Depuis jeudi 28 mai, et l'annonce de la deuxième phase du déconfinement par le Premier Ministre Édouard Philippe, les clubs sportifs tentent de clarifier leur situation sur l'île. Saint-Barthélemy étant classée en zone verte, les salles de sports ont pu rouvrir leurs portes hier. Les sports collectifs, tout comme les sports de contact demeurent en revanche interdits.
Les sourires sont aussi nombreux que les coups de soleil ce samedi matin à la cabane de Lorient. Heureux de cet enthousiasme ambiant, Matthieu Garnier qui officie au sein du Reefer Surf Club n'en est pas moins éprouvé. « Les journées sont plus denses, c'est certain. On avait l'habitude de constituer des groupes de huit à dix élèves. Seulement maintenant on doit tenir un registre de ces derniers, rester à deux mètres les uns des autres, désinfecter les planches entre chaque session. On garde ce rôle d'ambassadeurs de plage, mais ça nous prend vingt minutes de plus entre chaque cours. Enfin, quand on voit que les cours reprennent normalement c'est positif, on ne va pas trop s'en plaindre. »
Le contexte est plus délicat au stade de Saint-Jean. Certes, le stade est ouvert depuis le 25 mai. Certes, la joie de retrouver les terrains est tout aussi palpable malgré la chaleur écrasante. Certes, ils sont sans doute plus que cinquante footballeurs et athlètes confondus en cette fin d'après-midi. Mais les associations de sports collectifs se voient forcées de se tourner vers la saison prochaine. « La préfecture annonçait que c'était en bonne voie la semaine dernière, ensuite il y a eu la déclaration du Premier Ministre. Et puis ce matin on nous communique que les entraînements de football ne reprendront pas avant le mois de septembre. Adultes et enfants sans distinction. On est forcément un peu déçus, mais au moins la situation est claire maintenant, et on peut penser à la saison suivante », résume Alan Dagorn, responsable de l’école de football de l’Ajoe, à la sortie d'un match entre amis.
C'est le gardien qui, comme chaque soir à 19 heures et bien aidé par la tombée de la nuit, vient siffler la fin de la rencontre. Le silence laissé par le ballon rond permet de distinguer le bruit d'une petite balle jaune de l'autre côté du stade. Quelques échanges plus tard, Gautié Dielbolt confie sur le parking du Tennis Club : « Ça fait vraiment plaisir de retrouver ces sensations. Du coup on en oublie parfois les règles imposées. A l'extérieur on est entre amis, on se serre la main, on s'embrasse... alors même si on désinfecte les filets comme les bancs et qu'on marque nos balles, on peut finir par les mélanger. Ce que je trouve dommage, c'est que l'on ne puisse pas faire de doubles. »
Calme plat au boulodrome
Un double, il s'en joue justement un sur le terrain numéro 4 du Boulodrome Gambier. Laurent Bisbau, président de l’Amicale Bouliste, y assiste et ironise : « On a de la chance aujourd'hui, on a quatre habitués. La Fédération nous permet de jouer en doublettes et triplettes. La semaine dernière il n'y avait personne. » Il est vrai que l'ambiance est plus calme que d'ordinaire en cette fin de semaine orageuse. « Il y a des gens qui ont encore peur, et les tête-à-tête, ça se fait peu. C'est un sport d'adresse qui se veut aussi convivial. Du coup on avance sur le projet du nouveau club-house et du prochain Grand Prix de Saint Barth » en novembre, relativise le président de l’ABSB.
Les liens sociaux, c'est également une donnée importante pour Sandrine Joly Berry, qui s’occupe du club de judo : « Pour cette discipline, c'est complexe. Il faudrait repenser les entraînements avec des espaces personnels réduits, des mannequins ou un travail technique seul. Or les enfants ont besoin de contact, ils pourraient se lasser de ces conditions compliquées à mettre en place, de plus avec des bénévoles qui travaillent à côté. »
D'après les déclarations ministérielles, la pratique des sports de contact (dits “interpénétrés”) n'est pas propice à la distanciation physique prônée pour faire face à la pandémie. Il en va ainsi de même pour le club de ju-jitsu qui devrait statuer dans les jours à venir sur une possible reprise ou non. « En revanche tout cela ne changera pas grand-chose pour le pilates ou la danse », poursuit Cécile Coudreau, présidente de l’Ajoe et en charge de ces deux disciplines plus particulièrement. «Si les règles sont trop contraignantes, on fera comme ces derniers jours, on donnera nos cours sur le plateau de l’Ajoe, voire en direct sur les réseaux sociaux... et on aura moins chaud » plaisante-t-elle. « C'est évident que tous ont besoin de cette proximité par le sport, sur le plan mental, c'est important après ces semaines de confinement. »
Sentiment partagé par Christian Fahrner, propriétaire de la salle FormFitness à Lurin, qui assure devant ses machines toujours méticuleusement nettoyées : « Il est prouvé que la santé mentale et la bonne condition physique permettent de combattre la maladie. Le sport c'est comme une thérapie antivirale. »