Saint-Barth -

Le soleil ne vous veut pas que du bien

  A Saint-Barthélemy, les cancers de la peau sont dix fois plus répandus qu’en métropole. Des dépistages gratuits et anonymes sont proposés du 14 au 18 mai.

Le cancer de la peau tue moins que d’autres, qui prennent donc sa place dans l’actualité et les campagnes de prévention gouvernementales. Pourtant, c’est le type de cancer le plus répandu. En France, sur 400.000 cancers déclarés chaque année, 100.000 sont des cancers de la peau.

Les dermatologues organisent donc chaque année la semaine du dépistage, pour informer et sensibiliser autant que pour détecter d’éventuels cas. A Saint-Barthélemy, le Dr Jean-Michel Augé, du cabinet médical de l’Oasis à Lorient, assurera les consultations gratuites et anonymes entre le 14 et le 18 mai. « La grande majorité des cancers de la peau sont détectables à l’œil nu, en une seule consultation », rappelle le dermatologue. « Le dépistage permet aussi de repérer des lésions pré-cancéreuses, et de les traiter, avant qu’elles ne puissent dégénérer en cancer. » Par exemple, si votre peau comporte des plaques roses et rugueuses au toucher, en général sur les avant-bras, le visage, le décolleté ou les mains, il s’agit de kératoses actiniques, qui doivent être contrôlées.

Le facteur numéro 1 du cancer de la peau est l’exposition au soleil. Autant dire qu’à Saint-Barthélemy, le risque est élevé. « Il y en a dix fois plus ici qu’en métropole », calcule Jean-Michel Augé. « On en parle peu, car les chiffres sont noyées dans ceux de la Guadeloupe qui, avec la peau noire, est en dessous de la moyenne. » Et plus globalement, le nombre de cancers de la peau diagnostiqués augmente de 4% par an. Si en métropole, il est recommandé d’effectuer un examen annuel à partir de 50 ans, le dermatologue conseille de s’y mettre dès 40 ans pour les personnes nées à Saint-Barth où qui y vivent depuis de nombreuses années.

Mélanome, le cancer des grains de beauté

Quand on pense cancer de la peau, on pense mélanome. Or, ce n’est pas un synonyme. Le mélanome est la forme la plus grave de cancer de la peau, car il peut rapidement se propager et engendrer des métastases ailleurs dans l’organisme. « Il représente 12% des cas mais 75% de la mortalité globale », explique le Dr Augé. « C’est celui qui est lié aux grains de beauté. » Dans huit cas sur dix, il s’agit d’un nouveau grain de beauté qui apparaît. Dans deux cas sur dix, c’est un grain de beauté existant qui se transforme de manière significative.

Le type de cancer cutané le plus répandu est le carcinome basocellulaire. Il est moins dangereux que le mélanome, et ne peut pas se propager en métastases dans d’autres parties du corps. L’avantage -si l’on peut utiliser ce terme- est qu’il se détecte facilement, tôt en général, et qu’il se soigne également sans trop de difficulté, par une chirurgie. Toutefois, il peut avoir des conséquences lourdes notamment s’il est situé sur le visage.

Protégez-vous

« Le soleil est un toxique comme un autre, il faut l’apprécier et le consommer avec modération », explique Jean-Michel Augé. « D’autant qu’il a des effets positifs, sur le moral, et il permet la production de vitamine D qui a des vertus anticancéreuses… » Deux types de risque liés au soleil : l’exposition cumulée tout au long de la vie, ou l’exposition brutale à répétition. « Il faut éviter les coups de soleil, et le cumul excessif. Pour cela, on peut choisir ses heures d’exposition. A Saint-Barth, les heures dangereuses se situent trois heures avant et trois heures après le zénith, soit de 9 heures à 15 heures. » En cas d’exposition, n’hésitez pas à vous équiper de chapeau, manches longues et pantalons. Et la crème solaire alors ? « Il ne faut pas trop en attendre non plus. Il n’est pas démontré que la crème protège des cancers. Même si vous n’avez pas de coup de soleil grâce à la crème, les dégâts sont là. » Toutefois, elle limite ceux liés à l’effet cumul. Quand au choix de l’indice de protection, « ce n’est pas très significatif. Malgré tout, ici, pour se protéger, il ne faut pas être en dessous de 50. » Moins de bronzage, mais une santé préservée. Pour ce qui est des monoï et autres huiles de coco, « on n’accélère rien du tout avec ça. Les cosmétiques vendent du rêve. Seulement, on met l’huile à la place de la crème solaire, donc c’est certain qu’on bronze plus rapidement », explique le Dr Augé. « Le bronzage n’est rien d’autre qu’un signe de souffrance de la peau. »


> Pour se faire dépister : Il faut vous rendre au dispensaire, jeudi 17 mai, à partir de 14 heures, sans rendez-vous. Ou alors prendre rendez-vous directement sur le site internet www.dermatos.fr, à compter du 10 mai.

__________________________________________________________________

Etes vous une personne à risque ?

Vous devez être particulièrement vigilant si vous faites partie des personnes à risque. Auquel cas l’idéal est de rencontrer une première fois un dermatologue à ce sujet, pour définir une fréquence de contrôle.

-       Si vous avez la peau claire, les cheveux blonds ou roux, que vous bronzez difficilement

-       Si vous avez des taches de rousseur

-       Si vous avez au moins 40 quarante grains de beauté

-       Si vous avez des grains de beauté larges et irréguliers

-       Si vous avez des antécédents de mélanome dans votre famille

-       Si vous avez reçu des coups de soleil sévères pendant l’enfance ou l’adolescence

-       Si vous avez vécu longtemps dans un pays de forte exposition solaire

-       Si votre mode de vie ou votre emploi vous expose au soleil de manière prolongée ou intense


JSB 1278