Saint-Barth - Axel Mozer marathon des sables au Maroc

« Le Marathon des Sables, une aventure humaine avant d’être une aventure sportive »

La 35e édition du Marathon des Sables (MDS) généralement programmée en avril, a subi les aléas de la crise sanitaire comme tant d’autres événements. Après plusieurs reports, la course en autosuffisance alimentaire dans le désert marocain est programmée lors de la première semaine d’octobre. Seulement, les températures de ce mois d’octobre sont anormalement élevées pour la période selon les membres du staff vivant dans la région. 10 à 15 degrés de plus que celles du mois d’avril. Des piques à 50 degrés dans ce désert du Sahara sud-marocain sont même enregistrés. « Dès la première étape, se rappelle le Finisher Axel Mozer, maître d’œuvre à Saint-Barth de retour sur l’île, il y a eu beaucoup d’abandon liés à la chaleur. Pour moi, elle n’a pas été insurmontable. Ce n’était pas une barrière. Par contre, j’ai souffert du taux d’humidité. Nous avons à Saint-Barth un taux d’environ 80 à 90 % d’humidité et dans le désert nous n’avons eu que 5 ou 6%. L’air est tellement sec que tu ne transpires pas. Donc tu ne te rends pas compte que tu perds de l’eau et des sels minéraux. C’est pourquoi les organisateurs ont augmenté les ratios d’eau journalière et distribué des pastilles de sel à prendre toutes les 30 minutes afin d’éviter la déshydratation. »

Des problèmes intestinaux
Ils ont été 320 en tout à ne pas finir la course sur les 672 partants. Les causes semblent multiples. En premier lieu la chaleur, plus élevée que d'habitude, mais également les problèmes intestinaux. Chaque année, des participants sont malades. Mais pour cette édition, les troubles gastriques ont affecté la plupart des tentes, soulignent les organisateurs dans un communiqué qui précise que le staff a été également sévèrement touché. Bien évidemment, marcher ou courir des dizaines de kilomètres dans le désert chaque jour avec peu d’énergie et pratiquement pas de repos devient très difficile. De son côté, Axel Mozer a également subi des aléas similaires. « Cela a été fou, assure-t-il. J’avais peur de ne pouvoir finir. J’ai eu des nausées, des diarrhées mais pas au point de m’empêcher d’aller au bout. »

A la fin de l’étape de mise en bouche, longue de 32,2 kilomètres, ponctuée de piste de sable mou et des premières dunes, Axel se classe 79e au général après 4h 32 minutes et 19 secondes de course.
Le lendemain, même distance que la veille, 32.2km avec la traversée des dunes mythiques de Merzouga sur 13 km. Avec le mercure qui n’arrête pas de grimper, les arrivés se font au compte-goutte. « L’excitation et l’adrénaline font que je coure les deux premières étapes, raconte Axel. Cela faisait deux ans que j’attendais. Je me sentais très bien, frais. » Il termine cette deuxième journée à la même place que la veille (79e), avec un peu plus d’une heure de course en plus, soit 5h 45 minutes, à une vitesse moyenne de 5,58 km/h. Malheureusement, cette deuxième journée se termine par un drame puisqu’un participant décède à la suite d’un malaise cardiaque. C'est la troisième fois qu'un tel événement se produit sur le MDS en 35 éditions. Cette tragédie a fortement affecté le moral des participants et un nombre important décide de jeter l’éponge.

Concert de musique classique au milieu du désert
Le départ de la troisième journée commence après une minute de silence. Une étape de 37,1 km. « Les ampoules commencent à arriver, constate Axel. Quand j’ai vu l’hécatombe et la difficulté,  j’ai ralenti. Je me suis dit : mon but est de finir.  Pousse-pas la machine, préserve-toi pour aller jusqu’au bout. Parce que si je continue sur cette lancée, je risque de me blesser ou tomber malade. ”Qui veut aller loin, ménage sa monture”. Je fais la moitié du parcours en marchant. » Il termine l’étape après 6h45’13” avec une vitesse moyenne légèrement plus faible de 5,51 km/h et se positionne à la 135e position. « Ce qui m’a fait perdre des places et moins profiter, ce sont les blessures aux pieds, explique-t-il. J’ai eu beaucoup d’ampoules. »

Le quatrième jour, place à une étape différente, longue de 82,5 km. L’originalité est qu’elle dure toute la nuit. «Sur cette étape, à un moment, je me suis retrouvé seul, se souvient Axel. Personne devant, personne derrière. C’est la nuit totale. Tu as ta lampe frontale qui t’éclaire la route. Un petit stick fluorescent indique le chemin tous les kilomètres ou tous les 500 mètres. Le décor est le même. Je vois le CP (check point, ndlr) éclairé… Monter, descendre, un stick. Le fait de le voir, tu crois que c’est proche mais c’est à 8 kilomètres. Je crois vivre “Un jour sans fin”. Sur cette étape je n’ai fait que marcher. Je coure seulement les neuf derniers kilomètres après que le médecin au dernier CP me desserre les lacets des chaussures. Mes pieds étaient complètement comprimés. Erreur de débutant. Et là j’ai pu courir. Je double 25 personnes. J’avais le jus ! » C’est après plus de 21h de course, qu’Axel arrive au bivouac à la 170e place.
Cette journée se conclue par une surprise des organisateurs, un quatuor de musique classique de l’orchestre philarmonique de Paris installé au milieu du bivouac en plein désert pour un concert « au milieu de nulle part. Un moment de magie. »

Dernière étape
Pour recevoir la médaille de Finisher tant attendue, il faut franchir la ligne de l’ultime étape chronométrée de 42,5 km. « La dernière étape ! Super j’ai couru », se réjouit Axel. Avec une vitesse moyenne de 7,33 km/h, plus rapide que celle du premier jour, il boucle la distance en 5h46’31”. Accueilli par les organisateurs, Axel – protocole oblige- passe à son cou la médaille de Finisher tant mérité. La 35e édition du Marathon des Sables se termine le lendemain par l’étape de Solidarité longue de 8,50 km qui se conclut par la 8e victoire du marocain Rachid El Morabity.

Heureux d’avoir fini le marathon de 235 kilomètres dans le désert du Sahara sud-marocain, Axel Mozer résume son épreuve : « La course n’a pas été le plus dur pour moi. J’ai eu également des blessures au dos avec le frottement du sac et les épaules cisaillées avec le poids du sac. Je ne m’y attendais pas trop. En effet, mon sac était trop lourd (11 kilos avec l’eau). Je me suis aperçu que le strict minimum suffit. Au 3e jour j’ai donné aux Marocains le surplus. Au-delà de l’aspect sportif, le marathon, c’est 30% la préparation du sac, du bivouac, des repas. 30% la préparation physique. Le reste, c’est le mental. Ces courses de l’extrême te font te sentir vivant, dépasser tes limites. Je savais que ce serait difficile mais pas à ce point. J’ai eu des moments magnifiques, mais aussi des bas. Heureusement c’est une aventure humaine avant d’être une aventure sportive. Il y a une solidarité qui se crée. C’est une belle épreuve à la portée de tous. »
Remis de ses blessures, Axel a repris ses entraînements et pense déjà à repartir. « Pourquoi pas un Ultra-Trail au Pérou en avril 2022 ou The Ice Ultra en Laponie. »
  

Journal de Saint-Barth N°1444 du 28/10/2021

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