Saint-Barth - Cardiologue Yves Journo

« Une île délaissée concernant la cardiologie »

Le docteur Yves Journo, cardiologue basé à Saint-Martin qui effectue régulièrement des consultations à l’hôpital De Bruyn, envisage de mettre un terme à son activité à Saint-Barthélemy en raison de l’inertie de la direction et de conditions de travail qui n’ont de cesse de se dégrader.

 

Depuis 2014, le docteur Yves Journo effectue régulièrement la traversée entre Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Il assure des consultations en cardiologie au sein de l’hôpital de Bruyn et vois défiler les patients. « Nous avons beaucoup de cas à Saint-Barth, des familles entières, constate-t-il. Nous avons fait énormément de dépistages. » Malheureusement, le spécialiste envisage de mettre à terme à ses activités à Saint-Barth. Il s’en explique.

« La situation n’est pas bonne, assène le cardiologue. L’île est loin d’avoir bénéficié des progrès observés en métropole concernant les maladies cardio-vasculaires. Elle est totalement délaissée au niveau sanitaire et particulièrement en cardiologie. Il existe une grande perte de chance du point de vue médical pour les habitants de Saint-Barthélemy. Or la population est très exposée à ces maladies. Par ses origines et sa situation géographique ainsi que par son comportement alimentaire et la forte prévalence du diabète et de l’hypertension artérielle. » Outre ce constat purement médical, auquel s’ajoute le fait que « l’hôpital ne veut pas investir dans du matériel », le docteur Journo déplore des « conditions de travail difficiles ».

Créer un cabinet de pointe
« On se lève à 5 heures du matin pour venir à Saint-Barth et on doit apporter tous les dossiers des patients, mais aussi nos consommables, notre matériel informatique et notre courrier, constate-t-il. J’ai beaucoup de peine à quitter l’île mais je suis au bout. » Avant de partir, le spécialiste veut « tenter un dernier coup ». Par le biais d’une association baptisée « le cœur de Saint-Barth », il milite pour la création d’un centre de cardiologie de pointe.
Pour Yves Journo, il est indispensable d’augmenter la sécurité sanitaire en créant un cabinet performant et un centre de réadaptation à l’effort. « Il faut améliorer, moderniser et optimiser l’équipement médical au sein des structures publiques et privées, assure-t-il. Il faut diffuser davantage de moyens de préventions pour lutter contre le tabac, l’obésité, le diabète et l’hypertension artérielle. Et puis il faut mettre en place une plate-forme de télé-médecine capable de prendre en charge les patients atteints de maladies cardio-vasculaires. » Le cardiologue estime qu’il est nécessaire d’investir environ 160.000 euros dans du matériel. Une perspective qui paraît à ce jour assez lointaine puisque, comme l’explique le docteur Journo : « Aujourd’hui, quand on vient travailler à Saint-Barth, on nous demande de nous adapter. Jusqu’à apporter nos propres enveloppes pour le courrier. ». Pas exactement une situation d’opulence.

 

Deux mois de coma à cause du Covid
Le docteur Journo raconte son expérience du Covid-19, qu’il a contracté lors de l’un de ses séjours à l’hôpital de Saint-Barth. « Quand je tombe malade à Saint-Martin, je vais voir le docteur Bissuel qui me dit que c’est très grave et que je dois être intubé », se souvient le cardiologue. Anesthésié, intubé, il tombe dans le coma juste avant d’être transporté en Guadeloupe. Hospitalisé pendant deux mois, il enchaîne les infections. « On a dit à ma femme, c’est foutu, raconte-t-il. Ma chance a été l’explosion de cas en Guadeloupe. Du coup, il a été décidé de m’envoyé en métropole. Un anesthésiste et une infirmière sont venus exprès pour m’amener jusqu’au Kremlin-Bicêtre (un hôpital), à Paris. Et là, on m’a réveillé en deux jours ! Les réanimateurs et le pneumologue ont été formidables. »

 

Journal de Saint-Barth N°1464 du 17/03/2022

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