Saint-Barth -

Le CESCE se penche sur la question de la sécurité

Le conseil économique, social, culturel et environnemental de Saint-Barthélemy a rédigé un long rapport dans lequel il livre ses réflexions sur les questions de sécurité sur l’île et expose ses préconisations pour « améliorer la situation et freiner les dérives ».

 

S’il est un luxe dont Saint-Barthélemy peut véritablement se targuer, il s’agit sans nul doute du sentiment de sécurité dont jouissent les habitants et les visiteurs de l’île. Un sentiment qui ne relève pas uniquement d’une simple sensation mais d’une réalité quotidienne puisque les faits de délinquances sont rares et la criminalité quasi nulle. Néanmoins, face à une augmentation croissante et constante de la fréquentation, Saint-Barthélemy ne peut ignorer la hausse des petits délits (vols, infractions routières...) qui, sans encore atteindre ce sentiment de sécurité, entraîne une modification progressive des habitudes de vie sur l’île. Conscient de  cette évolution négative, le conseil économique, social, culturel et environnemental (CESCE) de Saint-Barth a mené une réflexion sur la question de la sécurité. Dans un rapport long de 23 pages, il expose son constat et formule des préconisations pour « améliorer la situation et freiner les dérives ».
Pour établir son rapport, le CESCE explique être allé à la rencontre « des acteurs professionnels qualifiés intervenant dans le domaine de la sécurité, des citoyens ainsi que des commerçants de manière à mieux percevoir leurs expériences et leurs attentes ». Ces différents intervenants ont été auditionnés et c’est sur la base de ces entretiens que le Conseil a établi une série de constats. «L’objet de cette note n’est pas tant de prétendre pouvoir exposer la solution parfaite mais plutôt de proposer des voies de bon sens qui, si elles étaient appliquées permettraient de mieux contrôler la dérive en cours afin, à tout le moins, de l’infléchir », insiste le président du CESCE, Pierre-Marie Majorel.

Plusieurs formes de « délinquance »
Premier constat : les « incivilités de toute nature font saillie », est-il indiqué dans le rapport. Le Conseil remarque que « sur les routes, dans la rue mais aussi dans les commerces, les restaurants en particulier», les tensions « s’aggravent ». Pour le CESCE, l’origine de ces « tensions » sont diverses. « Si elles tiennent aux conséquences du modèle économique local, elles sont généralement liées aux saisonniers et autres personnels étrangers venus travailler dans les hôtels, les restaurants et les entreprises du BTP, affirme le CESCE. Souvent mal payés, ces personnels vivent dans des conditions difficiles, parfois même insalubres, ce qui vient alimenter d’autant plus les tensions déjà croissantes. Cela constitue l’un des gisements générateurs de tensions : celui des conditions de vie liées au logement. Cela mérite d’être souligné car s’il n’est pas directement lié au sujet de la sécurité, ce phénomène y participe activement. » Parallèlement, par le biais des auditions qui ont été menées, le Conseil distingue les formes de délinquance, les profils de leurs auteurs et les moyens dont dispose Saint-Barth pour y faire face.
Pour les formes de délinquance, le Conseil s’est essentiellement basé sur les entretiens conduits avec la gendarmerie et la police territoriale. Ici, aucune découverte : braquages et tentatives, cambriolages, agressions verbales, divers actes d’incivilités, vol en villas, violence au collège, drogue, insécurité routière. Tels sont les « maux » qui forment le panorama de la délinquance locale. « Malgré ma demande auprès de la préfecture, nous restons sans retour des chiffres de la délinquance locale à proprement parler », précise le président Majorel.
Sur les « profils », le Conseil relève « une grande diversité» dans les rangs des délinquants qui opèrent à Saint-Barth. Il se contente toutefois de ne mentionner que « les catégories les plus prégnantes issues de notre analyse et qui pourraient réellement mettre en péril l’image de Saint-Barthélemy». Le rapport évoque en premier lieu l’environnement fortuné donc séduisant pour les cambrioleurs et braqueurs, amateurs ou professionnels.

Des préconisations succinctes
Dans un autre chapitre, le CESCE évoque les « nouveaux entrants », appellation qui désigne les saisonniers et les ouvriers du BTP. « Par mesure d’économie mais aussi pour des raisons de pénurie de logements, les entrepreneurs embauchent des personnels souvent jeunes et sans grande qualification, constate le CESCE. Certains sont tentés d’adopter des comportements à risque (Consommation d’alcool, de drogues, délinquances routières…) qui participent à la dégradation des conditions de vie et à la baisse de la qualité du travail. » Selon le Conseil, « ce phénomène ne peut qu’engendrer des tensions supplémentaires et corollairement des incivilités ».
Le rapport fait également état de la présence de « certains usagers » des ferries qui «vont et viennent en toute liberté et sans grand contrôle». Ce qui, selon le CESCE, « donne l’impression que tout est permis localement, ce qui est propice à l’installation et à la hausse de la délinquance ».
Les préconisations du CESCE sont relativement simples. Il conseille de mener une campagne de prévention permanente, d’installer de nouvelles caméras de surveillance, de redéployer des effectifs de la police aux frontières (Paf) à Saint-Barth « de façon permanente », mais également un navire d’intervention et des drones de contrôle pour les suivis d’infraction. Ce qui ferait définitivement de Saint-Barthélemy une île sous - très - haute surveillance.

 

Les gendarmes en effectif suffisant
Le Cesce est allé à la rencontre du commandant de la brigade de gendarmerie de Saint-Barth. Celle-ci ­dispose de trente militaires. Des effectifs « surdimensionnés » pour l’île puisque la moyenne nationale est de un à deux gendarmes pour mille habitants. Elle écoule, assure le CESCE, d’une «prise en compte par l’Etat de la fréquentation de l’île et de la valeur des préjudices des biens en jeu ».

 

Journal de Saint-Barth N°1472 du 12/05/2022

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