Saint-Barth - IronMan Triathlon

IronMan : Jessica Pearson et Jean Marc Outil racontent leur qualification pour les Championnats du monde

Après le Half IronMan de Timberman (New Hampshire) du mois d’août, Jessica Pearson et Jean-Marc Outil du club de Triathlon de Saint-Barth sont partis en direction du Texas pour l’IronMan de Waco du samedi 23 octobre. Des distances doubles pour les deux seuls athlètes français présents au Texas.
Sur les 792 sportifs au départ, seuls 644 ont franchi la ligne d’arrivée. Une course difficile selon Jean-Marc Outil pour qui, hormis la difficulté d’un IronMan, chacune des trois épreuves ont réservées des obstacles. « Un petit contre-courant pour l’épreuve de natation en rivière, explique Jean-Marc. Des routes chaotiques sur la section vélo où beaucoup ont crevé, et un parcours vallonnune pour la course à pied. Un casse pattes et qui fait cramper lors des descentes. »

Les deux athlètes
racontent leur course
« Samedi à 3h du matin, le réveil retentit discrètement, se remémore Jessica Pearson de retour sur l’île. Les vélos et les sacs des transitions déposés la veille sur site, nous prenons le petit-déjeuner. Si tôt, il est toujours un peu difficile d’avaler quelque chose. La trisuit enfilée, la combi néoprène dans le sac avec les gourdes et les ravitaillements. Il n’est pas encore 5 heures quand nous quittons notre hébergement. Il fait un peu frais. Sur place, les athlètes s’affairent à organiser les ravitaillements. Il n’y a pas de musique, je suis déçue, en comparaison de l’IronMan de Woodlands (Texas) que nous avons fait en 2019. Ce n’est clairement pas la même ambiance. Nous marchons les deux kilomètres qui nous séparent de la ligne du départ de l’épreuve de natation. Toujours pas de musique, ça manque de power, je me sens du coup endormi. Le temps d’envoyer quelques messages à nos amis qui nous suivent sur le tracker, il est l’heure de se placer « par vague » du temps de natation estimé. Jean-Marc part se placer sur la première ligne. Je suis placée bien derrière lui.
Juste après l’hymne Américain, le départ est donné. Nous avançons 3 par 3 avant de pouvoir franchir le bip qui débutera le chrono de notre course. C’est parti ! »

Première épreuve : 3,8 km dans la rivière Brazos
« Je commence à nager et je manque de souffle, se rappelle Jessica. Le néoprène m’oppresse. L’asthme qui m’avait gênée 10 jours auparavant n’arrange rien. Je nage en deux temps. Au bout du premier kilomètre j’arrive à stabiliser ma respiration et je nage une fois sur deux en quatre temps. Chaque fois que mon visage se retrouve dans l’eau, le sinus droit me fait mal. Je termine l’épreuve en 1h23. J’aurai mieux fait de ne pas regarder ma montre. Je suis déçue sur le moment de mon chrono mais rassurée après avoir appris que sur 3 kilomètres j’ai nagé à contre-courant. »
De son côté parti parmi les premiers, « puisque je suis nageur, explique Jean-Marc, je reste avec le premier pendant les deux premiers kilomètres, le troisième nageur me double à 1500 mètres de la fin l’épreuve. Je sors 3e de l’eau toutes catégories amateurs confondues et premier de ma catégorie 50/54 ans, en 57 minutes. »

Première transition
Le triathlon est un sport atypique avec l’enchaînement de trois disciplines sans arrêt du chronomètre. Et l’une de ses particularités réside aussi dans ses deux transitions, des moments clé, où on peut gagner –ou perdre– du temps.
Jean-Marc la qualifie de « bonne transition » et l’explique, « les athlètes doivent courir, environ 630m, jusqu’au parc à vélo. Après avoir un peu galérer pour enlever ma combinaison néoprène. Chaussures chaussées, casque sur la tête, je prends le vélo et sort du parc après 5minutes et 7 secondes. »
Du côté de Jessica c’est un plus compliqué. « Je galère également à enlever cette fichue combi, la puce à la cheville complique tout. Bref trop long. Je monte enfin sur le vélo après 9 minutes 37 secondes. »

