Saint-Barth -

Les Clefs d’or de l’excellence

Dans l’imaginaire collectif, un ou une concierge est bien souvent un personnage aussi utile qu’un tantinet envahissant et qui loge au rez-de-chaussée des immeubles. Il va sans dire que le métier, exercé dans un établissement de luxe, ne correspond en rien à cette description. Encore moins lorsque ceux qui l’exercent arborent des Clefs d’or au revers du col de leur chemise. En France, ils sont environ 400. Dans le monde ? Près de 4.000. A Saint-Barthélemy, pour l’heure, ils sont trois. Une femme, Olivia Vidal, cheffe adjointe concierge depuis novembre 2021 au Rosewood Guanahani, et deux hommes : Stéphane Carou, chef concierge au Rosewood Guanahani, et Benjamin Carrara, chef concierge au Carl Gustaf. Trois membres d’une association mondiale dont les objectifs au quotidien sont d’assurer des standards de qualité de service au plus près de l’excellence.
La dernière à avoir obtenu ses « galons » est Olivia Vidal, en 2022. Non sans fierté. Car devenir membre des Clefs d’or nécessite expérience, connaissance et détermination. « Il faut avoir cinq années dans le métier dont trois en conciergerie pure, explique Olivia. Il faut aussi trois parrains qui ont déjà leurs clefs d’or et qui sont actifs. » Mais ce n’est qu’un point de départ.

« Plus légitime dans la profession »
Ensuite, la candidate (ou le candidat) doit rédiger une candidature écrite sous la forme d’une lettre de motivation dans laquelle elle évoque son parcours, l’établissement dans lequel elle travaille, etc. Enfin, pour les plus convaincants, arrive une convocation à un entretien avec sept membres du comité des Clefs d’or de France. « Ils vous bombardent de questions sur notre motivation, l’histoire des clefs d’or, sur Saint-Barthélemy aussi », détaille Olivia dans un large sourire. Quelques semaines plus tard, elle a pu épingler ses Clefs d’or à sa tenue. « J’ai senti une différence dans le rapport avec les clients et, surtout, je me suis sentie plus légitime dans la profession », assure-t-elle. En somme, une forme de consécration pour la jeune femme qui est détentrice d’un BTS (brevet de technicien supérieur) dans l’hôtellerie et la restauration mais qui est aussi diplômée du lycée des métiers de l’hôtellerie et du tourisme de Toulouse. Le seul établissement de France qui dispense une formation en conciergerie d’hôtel. Une trajectoire qui l’a conduite dans de grands établissements de France (le Bristol, le Marriott, le Royal à Deauville), en Australie, au Canada et… à Saint-Barth, bien entendu. Une première fois au Guanahani puis au Cheval Blanc et, après la longue période du Covid, au Carl Gustaf avant de revenir au « Guana » pour la réouverture en 2021. «J’étais très content de la retrouver », glisse Stéphane Carou.

« La conciergerie, c’est ici ! »
Lorsque l’expression « d’ancien de Saint-Barth » est prononcée, il n’est pas rare qu’elle soit accolée au nom de Stéphane Carou. Non pas en raison de son grand âge, mais parce qu’il exerce sur l’île depuis 1996. « J’ai débarqué par hasard après avoir travaillé à Méribel et en Provence », raconte le chef concierge. Et lorsqu’il «débarque », c’est pour travailler au… Guanahani. «J’ai gravi les échelons, j’ai même créé la conciergerie, se souvient-il. D’abord tout seul, et puis on a été deux, trois et maintenant quatre. Pour moi, la conciergerie, c’est ici ! » Entendez, au Rosewood Guanahani, où il a décroché ses Clefs d’or en 2002. Pour le troisième détenteur des Clefs d’or, en revanche, c’est au Carl Gustaf, à Gustavia, que la musique se danse.
Comme pour Stéphane Carou, l’histoire de Benjamin Carrara avec Saint-Barth est déjà longue. En effet, c’est en 2007 qu’il a posé pour la première fois ses valises sur l’île. « Le 16 novembre », se remémore-t-il avec précision. Grâce à un coup de fil de… Stéphane Carou. Car les Clefs d’or, c’est aussi et surtout un réseau de professionnels. « Il a demandé au bureau des Clefs d’or à Paris s’il y avait quelqu’un de disponible rapidement, raconte Benjamin. Le bureau m’a vivement recommandé. Il m’a appelé un vendredi pour commencer le jeudi suivant. Le lundi, j’ai dit oui. » Et c’est ainsi qu’il s’est retrouvé, lui aussi, au Guanahani.

« Je ne me vois pas faire autre chose »
Il débute comme assistant concierge avant de solliciter et d’obtenir, sous le parrainage de Stéphane Carou, ses Clefs d’or en 2012. « J’ai travaillé onze ans au Guanahani, jusqu’en novembre 2018, précise Benjamin Carrara. Irma (l’ouragan de catégorie 5 qui a ravagé Saint-Barth en septembre 2017, ndlr) m’a beaucoup marqué. »
Par conséquent, après son départ, il décide de « souffler » un peu. « J’ai passé Noël en famille pour la première fois en quinze ans », sourit-il. Il reprend ensuite du service dans quelques prestigieux établissements de l’Hexagone avant d’être contacté par le groupe Barrière. Le 3 mars 2019, il est de retour sur l’île mais, cette fois, au Carl Gustaf. «J’aime être concierge d’hôtel, confie-t-il. Ce qui m’anime, c’est de fournir un service de qualité, de voir revenir les clients, de rendre des choses possibles alors qu’a priori, elles ne le sont pas. Je ne me vois pas faire autre chose pour l’instant. Et puis je suis très attaché à l’île. »
Pour Olivia, Stéphane et Benjamin, l’excellence est donc la règle. Le principe même des Clefs d’or qui, si tout se passe bien, devrait compter un quatrième membre à Saint-Barth dans les prochains mois.

 

Une organisation créée en 1929

Les Clefs d’or France sont nées en 1929 par Pierre Quentin. L’organisation va ensuite s’étendre à une échelle mondiale et inspirer de nombreux établissements de luxe. « Le Concierge "Clefs d'Or" est la clef de voûte d'un service personnalisé dans un hôtel de luxe », assure le président, Dimitri Ruiz, chef concierge à l’hôtel Barrière Le Fouquet’s à Paris. « Être Clefs d'Or, c'est la garantie de valeurs, d'un savoir-faire et d'un service par l'excellence du métier de Concierge d'Hôtel, précise-t-il. Les Clefs d'Or, c'est aussi une formation de jeunes concierges en partenariat avec l'Éducation nationale, grâce au lycée hôtelier de Toulouse et l'intervention de Clefs d'Or tout au long de l'année.

Journal de Saint-Barth N°1508 du 23/02/2023

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