«Aujourd’hui, ça devient difficile d’imaginer laisser ses enfants aller seuls à la plage pour jouer », souffle une mère de famille. A Saint-Barthélemy, le seul vrai luxe qui prévaut est celui de la sérénité. Celle qui permet de se promener à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit sans craindre le moindre incident, de laisser les enfants, mêmes petits, jouer sans surveillance, de sortir de chez soi sans verrouiller les portes, etc. Par conséquent, lorsque ce sentiment de quiétude et de sécurité s’effiloche, c’est tout un mode de vie qui est menacé. Or, c’est très précisément à cette évolution progressive que les habitants du quartier de Lorient sont confrontés depuis quelques mois. Un sentiment qui s’est encore accentué au cours des dernières semaines.
L’incident survenu le lundi 27 janvier en début de matinée en est une illustration. Vers 7 heures, un homme d’une trentaine d’années est mis en fuite par l’occupant d’une villa située à proximité de l’entrée de la plage, en face du cimetière. En réalité, l’homme squattait la maison en compagnie de plusieurs autres personnes. Des vols et des dégradations auraient été commis dans la demeure au cours de leur « séjour ».
Alertée, la gendarmerie dépêche immédiatement des équipes sur les lieux. Peu de temps après, l’homme mis en fuite est interpellé. Placé en garde à vue, il a nié l’intégralité des faits qui lui ont été reprochés. Néanmoins, des analyses ADN ont été effectuées et les enquêteurs en attente les résultats afin de confirmer qu’il s’agit bien du ou de l’un des auteurs du squat et des dégradations commises dans la villa de location. L’homme a un profil qui semble être de plus en plus fréquent sur l’île. Ancien employé d’une entreprise désormais sans travail ni logement, il dort et occupe une partie de la plage et du secteur environnant. A Lorient, il n’est pas le seul.
Un groupe de dix personnes
En effet, depuis de nombreuses semaines, des personnes sans domicile dorment sur la plage ou aux abords de certains bâtiments. A la cabane de surf, aux alentours de la bibliothèque et de la salle de danse, etc. Dans des conditions d’hygiène pour le moins déplorables dans certains cas. Des dégradations de biens publics et privés ont été constatés, ainsi que des comportements désobligeants envers des riverains. Il semble s’agir d’un groupe composé d’une dizaine de personnes, tout au plus. Mais à celui-ci s’ajoutent des hommes – et des femmes – qui se trouvent dans des situations similaires à Gustavia ou encore à Public, à proximité du club de voile.
Au-delà des interventions de la police territoriale et de la gendarmerie, la question de solutions à apporter à ces troubles mérite d’être posée. Et résolue. Ainsi, il semble désormais impératif de connaître les raisons pour lesquelles d’anciens employés d’entreprises diverses et variées se retrouvent à squatter des lieux publics ou privés pour dormir. Pour quelle raison, s’ils ne sont pas originaires de l’île ou résidents depuis une durée plus ou moins longue, n’ont-ils pas repris un billet retour ? Est-ce par choix ?
Missionnés par la Collectivité territoriale, les services de la cohésion sociale ainsi que la Croix-Rouge doivent réaliser une enquête auprès des résidents venus de l’Hexagone qui vivent désormais « dans la rue » à Saint-Barthélemy. Une chose est sûre : du côté de Lorient, les habitants perdent patience face à une situation qui se dégrade progressivement. Par ailleurs, il paraît difficile de ne pas faire le lien entre les récents incidents et l’agression dont a été victime un habitant du quartier début janvier. Retrouvé avec plusieurs blessures sur le crâne, il avait dû être hospitalisé en Guadeloupe. Son agresseur présumé, un homme sans domicile fixe, a été arrêté et placé en détention provisoire à Basse-Terre. Une information judiciaire a été ouverte et il a été mis en examen pour des faits de violence avec arme.
A Lorient, il semble désormais temps d’agir afin que la situation ne se détériore pas davantage.