Saint-Barth -

[Saint-Barth, cœurs fragiles (5/6) ] Les répercussions du cyclone Irma sur la santé cardiaque des habitant(e)s

Les Saint-Barth sont particulièrement sujets aux maladies cardio-vasculaires, qui causent 27,4% des décès sur l’île (JSB 1308). Il est possible de se prémunir contre l’infarctus en agissant sur six vecteurs aggravants. Le Journal de Saint-Barth et le cardiologue Yves Journo s’associent pour publier une série d’articles sur chacun de ces risques évitables. Cinquième volet, le stress.

Le stress favorise les maladies cardiovasculaires et notamment l’infarctus du myocarde. « Lorsque l’on se trouve face à un danger, le cerveau sécrète des hormones, notamment le cortisol et l’adrénaline. C’est une réaction normale d’adaptation de l’organisme, mais ces hormones sont toxiques pour le cœur », explique le cardiologue Yves Journo. Aujourd’hui, même les enfants sont sujets au stress. « Ils ont une alimentation riche en sucre qui favorise la sécrétion de cortisol, et une consommation continue d’écran qui génère du stress en cas d’interruption. Nos enfants n’apprennent pas à attendre, écouter, interagir, et sont de plus en plus anxieux. De plus, il a été prouvé qu’une génération stressée risque de transmettre ce mal à la suivante. »


Les femmes touchées au cœur
Les effets les plus marqués du stress sur les artères et le coeur se retrouvent chez les femmes.

L’illustration de leur sensibilité plus élevée au stress été très flagrante avec l’ouragan Irma. Il a provoqué chez beaucoup d’habitants un stress aigu, « qui survient après une émotion intense et brutale causée par un événement particulièrement menaçant et soudain ». Deuil, agression, accès de colère… ou catastrophe naturelle peuvent être à l’origine de cette montée de stress aigu. Irma a eu « d’importantes répercussions sur la santé cardiaque des habitants. Pendant plus d’un an, le nombre de patientes qui ont consulté pour des troubles du rythme cardiaque a augmenté de manière considérable », indique le Dr Journo. Les patientes énonçaient souvent les mêmes plaintes : “je sens des palpitations qui m’inquiètent énormément, et surtout le soir avant de dormir”, “j’ai l’impression que mon cœur s’arrête !”, “je sens des à-coups, mon cœur s’arrête puis repart”... Heureusement, « la plupart du temps, ces troubles du rythme étaient bénins et le travail consistait à rassurer la patiente. Tout en exposant ses symptômes, elle essayait d’exprimer l’angoisse qu’elle avait éprouvée lors du cyclone. »

Autres effets d’Irma : « On a constaté énormément de tensions artérielles déréglées et une recrudescence d’attaques cardiaques peu après Irma par rapport aux années précédentes », poursuit Yves Journo. Qui souligne qu’à défaut d’une étude épidémiologique sur le sujet, il s’agit bien de sa seule impression de professionnel. « Quoiqu’il en soit, de très nombreuses études scientifiques ont montré qu’après chaque grande catastrophe naturelle le nombre d’accidents cardiaques augmentait considérablement (tremblement de terre de Los Angeles, tsunami de 2011...). »


Stress de nature, stress au travail
Le stress chronique, lui, « résulte d’une exposition répétée et durable à différentes sources de stress. »

On peut avoir tout ce que l’on désire, et être angoissé de nature. Parmi les patients du cardiologue, cet habitant de Saint-Barth « que la vie a mis à l’écart du besoin matériel pour très longtemps, et qui me dit “je peux me payer tout ce qui pourrait me faire plaisir, mais je suis tout le temps angoissé, et ce depuis que je suis petit”. Ce patient qui a par ailleurs une vie parfaitement saine et une femme tout à fait ravissante a subi, malheureusement, plusieurs attaques cardiaques. »
Les personnes sujettes à la colère, l’impatience, l’hostilité augmentent de façon significative le risque de maladie cardiovasculaire.

Outre la nature et la personnalité du sujet, le facteur principal de stress chronique est le travail. « Emploi qui ne convient pas, situation bloquée, burn out, état de fatigue, surmenage, pressions des délais et de la hiérarchie, journées surchargées… Dans la situation de stress au travail, domaine dans lequel les conséquences sont les plus importantes au niveau cardiovasculaire, c’est encore une fois la femme qui est la plus exposée. »
Psychologie positive
Comment agir contre le stress ? Bien sûr, il faut essayer d’être heureux, épanoui, notamment dans son travail. « Le bonheur au travail est cardioprotecteur, et un salarié heureux est un salarié plus productif. » Ensuite, faire du sport au moins trente minutes chaque jour est « l’un des principaux outils anti stress, anxiété, dépression. » Le yoga, la relaxation, la méditation sont particulièrement recommandés, tout comme le fait de s’accorder du temps pour soi, en compagnie d’un livre ou de musique, par exemple.

Enfin, la « pensée positive » n’est pas à négliger. « Il s’agit d’accorder plus d’importance aux expériences positives de la vie et de minimiser les expériences négatives. Cela peut passer par le fait de donner un sens à sa vie, s’engager envers les autres et le monde. Je suis persuadé qu’une île paradisiaque comme Saint-Barthélemy, où règnerait la pensée positive, pourrait se passer d’un cardiologue… »



Journal de Saint-Barth N°1318 du 07/03/2019

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