« On a du mal à récupérer. C'est pareil pour tout le monde, mais ça va prendre du temps. » Moins de 48 heures après avoir franchi la ligne d’arrivée en 16e et avant-dernière position, Tiphaine Rideau ne cache pas son épuisement. Tout comme son équipier, Pier Paolo Dean. «On a pris cher, lance-t-il. C’était dur. Mais c’était une course incroyable ! » Sur Banques Alimentaires, les deux plus jeunes skippers (Tiphaine est âgée de 19 ans et Pier Paolo de 20 ans !) ont vécu une course au large des plus mouvementées. Comme de nombreux équipages, mais avec l’expérience en moins. «Arriver neuf heures après les premiers, après tout ce qu’on a connu, c’est une satisfaction et une grande réussite », assure Tiphaine.
Jusqu’à présent, les deux jeunes navigateurs n’avaient jamais passé plus de quatre jours en mer. Parmi les meilleurs mondiaux en voile légère, ils ont fait le choix de se lancer dans la grande aventure de la Transat Paprec. « On s’est préparé pour quelque chose que l’on ne connaissait pas vraiment », explique Pier Paolo. « On nous avait prévenu qu’en raison de notre âge on aurait un peu de mal avec les phases de sommeil mais aussi avec le soleil, se souvient Tiphaine. On s’est aussi rendu compte que l’on avait fait des mauvais choix. » Pier Paolo confirme : « On a eu une mauvaise gestion du sommeil, du matériel. On a pété un spi, une drisse… Mais on ne partait qu’avec un objectif : réussir à arriver. Ça peut ne pas paraître très motivant comme ça, mais ce qu’on a vécu est tellement puissant, avec des situations que l’on n’aurait pas pu prédire. Surtout, notre force, c’est qu’on a réussi à résoudre tous nos problèmes ! » Et Tiphaine de s’enthousiasmer : « On est monté au mât en pleine mer pour la première fois ! Les autres aussi ont eu de la casse. On a réussi à s’en sortir. Même si c’était parfois très dur mentalement et physiquement. » Surtout avec les sargasses. « A l’arrivée, toutes les cinq minutes il fallait aller à l’avant pour les retirer, peste Tiphaine. En descendant le longd e l'Afrique, il y en avait déjà. Mais plus on avançait et. pire c'était. Pour moi, physiquement c'était difficile. Pour Pier Paolo, mentalement, c'était difficile. Il pétait les plombs !" Et le jeune skipper d'acquiescer : "c'était un combat permanent."
Malgré les épreuves, les deux jeunes skippers sortent grandis de leur traversée. « J’ai appris énormément sur les aspects techniques, affirme Tiphaine. Vingt jours comme ça, c’est enrichissant pour la suite. D’ailleurs, ça donne envie d’y retourner ! Mais pour la performance cette fois, pour gagner. » Comme celle qu’elle admire tant, Charlotte Yven. « C’est mon modèle », glisse Tiphaine. Il ne lui reste plus qu’à suivre le sillon de la double tenante du titre de la Transat Paprec.