Saint-Barth -

Des fouilles archéologiques sont entreprises sur le site du Fort Gustaf III depuis le 18 mars.

Une plongée archéologique dans les entrailles du Fort Gustaf

Depuis le 18 mars, quatre chercheurs de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) effectuent des fouilles sur le site du Fort Gustaf III. Celles-ci ont déjà permis de mettre au jour quelques précieux vestiges des temps anciens, avant que des travaux de restauration ne soient entrepris.

Des boulets de canon de petit calibre, des boutons d’uniforme militaire, une pièce de monnaie de la colonie de Cayenne, des balles de mousquets, mais aussi des morceaux de poterie amérindienne… Une liste non exhaustive de vestiges comme autant de trésors surgis du passé ont été découverts sur le site du Fort Gustaf III. Depuis le 18 mars, quatre archéologues de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) procèdent à des fouilles méthodiques en ce lieu qui fut, plus qu’un fort, une position stratégique accueillant des batteries d’artillerie. « Il ne s’agissait pas de se protéger car, au 18e siècle, les canons des bateaux n’étaient pas capables de tirer jusqu’à cette hauteur », précise Alexandre Coulaud, directeur de recherches archéologiques.
Avec son équipe composée de Frédéric Devevey, Roxane Barataud et Coralie Meirone, il poursuit les recherches déjà entreprises en 2019 et en 2020 autour du fort Gustaf III. A l’époque (JSB 1382), les archéologues avaient concentré leurs travaux sur la zone située au pied du phare, en prévision de travaux de rénovation. Il en va de même pour ces quelques semaines de fouilles puisque la Collectivité entamera prochainement un projet de restauration et d’aménagement sur toute la partie qui entoure l’ancienne station météo. Mais aussi au niveau des remparts.

Ce samedi, les archéologues Frédéric Devevey, Roxane Barataud, Coralie Meirone et Alexandre Coulaud accueilleront le public au Fort Gustaf III pour une journée portes ouvertes.

 

« Une vraie découverte »
De fait, les archéologues sont principalement occupés à fouiller les pieds des remparts et les pavages. Ce qui leur a permis de découvrir les traces des tiges sur lesquelles devaient être installées les plaques qui permettaient à un seul homme de faire pivoter les canons. « Cette batterie date de la première période française, assure Alexandre Coulaud. On trouve des traces dans les archives d’une première fortification en 1689, mais la première vraie fortification date de 1769. » Les occupants venus de Suède vont garder l’existant et y ajouter des structures diverses. Des guérites, un mât, un bâtiment supportant une cloche… Depuis le 18 mars, les quatre archéologues ont aussi mis au jour un ancien escalier en pierre.
Pour l’heure, ils creusent avec minutie, balaient, inspectent et déterrent quelques petits trésors. Comme ces restes de tessons amérindiens. « Si on confirme qu’il s’agit bien de cela, ce sera une vraie découverte, assure Alexandre Coulaud. Parce que les Amérindiens ne s’installaient pas sur les hauteurs. »
Les membres de l’Inrap vont ensuite se plonger sur l’étude des remparts. Pour y détecter les techniques de construction, les comprendre, les analyser. Et ils espèrent ne pas être au bout de leurs surprises. En 2020, deux archéologues avaient découvert en consultant des plans oubliés par des Suédois de Saint-Barthélemy l’existence d’une caserne. Elles avaient réussi à la débusquer, dans la pente raide sur le versant de Public. Il s’est avéré que la fameuse caserne présentait davantage les attraits d’un dortoir, mais peu importe. Une trace du passé n’est jamais négligeable. Qu’il s’agisse d’un bouton d’uniforme ou des vestiges d’une construction, tous apportent des informations historiques.
Ce samedi 13 avril, les archéologues de l’Inrap accueilleront la population de 8 à 12 heures et de 14 à 16 heures à l’occasion d’une journée portes ouvertes. Ils présenteront leur métier, leurs travaux et leurs découvertes. Avec, cela va sans dire, quelques activités ludiques et éducatives pour les plus jeunes.

Une pièce de monnaie de la colonie de Cayenne a été découverte en début de semaine.

Journal de Saint-Barth N°1562 du 11/04/2024

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