Quoi de pire pour un skipper que l’absence de vent? Sans ce carburant dans les voiles, il est tout bonnement impossible de faire avancer le bateau. Et sur une course de vitesse, rester immobile est pénible pour les compétiteurs. Hier, le mardi 6 mai, la flotte atteignait à peine 10 nœuds. Les leaders de la course Wings of the Ocean skippé par Alexis Thomas et Pauline Courtois (au moment du bouclage), avançaient à seulement 5,6 nœuds. Le record revient à l’équipage Skipper Macif (Charlotte Yven / Hugo Dhallenne) qui est resté bloqué un certain temps à une vitesse de 0,9 nœuds. Dès le début de la deuxième semaine de course, aux alentours du 29 avril, cette fameuse zone sans vent a commencé à apparaître sur les radars. Prévue pour la fin de la deuxième semaine de course, cette molle qui barre la route directe pour atteindre Saint-Barth a obligé les skippers à décaler leur trajectoire. Pourtant, les 17 équipages encore en lice se sont montrés timides. « C’est la décision la plus importante de la course », se justifiait Romain Bouillard (Décrochons la lune). Beaucoup ont attendu le dernier moment pour s’engager dans une route précise. « La situation est tellement incertaine qu'on a l'impression que personne ne se place, tout le monde fait attention à l'autre », s’impatientait Thomas André (Cap St Barth).
©Martin Le Pape et Mathilde Géron sur «Demain»
Coup dur pour les leaders
A bord de Cap Saint-Barth, le Breton confiait la difficulté à choisir une trajectoire : « Il va falloir se creuser un peu la tête pour trouver la bonne route. Il y en a une au nord, une plutôt sud et une centrale. Il y a différents arguments et on ne sait pas encore laquelle choisir. On va voir ce que font nos deux concurrents, on va peut-être suivre bêtement pour ne pas prendre de risque. » Alors que certains bateaux semblaient se diriger vers le Sud, toute la flotte a finalement suivi le groupe de tête vers le nord dès la fin de la deuxième semaine de course. Cette option n'était pas pour autant dénuée de risques, selon le directeur de course Francis Le Goff : « C’est comme s’ils avaient quitté l’autoroute et qu’ils étaient sur une petite route de campagne. Il n’y a pas beaucoup de places pour passer et il y a des fossés : en bordure de cette route, des zones de molles sont conséquentes. » À l’image de Skipper Macif, certains équipages sont effectivement restés bloqués dans des zones sans vent. L’instabilité de la météo avec des grains et des orages imprévisibles a en plus donné du fil à retordre aux navigateurs. « On a été bloqué dans un nuage avec de la pluie mais sans vent », confiait Hugo Cardon (Humains en action). Alors que sur Hellowork, le grain était plutôt bénéfique, selon Davy Beaudart : « On est tombé sur un joli grain qui est monté presque à 30 nœuds, c’était vraiment chaud. » Quoi qu’il en soit, tous les équipages ont fini par se heurter à cette zone de molle en amont de Saint-Barth. Les leaders qui étaient les premiers à s’y attaquer, ont été considérablement ralentis, ce qui a permis aux groupe arrière de rattraper son retard. Un coup dur pour Thomas André (Cap St Barth) : « À titre personnel, c’était un peu dur à encaisser de savoir qu’on allait de toute façon se faire rattraper. Jouer une course sur ça, ce n’est jamais facile. On peut être hyper fier de ce qu'on a fait pour l'instant, mais ce n’est pas ce qui va déterminer la suite. »
Un dénouement encore incertain
Comme l’explique Thomas : «L'enjeu ce n’est pas juste de contourner la zone sans vent, c'est aussi de bien se placer pour la suite. » La flotte est désormais regroupée sur une ligne de près de 120 milles (222 km) en latéral, avec trois options qui se dessinent : une très au Nord (comme Cindy et Thomas), le cap vers le Sud ou ceux qui conservent la route directe vers Saint-Barth. Mais pour le moment, il est impossible de savoir quelle trajectoire portera ses fruits, alors que les équipages ne sont plus qu’à 500 milles nautiques de Saint-Barth (926 kilomètres). « Les routages ne s’accordent pas : il y en a un qui récompense les Sudistes, un autre laisse penser que les Nordistes pourraient l’emporter, souligne Yann Chateau, directeur adjoint de la course. Par ailleurs, un constat s’impose. La flotte devrait arriver très groupée avec une poignée d’heures seulement entre la majorité des concurrents. Les écarts seront si faibles que chaque aspect à gérer (les grains, les sargasses, les aspects techniques) aura un rôle déterminant dans la dernière ligne droite ». Selon les dernières estimations, les premiers devraient franchir la ligne d'arrivée entre le jeudi 8 au soir ou le vendredi 9 au matin. Le suspense est encore total.
Les sargasses prisent dans la quille du Figaro Humains en action. ©Humains en action
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