Saint-Barth -

Edition décalée, départ différé, début mouvementé

Ils sont partis… Enfin ! Après deux reports, c'est finalement à 13 heures tapantes (heure locale) ce mercredi 12 mai 2021 que les 18 duos sur les rangs de la Transat en double Concarneau-Saint Barth ont mis les voiles. Devant les étraves de la flotte des Figaro Bénéteau 3 s'ouvre le traditionnel parcours de 3 890 milles théoriques (environ 7 500 km) qui fait la légende de la course en direction de Gustavia, via un passage obligé par les Canaries. Dans un contexte météo agité, les 33 garçons et les trois filles engagés cette année avaient enfilé les bonnets, le bottes, et les combinaisons sèches en prévision d'un début de transat humide et tonique. Preuve s'il en est que cette année plus encore, la douceur tropicale qui les attend toutes et tous se méritera d'entrée de jeu…

Décidément, c'est avec des vents contraires, que l'incontournable Transat en double (ex AG2R La Mondiale) du circuit Figaro viscéralement attachée depuis son origine à l'île de Saint Barth, doit composer. Mais c'est sans compter avec la farouche envie d'en découdre des 18 duos qui répondent à l'appel de cette 15è édition, pressés de se jeter dans le grand bain de cette traversée qui leur a fait faux bond l'an passé en raison de la crise sanitaire. Prévu dimanche dernier, le coup d'envoi de la course, qui donne lieu à un protocole drastique, a dû être différé de plus de 72 heures pour tenir compte des centres dépressionnaires successifs qui agitent depuis quelques jours les côtes bretonnes et lèvent une mer casse bateau. Sale temps au cap Finisterre, la flotte a dû ronger son frein à terre. Mais à force de patience, c'est à 13 h précises ce mercredi que le départ a été donné dans des conditions musclées plus dignes d'une transat d'automne aux 18 tandems qui composent un joli plateau où se mêlent fidèles favoris, impétueux jeunes talents et quelques rares valeureux amateurs.

Pas l'émotion, ni la foule, des grands jours

Sur les pontons de Concarneau où la flotte piaffait d'impatience aux amarres qui la retenaient depuis plus d'une semaine au plancher des vaches, les affaires sérieuses ont commencé sur les coups de onze heures (17h, heure bretonne). Les 36 marins ont rejoint un à un - mais en binôme tout de même !  leur bateau, tous équipés comme s'ils partaient sur le Vendée Globe ou la Route du Rhum. Si en raison du décalage de ce départ prévu initialement dimanche dernier, il n'y avait ni l'émotion, ni la foule des grands jours, la présence de quelques stars, à l'image de Pascal Bidégorry ou de Charlie Dalin, le vainqueur de 2012 qui avait d'ailleurs déjà commenté le prologue de dimanche dernier, donnait toute la mesure de cet événement tant attendu des deux côtés de l'Atlantique.

« On va s'en prendre plein la tronche »

Qu'ils soient novices ou rompus à l'art de déjouer l'océan, tous se préparaient à vivre des premières heures de navigation qui n'auront rien d'une partie de plaisir dans le contexte météo très agité qui sévit depuis quelques jours sur les eaux du golfe de Gascogne. Les quelques rayons de soleil qui perçaient le ciel finistérien dans l'après-midi ne trompaient personne. A commencer par Anthony Marchand associé à l'unique précédent vainqueur présent cette année, Fabien Delahaye, qui plante le décor de ce début de course qui s'est laissé tant désirer. « Ce sera sur un seul bord du coup, du « tout droit » avec quelques petits changements de voile. On aura 25-30 nœuds de vent moyen mais il y aura des rafales. C’est du près ouvert - reaching, donc ça va plutôt vite mais ça va mouiller. On va en prendre plein la tronche mais ça ne dure pas longtemps. Ce sera un dégolfage assez rapide », détaillait à l'heure de quitter le ponton celui qui compose, à bord de Groupe Gilbert, l'un des deux binômes les plus cités parmi les gros candidats à la victoire finale.

Même topo du directeur de course, Francis Le Goff, qui depuis un semi-rigide balloté dans tous les sens sur la zone de départ annonçait « une première nuit très engagée qui obligera aux skippers de bien anticiper toutes les manœuvres à bien accomplir dès les premières longueurs, pour ne pas connaître une fâcheuse avarie à l'entame de cette course au long cours. » En tout cas, c'est ce qu'on a cru comprendre, ou deviner à demi-mots, à l'écoute du direct en ligne sur la page Facebook de la course, où les mouvements de caméra et le bruit strident du vent dans le micro reflétaient bien l'ambiance de ce départ au débotté.

Dans tout ça, on retient que les premières heures de course à bord du Figaro 3, le nouveau support monotype équipé de foils qui dispute sa toute première traversée sur cette 15è édition, aura bien tous les atours d'un baptême du feu sur l'eau. A la dure en mode grand lavage d'entrée de jeu ! Pas de quoi pour autant entamer les ardeurs et l'enthousiasme d'Elodie Bonafous, qui dispute aussi sa première transat en compagnie de Corentin Horeau à bord de Bretagne CMB-Océane. « Je suis vraiment super contente de partir. Enfin ! J'ai confiance en notre binôme. Bien sûr je ressens un peu de pression, mais je sais qu'elle se dissipera dès la ligne de départ franchie », confiait-elle, prête à enfiler son ciré taillé pour le gros temps. Quant à Miguel Danet qui remet le couvert pour une troisième fois avec son copain Eric Peron à bord de (L'Egoïste)-Cantina St Barth, il n'était pas en reste à l'heure d'appareiller… « Rendez-vous dans environ 20 jours de l'autre côté. Supportez nous. On est là ! » Tout est dit !