trois jours plus tard, en l’occurrence hier, mercredi 10 avril, que l’abcès a véritablement été percé.

Fermeté et diplomatie
Dans l’après-midi, une réunion a été organisée avec le préfet de Saint-Barthélemy et Saint-Martin, le directeur de cabinet du président de la Collectivité, le commandant de la gendarmerie des Iles du Nord, la présidente de l’association des taxis et les organisateurs saoudiens du séjour royal. Le représentant de l’Etat comme celui de la Collectivité ont alors rappelé avec fermeté, et toute la diplomatie qui s’ipose en de telles circonstances, que des règles s’appliquent à Saint-Barthélemy pour les visiteurs comme pour leur cercle. Notamment sur le transport de personnes, réservés à des professionnels agréés qui ne peuvent en aucun cas être évincés au profit de travailleurs non déclarés.
Selon l’association des taxis, des solutions doivent être trouvées afin que les professionnels locaux du transport de personne reprennent la main.
Hier soir, la situation semblait donc avoir pris une tournure très différente de celle qui se profilait en début de semaine. En effet, furieux de voir des chauffeurs clandestins venus de Saint-Martin et d’ailleurs pour travailler sous leur nez à Saint-Barth, les taxis locaux envisageaient d’organiser des blocages de la circulation sur l’île. Pire, sans réaction de la part des autorités, en premier lieu de la Collectivité, une telle pratique aurait fait office de précédent.
L’incident diplomatique a donc été évité. Les visiteurs de la famille royale saoudienne et leur cortège d'accompagnateurs vont donc pouvoir festoyer en toute quiétude en ces jours qui suivent la fin du ramadan.

 

Journal de Saint-Barth N°1562 du 11/04/2024

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