Deux équipages ont été contraints d’abandonner leur rêve de traversée de l’Atlantique : Arno Biston et Vittoria Ripa Di Meana sur Article 1 puis Jules Ducelier et Sophie Faguet sur Région Normandie. A chaque fois en raison de spis déchirés.
Cela fait partie des paramètres à prendre en compte dans la course : l’avarie. Les navigateurs de la Transat Paprec embarquent avec beaucoup de matériel de rechange pour parer à toute éventualité. Cette année encore, des skippers ont déjà eu la mauvaise surprise de faire face à un problème technique. Mercredi 23 avril dans la soirée, Lola Billy et Corentin Horeau, du bateau Région Bretagne - CMB Océane ont constaté une avarie sur leur safran bâbord suite à un choc avec un débris flottant. Le duo a alors suivi une démarche particulière pour respecter les règles de la course. Lorsqu'un tel problème survient, les skippers sont tenus de prévenir la direction de course. «Très souvent, heureusement, ils peuvent réparer directement, explique Francis Le Goff, directeur de la course. Il y a eu des grand-voiles déchirées par exemple, ils affalent la grand-voile, puis ils vont réparer avec le matériel qu'ils ont à bord. » Mais lorsque la casse est plus importante, les compétiteurs sont contraints de dérouter sur les côtes ou l’île la plus proche, comme c’était le cas pour Région Bretagne - CMB Océane qui a rejoint Cascais, au Portugal.
Mercredi 23 avril, le duo de Région Bretagne-CMB Océane, Lola Billy et Corentin Horeau a fait une escale technique à Cascais (Portugal) pour effectuer un changement de safran avant de reprendre la course.
© Région Bretagne-CMB Océane.
Déplomber le moteur
Les skippers doivent alors se rapprocher le plus possible d’un port à la voile. Ils préviennent ensuite la direction de course qui les autorise à déplomber leur moteur. « Ils vont faire une photo du scellé avec un code qu'on va leur donner, prouvant que le plomb vient d'être coupé », décrit le directeur de course. Et c’est seulement à partir de ce moment-là qu’ils peuvent avoir une assistance technique, par exemple appeler des connaissances ou des entreprises sur place pour savoir où réparer leur matériel. Bien sûr, il est toujours interdit de demander des informations météorologiques. Le duo composé de Lola Billy et Corentin Horeau a pu bénéficier de l’aide d’un membre de leur équipe technique qui est venu de Bretagne leur amener un nouveau safran. Une fois cette halte effectuée, les skippers sont retournés au positionnement exact où ils avaient déplombé le moteur, afin de le mettre de nouveau sous scellé pour reprendre la course. Même s’ils ont pu rejoindre la flotte rapidement, cette avarie a engendré un lourd retard. «C'est très lourd de devoir s'arrêter parce que, comme ce sont des bateaux absolument identiques, ils ont des vitesses qui sont très proches », explique Francis Le Goff.
Deux abandons
Maintenant que les skippers se sont engagés dans l’Atlantique, une importante avarie de matériel est souvent synonyme d’abandon. Dans la nuit de samedi à dimanche, le duo Arno Biston et Vittoria Ripa Di Meana ont dérouté vers les Canaries pour tenter de réparer leurs spinnakers qui se sont déchirés. Arrivé à l’aube ce lundi matin, l’équipage d’Article 1 a évalué toutes les possibilités avant de prendre la décision de renoncer à la course. « Ils ne pouvaient pas repartir avant mercredi, souligne le directeur de course. Donc, imaginez où seraient les autres bateaux à ce moment-là ? » D’autres équipages ont subi aussi des problèmes techniques comme Mathilde Géron et Martin le Pape (Demain) qui ont eu un accroc sur leur spi, où le jeune duo embarqué sur Les Banques Alimentaires, Pier-Paolo Dean (20 ans) et Tiphaine Rideau (19 ans), qui a « tapé quelque chose sous l’eau qui a eu un impact sur la quille ». Rien de trop handicapant pour le moment puisqu’ils ont poursuivi leur route en direction de Saint-Barth. En cas d’avarie au beau milieu de l’Atlantique, les skippers devront compter sur l’assistance des cargos évoluant dans le secteur ou de leurs propres adversaires.
Le mardi 29 avril, c’est au tour de Jules Ducelier et Sophie Faguet sur Région Normandie d’annoncer leur abandon. La raison de cette décision : l’impossibilité de réparer leurs deux spis A2, endommagés. Les deux marins figuraient dans le «top 10 » depuis la descente des côtes portugaises et se positionnaient à la 3e place la veille de leur déchirante décision.
Ce mardi après-midi, Jules Ducelier et Sophie Faguet, skippers de Région Normandie, ont annoncé leur abandon. En cause : l’impossibilité de réparer leurs deux spis A2, endommagés ces derniers jours. Ils ont donc décidé de faire demi-tour. ©Transat Paprec / V. Olivaud
La citation de la semaine : Francis Le Goff, directeur de course « Très honnêtement, l’équipage Cap Saint-Barth nous a surpris. Parce que là, ils ont quand même affaire à des gens qui ont beaucoup d'expérience. Sur le Skipper Macif par exemple, Charlotte Yven a gagné la dernière édition. Elle navigue avec Hugo Dhallenne, qui est un très bon marin aussi et tous les deux connaissent très bien le Figaro. Thomas et Cindy, eux, se sont super vite adaptés, ils ont fait de très belles trajectoires. Et on est agréablement surpris de leur performance. Ils sont dans le groupe de ceux qui sont capables de gagner. » |