Saint-Barth -

Hugo Cals, à gauche, a trente ans, il est architecte et court en moyenne 50km par semaine. Originaire de Saint-Martin, il vit actuellement à Saint-Barthélemy. Arthur Mulero, à droite, a grandi sur l’île. Âgé de 23 ans il fait des études de management à l’emlyon mais revient régulièrement. Il est lui aussi passionné de trail et de tennis.

« On a eu l’impression de partir en voyage » : ils font le tour de l’île en 13h20

Partis à 4h30 de Marigot le 12 janvier, Hugo Cals et Arthur Mulero ont fait le tour complet de Saint-Barthélemy par la côte en une journée. Pour eux, c’est plus qu’un défi sportif.

13 heures 20, c’est le temps qu’il a fallu, hors pauses, à Hugo Cals et Arthur Mulero pour faire le tour de l’île. Pas par les routes, ce serait trop simple. Pour ces traileurs passionnés même les rochers un peu plats sont considérés comme « de la triche ». Ils ont donc opté pour le littoral, en le suivant au plus près, au pas de course la plupart du temps, à la nage, ou en à escaladant quand le paysage l’imposait. « Quand un sentier est tracé, ton pied ne réfléchit pas à l’endroit où il va se poser. Quand il n’y a pas de sentier, c’est à toi de choisir où tu mets tes pieds, c’est une attention permanente pour pas mettre un pied sur un oursin, ou quoi que ce soit de vivant », raconte Hugo Cals. Pour Arthur Mulero, c’est un « jeu » qui s’instaure avec la pierre. Lui qui a grandi à Saint-Barthélemy répond, sans hésiter, « toute l’île » quand on lui demande ce que le tour lui a permis de découvrir, « tout ce qui n’est pas plage en fait ». «On vit sur une île de 3km sur 8 mais tant qu’on n’a pas fait le tour, on ne se rend pas compte à quelle point elle est grande. »

Entre Salines et Gouverneur. « Dans cette zone, le risque est de se faire projeter contre les rochers par les vagues. Il faut anticiper chaque série de vague. »

C’était le 12 janvier dernier, il pleuvait le matin à leur départ (4h30) de Marigot et ça les arrangeait plutôt, car ils s’apprêtaient à avoir très chaud. Dans un premier temps, direction l’Anse Maréchal. Après une première tentative inachevée, Hugo sait que dans ce sens-là, celui des aiguilles d’une montre, on se décourage moins facilement.

De la préparation
Peu de temps après le départ, vers 5 heures à Toiny, Hugo glisse, tombe dans une crevasse remplie d’eau. Son ami le voit disparaître et ne perçoit qu’une petite lumière flotter à la surface de l’eau... « Ça peut partir très vite en live », mettent-ils en garde. Leurs précautions avant le départ, outre l’entraînement physique et des explorations régulières de l’île : un tracé à partir d’une vue satellite, qui délimite les reliefs et les passages dangereux. Sur place : s’en tenir au tracé, suivre les crottes de cabris « ils connaissent les passages », ne jamais relâcher son attention.
« Il faut un peu de folie, les locaux savent que c’est dangereux » reconnaît Hugo. C’est pourtant lui qui a eu l’idée. A la fin du premier confinement, il se lance avec un ami, Stéphane Balikdjian, dans une collecte de déchets sous-marins à Marigot. Ensemble, ils sortent de la mer des plaques de taules et d’autres vestiges, impressionnants, d’Irma.

Sur les falaises de Gouverneur.

Après ça, le tour de l’île, pour lui, c’est aussi l’occasion de faire l’état des lieux des zones inaccessibles, loin des plages bien entretenues. C’est par exemple découvrir des moteurs de bateau coincés entre des rochers, des fenêtres accrochées aux côtes, un frigo éventré... « J’étais surtout venu pour le défi sportif à la base mais j’ai pris conscience de la concentration de déchets qu’on ne voit pas si on longe les côtes en bateau », explique Arthur Mulero.
Prochaine étape du défi : lancer une association, SBH Coast Keepers et créer des événements pour ramasser les déchets rencontrés lors du tour de l’île. Avec un petit bateau désormais, si possible sans moteur. Les trois amis, Hugo, Arthur et Stéphane, veulent s’adresser aux jeunes en priorité, les sensibiliser à leur environnement au sens large, «l’idée c’est de nettoyer Saint-Barth et de se déplacer physiquement », mêler sport et environnement.
De retour chez eux le 12 janvier à 18 heures, après 36 km de course et l’équivalent de deux jours d’apport nutritif brûlés (dixit leur montre intelligente) Hugo Cals et Arthur Mulero avaient les jambes courbaturées au point de ne plus pouvoir marcher. « On a eu l’impression d’être partis en voyage ».     


Le parcours dessiné au fur et à mesure par leur montre intelligente, qui les a géolocalisés tout au long du trajet, une sécurité supplémentaire en cas de problème.

 

Journal de Saint-Barth N°1407 du 21/01/2021

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