180 kilomètres sur
des routes chaotiques
Place au cyclisme, avec une distance de 180 kilomètres à parcourir sur une route chaotique.  « Des virages à droite, à gauche, la route est bien abîmée raconte Jean-Marc. Il faut faire attention de ne pas chuter ou de crever et ne pas oublier de manger et de s’hydrater. Des ravitaillements sont prévus tous les 30 km. Après 5h31mn35sec je finis la deuxième épreuve sans problème, à l’exception de mes cuisses qui brûlent et le dos qui chauffe. »
Avec comme objectif de boucler le circuit en 6h, Jessica revient sur cete épreuve : « Je n’ai vraiment pas profité du paysage, tellement il fallait être vigilant sur la route. Des virages à n’en plus finir qui obligent à relancer, un peu de dénivelé (750m) et un vent constant de tous côtés sur des routes tellement abîmées et qui auront réussi, de par les vibrations, à dévisser mes prolongateurs au bout de 100 km, les rendant inutilisables sur les 80 derniers kilomètres face au vent et me feront terminer en 06h37. »

C’est le moment de la deuxième transition. Sauter du vélo et courir environ 400m jusqu’à sa place. « Drôle de sensation dans les jambes relate Jean-Marc. Je pose mon vélo, enfile chaussettes et runnings, La casquette remplace le casque. Il est 14h, le soleil tape, et j’attaque le marathon après 4 minutes et 16 secondes. » La transition a été longue pour Jessica (9’07”).

Un parcours vallonné
Place à la dernière épreuve. La course à pied d’une distance de 42,195 kilomètres équivalent à un marathon sur un parcours vallonné.
« J’avale les premiers kilomètres, détaille Jean-Marc. Les premières bosses arrivent. Ça pique. Les trois tours de 14 km vont être chauds. Je garde une allure et j’essaie de marcher seulement au ravitaillement. Au 30e kilomètre je vérifie mon temps. Mon objectif d’être sous la barre des 11 heures est encore réalisable. Mais j’ai les vastes internes des cuisses (muscles qui se situe sur la face interne de la cuisse, ndlr) qui se tétanisent et je ressens des alarmes de crampes au mollet droit. Je ne lâche rien. Je passe la ligne d’arrivée après 4h26min 49sec de course à pied. Une bénévole m’accueille pour me remettre la médaille de Finisher, mais également vérifier que tout va bien. »
« Une petite allure régulière, décrit Jessica, me permet de gagner quelques places. Là encore je remarque le manque d’ambiance. Est-ce la faute au Covid ? Du coup la course à pied est plus difficile. J’entame le deuxième tour. Je n’ai toujours pas croisé Jean-Marc, je m’inquiète. Je continue malgré tout ma course, angoissée. En plus les gels me détraquent l’estomac. Je cours avec la main sur le ventre. Je vais entamer ma 3e et dernière boucle et je continue à chercher Jean-Marc. Je le vois, enfin. Quel soulagement ! Il m’encourage et je repars pour mon interminable dernier tour. Je gère la douleur de ma cheville droite qui n’a plus de stabilité depuis 3 ans. Sur les six derniers kilomètres, des alertes de crampes commencent à arriver. Encore quelques montées et enfin, le tapis rouge et les spots éclairant l’arche d’arrivée se profilent. Je vais bientôt entendre le speaker citer mon nom et me dire que je suis IronMan pour la deuxième fois. Je tente d’accélérer et là les crampes me stoppent net. Dommage pour la photo Finisher ! Je termine 6e de ma catégorie. Zut, je rate le trophée d’une place. Bilan : course subie ! Aucune course ne se ressemble, on ne peut rien prévoir de ce qui peut arriver sur un Full. »

Remise des prix
Avec le temps de 13h 25 minutes 12 secondes, Jessica Pearson se classe 6e de sa catégorie (F45-49) et gagne un « ticket d’entrée pour les Championnats 140.6 à St George en mai prochain, c’est incroyable ! s’exclame-t-elle. Malgré la tentation, je décline, le programme de l’année prochaine est déjà bien chargé. »
Après avoir gagné son ticket d’entrée pour la coupe du monde IronMan 70.3 qui se déroulera à Saint-George dans l’Utah en octobre prochain (JSB1439), Jean Marc Outil se qualifie avec un temps de 11h05min42sec pour les championnats du monde à Kailua-Kona à Hawaï en octobre 2022. « C’est mon meilleur temps, réagit Jean-Marc Outil. Je me classe 39e au général et 4e de ma catégorie avec comme surprise cette qualification. Je tiens à féliciter Jessica, ma femme, avec qui j’ai préparé cette course avec des parcours en vélo de 150km, des sorties longues de course à pied, où le mental est important. Merci à nos amis d’entraînement de Saint Martin et de Saint Barth. »
Trois représentants de St-Barth Triathlon, Stéphane Lenoir et Fabien Husson, qualifiés à l’IronMan de Tulsa (JSB1425) et Jean-Marc Outil seront présents à Hawaï en octobre 2022.
La course a été remportée par l’Américain Mark Saroni en 8h41’28” et sa compatriote Jana Richtrova en 10h16’13”.

Journal de Saint-Barth N°1445 du 04/11/2021

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