Lors de son discours du 24 août dernier, à l’occasion de la fête patronale de la Saint-Barthélemy, le président de la Collectivité territoriale avait annoncé son intention d’organiser des «rencontres territoriales » sur différents thèmes. Le premier volet de ces rendez-vous voulus par Xavier Lédée s’est tenu le jeudi 13 novembre, dans la salle des délibérations de l’hôtel territorial. Le thème, on ne peut plus vaste, en était « tourisme et attractivité ». Pour les personnes qui découvrent Saint-Barthélemy, cette première édition des "rencontres territoriales" a sans doute permis d'apprendre de nombreuses choses sur les problématiques de l'île. Pour les autres, elle n'a été que peu instructive. Les interventions et autres échanges n'ayant porté que sur des sujets maintes fois évoqués.
Réunis autour du président, qui trône au centre de la salle, de nombreux socio-professionnels représentants l’hôtellerie, la restauration, le commerce et d’autres secteurs d’activité. Des élus, également, et une petite poignée d’habitants. Afin de médiatiser l’événement, à l’instar de chacune des sorties de Xavier Lédée, le désormais habituel dispositif audio-visuel a été déployé : quatre caméras, deux cadreurs, un réalisateur, le tout pour une diffusion en direct. Voici pour le décor, ou la forme. Pour ce qui est du fond, il s’est avéré un peu moins ordonné.
Une série de thèmes, pêle-mêle
Ainsi, pendant plus de trois heures, différents membres de l’assistance sont intervenus pour évoquer des thèmes variés. Sans fil conducteur ni ligne directrice, pêle-mêle, des sujets divers et variés ont été évoqués ; les problèmes de circulation, le rôle et l’investissement des établissements hôteliers, les difficultés d’accès au logement, la hausse de la population locale et de passage, la préservation de l’environnement, la gestion du ramassage des sargasses et les moyens de lutte envisagés, la sécurité, la régulation du Airbnb, l’accès à l’emploi local notamment pour les jeunes de l’île, les problèmes liés à la circulation routière, la perte d’identité et d’authenticité de l’île, l’évolution de la clientèle touristique, la position et l’influence des « groupes » qui investissent sur l’île, etc. Au-delà de ces thèmes récurrents, car évoqués lors de chaque réunion ou discussion portant sur la situation de l’île et son évolution, et parfois nourris de lieux communs, ce sont des remarques formulées au fil de la soirée qui semblent devoir être relevées. Même si, comme les thèmes précédemment cités, elles ont déjà été maintes fois exprimées depuis quelques années.
Des inquiétudes récurrentes
Tout d’abord, l’inquiétude des commerçants de Gustavia, exprimée par la voix du président de leur association, Edouard Lacour. Il a ainsi évoqué une fréquentation en baisse ou encore une circulation qui rend Gustavia quasiment « impraticable ». Comme en février 2024 lors d’une réunion qui s’est tenue à la capitainerie, en présence du président Lédée. Rien de nouveau, en somme. Si ce n’est des inquiétudes grandissantes face à des solutions qui tardent à être trouvées.
Une île qui change, à l’image de ses visiteurs ou de sa clientèle, selon la formulation choisie. « Il y a des choses qu’il faut que l’on régule pour protéger notre économie locale », déclare un chef d’entreprise. « J’entends tout ce qui est dit sur l’équilibre de Saint-Barth, explique un jeune homme. J’y suis né, j’y ai grandi, et je trouve que depuis les trois dernières années, il y a eu une accélération. Je me demande comment ça va évoluer. » Le même intervenant remarque : « Il y a une incohérence à vouloir donner du travail aux Saint-Barths sans pouvoir les loger. On n’est plus à l’heure de la qualification mais de la possibilité de se loger. »
« On s’est peut-être laissé emporter »
Face aux critiques formulées à l’encontre des « groupes » qui investissent sur l’île, un autre jeune intervenant recadre le débat : « L’île évolue et les groupes ont amené énormément. Il n’y a que des groupes qui sont capables de racheter les établissements. Très peu de locaux en ont les moyens. Si quelqu’un veut vendre un bien demain, il sera content de trouver un groupe pour l’acheter. Pour les biens à louer, les gens vont d’abord voir les groupes parce qu’ils savent qu’ils pourront en tirer deux fois plus. On n’aime pas les groupe, sauf quand ils nous font gagner de l’argent. » L’excès, un autre sujet soulevé au cours de la soirée. «On s’est peut-être laissé emporter en voulant répondre à tout », glisse le président de la Collectivité.
En conclusion, si ce premier volet des « rencontres territoriales » n’a fait émerger ni préoccupations nouvelles ni solution concrète, il confirme qu’une réflexion et un travail de fond sont à mener sur le devenir de l’île. Un travail déjà entamé par ailleurs au sein du Comité du tourisme, par le biais d’un audit sur « le Saint-Barth de demain ».
