Saint-Barth - Nils Dufau

Nils Dufau : « Pour éviter le tourisme de masse, il faut de la qualité »

Si le climat de la saison touristique s’est quelque peu adouci, elle n’en est pas terminée pour autant. Toutefois, lors du conseil territorial du vendredi 4 février, le président du Comité du tourisme, Nils Dufau, a tenu à effectuer un bilan de « mi-parcours ». Un long point d’étape au cours duquel le 2e vice-président de la Collectivité a livré un bilan chiffré mais est également revenu sur son intervention du 28 janvier. Pour mémoire, dans une lettre adressée aux restaurateurs et professionnels du tourisme de l’île, il avait soulevé et dénoncé des dérives constatées depuis le début de la saison chez des employés et au sein de certains établissements de l’île.
« Si le monde entier a été fortement bridé par le Covid au niveau du tourisme, Saint-Barth on s’est plutôt bien débrouillé, assure Nils Dufau. Grâce à des restrictions moins dures qu’ailleurs, nous avons pu travailler. Nous avons beaucoup de touristes fidèles qui continuent de croire en Saint-Barthélemy. » De fait, le début de la saison s’est amorcé bien plus tôt qu’à l’habitude, fin octobre. « Si cela a été bien vécu par tous et que ça nous a permis de compenser (des périodes plus creuses), ça ne veut pas dire que ce sera la même chose en octobre prochain », avertit l’élu.
Pour appuyer son bilan de mi-saison, Nils Dufau se réfère dans un premier temps aux chiffres fournis par la direction de l’aéroport. Ceux-ci montrent notamment que les mouvements de passagers sont en hausse de 23,7% en 2021 par rapport à 2020. Néanmoins, la fréquentation en cette même année 2021 s’affiche en baisse de 20% comparée à l’année de référence qu’est 2019. « En revanche, on peut voir une très belle reprise en début de saison avec des mois d’octobre, de novembre et de décembre 2021 qui sont à +16,4% par rapport aux mêmes mois de l’année record 2019 », constate le président du CTTSB. Une tendance qui semble se confirmer en janvier 2022 avec une hausse de 10,5% par rapport à 2019. Autre curiosité, qui montre que 2021 n’a véritablement pas été une année comme une autre en terme de tourisme, une augmentation de la fréquentation de l’aéroport de 20% en juillet, toujours en comparaison avec 2019.

« Fidéliser notre clientèle »
Lorsqu’il aborde la question du taux de remplissage des établissements hôteliers, Nils Dufau déclare : « D’un point de vue théorique, on peut recevoir à Saint-Barthélemy 6.000 personnes logées sur l’île. S’y ajoutent 4.000 personnes sur les bateaux et les yachts. Cela signifie que sur un moment très court et exceptionnel, pour le 31 décembre, nous pouvons accueillir 10.000 personnes. Ça veut aussi dire que la population locale reste majoritaire, ce qui est une bonne chose puisque dans certaines zones très touristiques, on voit la population tripler ou plus pendant certaines périodes. » Il tempère toutefois : « Nous avons eu beaucoup, beaucoup de monde. C’est peut-être ça qui a été un problème. Car quand ça chauffe pendant les pics... On a eu des plaintes de clients par rapport aux villas ou à certains restaurant dans lesquels le personnel a pris les clients de haut. Que ce soit des résidents ou des clients qui viennent de l’extérieur. On a déjà eu des signes comme ça par le passé, mais là on a vu que ça pouvait être assez intense dans cinq ou six restaurants pour lesquels on a eu les mêmes remontées. »
Nils Dufau rappelle que le CTTSB a notamment pour priorité de s’assurer du maintien d’une qualité des services proposés aux touristes et aux clients en général. « Nous sommes d’accord que nous ne voulons pas de tourisme de masse à Saint-Barth. Pour ça, il faut de la qualité, pas de la quantité. Si on perd la qualité, on perd tout. Car on ne pourra jamais faire de tourisme de masse et de toute façon personne n’en veut, ni les professionnels, ni les élus ni la population. » Il insiste sur le fait que 50% des touristes sont des personnes qui reviennent régulièrement. «Le Comité territorial du tourisme ne cherche pas à développer le tourisme, car il l’est déjà suffisamment, précise-t-il. En revanche, nous agissons pour fidéliser notre clientèle d’habitués et ceux que nous estimons adaptés aux spécificités de notre territoire. Il ne faut donc pas s’endormir sur ses lauriers et préserver ce que nous avons.»

   

Journal de Saint-Barth N°1459 du 10/02/2022

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