En déplacement à l’hôpital de Saint-Barthélemy, le docteur Laruelle-Hénaux et le professeur Meunier annoncent qu’une unité dédiée au traitement médical de tous les cancers sera activée au sein de l’hôpital de Saint-Martin dans le courant du dernier trimestre 2021.
Consultation, traitement, suivi, l’hôpital de Saint-Martin sera bientôt en mesure d’offrir ces trois phases de soins aux personnes atteintes d’un cancer. Plus qu’une évolution, il s’agit d’un véritable bouleversement pour les patients qui, jusqu’à présent n’ont d’autre choix que de prendre l’avion à destination de la Guadeloupe ou de l’Hexagone pour suivre un traitement. Selon le docteur Marie Laruelle-Hénaux, oncologue médicale au sein de l’hôpital Louis Constant Fleming, cette unité entrera en activité lors du dernier trimestre de cette année.
« Nous avons reçu l’autorisation de l’Agence régionale de santé pour lancer une unité d’oncologie médicale », explique la spécialiste. L’hôpital de jour pourra ainsi assurer les chimiothérapies ainsi que les immunothérapies. « Pour tous les cancers, les solides comme ceux du sang », précise le docteur Laruelle-Hénaux. L’heure est encore à la construction des espaces réservés à cette nouvelle unité. Comme la pharmacie. « Les travaux doivent être conduits par une entreprise de BTP (bâtiments et travaux publics, ndlr) spécialisée car il s’agit d’aménagements très spécifiques. Comme ceux d’un bloc opératoire. »
La nouvelle de la création d’un tel service devrait grandement améliorer le parcours de soin des Saint-Barths. « La prise en charge des patients sera plus fluide, plus aisée, assure le professeur Bernard Meunier. Aller se faire traiter en Guadeloupe, c’est compliqué. Et puis c’est angoissant, surtout en ce moment avec le virus du Covid. »
Dès septembre, la population de Saint-Barth n’auront même plus à se déplacer jusqu’à Saint-Martin pour leur consultation de suivi. En effet, les consultations dites « avancées » au Centre hospitalier De Bruyn, interrompues à la mi-2019, vont être remises en place et assurées par le docteur Laruelle-Hénaux. Là encore, dans le but d’améliorer la prise en charge et le suivi des patients.
Cancers : peu de visibilité
A la question du nombre de personnes atteintes d’un cancer à Saint-Barthélemy ou Saint-Martin, les deux spécialistes admettent ne pouvoir se prononcer. « Le gros problème pour les îles du Nord, c’est que l’on ne dispose pas de données spécifiques, explique le docteur Laruelle-Hénaux. Toutes nos statistiques sont englobées avec celles de la Guadeloupe. Sans oublier qu’il y a une grosse fuite des patients vers la Guadeloupe ou la métropole. »
L’oncologue précise : « Aujourd’hui, nous observons une file active d’environ 200 malades. Dont une dizaine seulement vient de Saint-Barth. Si l’on en croit l’estimation effectuée par les médecins généralistes de l’île, Saint-Barth compterait une trentaine de patients. » Le professeur Meunier d’ajouter : « Quand l’activité sera lancée à Saint-Martin, on aura une idée beaucoup plus précise des personnes en traitement actif. »
Une « mission » de coordination et de renforcement
Chirurgien oncologue et transplantateur hépathique, le professeur Bernard Meunier a exercé pendant quinze années dans un centre anti-cancéreux avant d’intégrer le CHU (Centre hospitalier universitaire) de Rennes. En poste à Saint-Martin depuis un mois, il explique le but de sa mission. « Mon rôle est d’accompagner le chirurgien en place, lui apporter un complément, indique-t-il. Mais l’objectif est surtout d’échanger avec les médecins pour savoir ce qu’ils attendent de nous. A Saint-Martin comme à Saint-Barth. Il faut renforcer nos liens pour la prise en charge des cancers. Pour cela, nous devons savoir ce que l’on peut apporter de plus aux médecins. »
