Saint-Barth -

Paradis des yogis

Prendre soin de soi, s’écouter, soigner son esprit et son corps… La recherche du bien-être sous toutes ses formes est en pleine expansion dans le monde entier, et Saint-Barthélemy pourrait bien être une figure de proue de cette tendance.


Les rayonnages “développement personnel” prennent de plus en plus d’importance dans les librairies et bibliothèques, les ateliers yoga, méditation, huiles essentielles, ou nutrition fleurissent. Saint-Barthélemy pourrait bien faire figure de temple de cette tendance bien-être. On ne compte plus les offres de stage et ateliers de type “Reconnexion avec l’enfant intérieur”, “Danse du mouvement de la vie”, “Méditation et chakra du cœur”, “Communication non violente”, etc. Tous s’y mettent : femmes, hommes, enfants, touristes, locaux.

La discipline reine de ce mouvement est le yoga. Fort de plus de 250 millions de pratiquants dans le monde, la façon de le pratiquer est quasi infinie, comme le suggère la définition du terme dans le dictionnaire Larousse : “Discipline spirituelle et corporelle qui vise à libérer l’esprit des contraintes du corps par la maîtrise de son mouvement, de son rythme et du souffle.”
« Quand je suis revenue m’installer ici en 2010, nous étions quatre profs de yoga à Saint-Barthélemy », se souvient Nanda Mortier. « Quatre ans plus tard, nous étions quatorze. » Tous ne travaillent pas à temps plein, mais tous travaillent. « Les gens prennent conscience depuis quelques années qu’ils ont besoin de spiritualité, d’amener plus de profondeur à leur existence. » Avec Elisa, une autre professeure, elles ont créé la société Body & Soul, qui au-delà du seul yoga propose des programmes bien-être complets aux touristes : relaxation, massages, cours de yoga, balades en nature, et repas sains servis directement dans les hôtels, villas et sur les yachts des clients. « Les touristes viennent pour le côté fête de Saint-Barth, mais l’associent à une demande bien-être, la journée. » L’hôtel Le Manapany en sait quelque chose : il propose des ateliers yoga à ses clients, au bord de la piscine du spa, chaque matin. Un rendez-vous très apprécié de la clientèle. Les déclinaisons du yoga sont infinies : Saint-Barthélemy est connue pour la pratique sur paddle, avec notamment deux femmes qui s’en sont fait une spécialité, Aminata et Carolina. Aux Etats-Unis, le yoga aérien (sur des sortes de hamacs) ou le yoga avec des bébés chèvres ou des chiots sont la dernière mode...







Une association bien-être
Il y a quelques années, Nanda et trois autres spécialistes ont créé l’association Saint Barth Yoga & Wellness, qui regroupe toutes les offres yoga et permet aux professeures de se coordonner. « Le but était aussi de promouvoir tout le côté bien-être de l’île. Chaque professeur offre un style différent, et via l’association, chacun peut piocher ce qu’il préfère. » Aujourd’hui, la présidente de l’association est Lorraine Rétif. « Quand je suis arrivée il y a douze ans, il n’y avait pas tout ça. L’association fonctionne comme un annuaire. Mais le rêve, à terme, serait de trouver des fonds pour faciliter l’accès aux formations pour les profs de Saint-Barth. » Cette bourguignonne de 31 ans, dont le père est prof de yoga, s’est plongée dans la discipline grâce à Nanda, à son arrivée sur l’île. « Saint-Barth est un lieu idéal pour l’évolution spirituelle. Energétiquement, l’île est parfaite », assure-t-elle. « Ce qui se développe ici, c’est un miroir de New York, sauf que nous n’avons pas, contrairement à eux, une surenchère et un esprit de compétition parmi les professionnels. En ce qui me concerne, j’aime pratiquer avec différents professeurs, car chacun m’apporte quelque chose d’unique. »

Sans salle de pratique suffisante pour tous ces cours de yoga, ils fleurissent un peu partout sur l’île, le mercredi matin à Shell Beach, le samedi sur les quais de la Collectivité… Sunita Bhatia, Canadienne de 43 ans, dispense des cours sur son temps libre, sur la plage, à des locaux autant qu’à des touristes. « Chaque mois, je vois arriver de nouvelles personnes. Parfois il n’y en a qu’une, parfois quinze », dit-elle. Issue d’un père indien, la discipline s’est transmise chez elle comme une tradition culturelle. Elle y associe une compétence de masseuse (souvent demandée sur les yachts) et des ateliers sur l’utilisation des huiles ­essentielles.
A les écouter toutes les trois, il semble que le yoga, une fois qu’il les a mordues, ne les a plus lâchées et influe sur tous les aspects de leur existence. « Quand j’avais 20 ans, j’étais très active, nerveuse, je cherchais quelque chose pour me détendre. C’est ce que le yoga m’a apporté », se souvient Sunita. « La perle que le yoga m’a donnée, c’est les relations avec les autres. Dans ce milieu, les liens sont faits de respect, de bienveillance envers l’autre, sans condition. Une fois la confiance établie, on peut se présenter sans masque ni bagage vers les autres », explique Lorraine, qui évoque « un vrai sentiment de réconfort au sein de cette communauté. » « J’ai longtemps travaillé dans les équipages de yacht. Vivre avec quinze personnes en permanence, dans une ambiance festive… Au bout d’un moment, j’avais l’impression que j’étais sur le point de perdre toute profondeur », raconte Nanda. Elle est alors partie en Inde, a suivi plusieurs stages, des formations au sein d’un ashram. « A la sortie, j’étais tellement différente ! Tout a changé. J’avais le sentiment de prendre des décisions justes, d’être en accord avec moi-même, et je parvenais à accepter les problèmes. » Un sentiment de félicité tel qu’elle en a fait un mantra. « On peut l’appeler une philosophie, dans le sens où c’est un guide. Le yoga, ce n’est pas juste sur le tapis, c’est une vie. »



Journal de Saint-Barth N°1321 du 28/03/2019

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