Saint-Barth -

Valérie Denux : « J’ai tenu jusqu’au bout, sans lâcher prise »

Après quatre années passées à la tête de l’Agence régionale de santé de la Guadeloupe et des Iles du Nord (elle a été nommée en mars 2018), Valérie Denux cède sa place à Laurent Legendart. La directrice assure partir « l’esprit apaisé » avec le sentiment « d’avoir tenu bon » pendant ces années marquées par une « crise sanitaire historique ». Entretien.

Tout d’abord, concernant le Covid-19, quelle est la situation actuelle dans les îles du Nord et en Guadeloupe ?
Valérie Denux : « Du côté de la pandémie, la situation est en voie de très bonne amélioration. En particulier à Saint-Barthélemy, puisqu’il y a eu 75 nouveaux cas en semaine 5, mais aussi à Saint-Martin. Le taux d’incidence reste élevé mais il s’agit de « petits chiffres ». Nous sommes véritablement dans une phase d’amélioration. On le voit notamment par rapport au besoin potentiel de consultation et d’hospitalisation. Et puis ça descend aussi en Guadeloupe. Toutefois, il faut rester prudent. Même à Saint-Barth, qui a un taux élevé de vaccination par rapport au reste des Antilles, ce qui génère forcément beaucoup moins d’inquiétudes.

Dans quel état d’esprit quittez-vous votre poste aux Antilles ?
Je pars dans un état d’esprit apaisé. J’ai tenu bon pendant ces quatre années. Je suis arrivée après l’incendie du CHU (Centre hospitalier universitaire) et nous étions encore dans la période post-Irma, puis les épidémies de dengue de 2018 et 2019, les crises sociales en Guadeloupe, et enfin le Covid... J’aurais souhaité avoir plus de temps pour faire davantage de structurel, mais nous avons quand même beaucoup travaillé. Dans les Iles du Nord, nous avons mis en place l’unité de chimiothérapie, relancé le GHT (groupement hospitalier de territoire), et nous avons travaillé sur un nouveau financement national pour les évacuations sanitaires. A Saint-Barthélemy, les projets de réaménagement et de réorganisation de l’établissement sont en cours. Avec, notamment, la construction d’un plateau de consultation et le renforcement du plateau de médecine. Nous avons aussi beaucoup travaillé sur le pôle médico-social. Entre toutes ces crises, on a réussi à avancer.

Comment avez-vous traversé, professionnellement et personnellement, cette longue crise liée à la pandémie ?
Ces deux dernières années ont quand même été compliquées. Début 2020, on découvrait et on consacrait beaucoup de temps à cette crise. Et puis au fil du temps on s’est aperçu qu’il ne fallait pas négliger l’ensemble des autres soins. Cette période a été très intense. Nous avions en permanence une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes. Pour les personnels comme pour la population, ces deux années ont été anxiogènes et fatigantes. Ceci étant dit, nous avons bien tenu. Personnellement, j’en ressors fatiguée physiquement mais satisfaite sur le plan de cette expérience unique, très enrichissante, d’avoir fait partie de ceux qui ont piloté la gestion de cette crise historique. En espérant que, désormais, nous en sortions rapidement. Car tout le monde en a assez.

Quelles expériences tirez-vous de ces quatre années passées aux Antilles ?
J’ai évidemment acquis une plus grande expérience en matière de gestion de crise. Aussi bien avec l’incendie du CHU que la pandémie. Cela m’a consolidé, même si j’ai été formée pour cela en tant que médecin des armées. J’ai aussi énormément appris sur moi-même. J’ai su résister à la fatigue physique et psychique. Je pense aux insultes, etc. Heureusement, j’ai aussi reçu beaucoup de soutien. On le voit moins puisque ce sont des messages que j’ai reçus directement. J’ai le sentiment d’avoir tenu jusqu’au bout, sans lâcher prise.
 
Pouvez-vous évoquer les nouvelles fonctions qui vous attendent dans l’Hexagone (Valérie Denux va devenir directrice Europe et innovation de l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) ?
J’ai choisi, à dessein, de partir sur des fonctions très différentes. Je le fais à chaque fois par envie de découvrir et d’apprendre de nouvelles choses. L’enjeu est de conduire un travail au niveau européen, notamment sur l’accès à la thérapeutique et aux innovations pour tous les Européens. Dans le cadre du Plan innovation santé 2030, nous allons également travailler à l’accès précoce pour les Français aux thérapies innovantes. Vous le voyez, c’est complètement différent !

Un dernier mot ?
Je tiens à saluer les Saint-Barth. Je suis heureuse d’avoir pu traverser ces quatre années à leurs côtés.    

Journal de Saint-Barth N°1459 du 10/02/2022

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