Saint-Barth -

Le problème de l’eau de ville n’en finit pas


Décidément, le problème de l’eau de ville à Saint-Barth ne trouve pas de solution. Elle est toujours interdite de consommation en raison des bromates. Et des concentrations trop élevées de légionelles ont été détectées à Grand-Fond la semaine dernière.

 

Quel bourbier ! L’eau de ville est, depuis plus de deux mois, impropre à la consommation pour cause de bromates. Depuis le 8 août, interdit de boire, de se laver les dents ou de faire cuire des pâtes avec l’eau du robinet. Restaurants, cantine scolaire, supermarchés… Tous ont pris leurs dispositions et travaillent à grand renfort d’eau minérale.

 

Jeudi 4 octobre, patatra : « Le contrôle de l’eau du 17 septembre 2018 sur le réseau de Grand Fond fait apparaître une concentration en légionelle qui est en limite de conformité. Des opérations de nettoyage et de désinfection du réseau ont eu lieu ce jour. Des analyses de contrôle sont programmées », publie la Saur sur son compte Facebook.

La légionelle, c’est autrement plus embêtant que les bromates. Cette bactérie est néfaste non pas à l’ingestion, mais à l’inhalation, lors de la douche voire en tirant la chasse d’eau. Respirée, elle peut entraîner des troubles pulmonaires, notamment chez les personnes sensibles.

 

Vingt foyers concernés

Harry Toutoute-Fauconnier, responsable de l’ARS à Saint-Barth, nous donne plus de détails : l’analyse a détecté une UFC (unité formant colonie, c’est ainsi que l’on mesure les légionelles dans l’eau) de 2.300 par litre, alors que la limite réglementaire est fixée à 1.000 UFC. Cette nouvelle contamination ne concerne que le bout de réseau de Grand-Fond, soit « environ vingt foyers ». Pour lui, le fait que seul ce quartier soit touché par l’alerte légionelle serait lié à une sous-consommation des usagers dans le secteur, ce qui pourrait engendrer un séjour trop long de l’eau dans le réseau.

 

« C’était évident qu’on allait arriver à ça… »

L’essor des légionelles n’est pas une surprise. Pour faire disparaître les bromates, Sidem et Saur ont, en accord avec l’ARS, diminué l’apport de chlore dans l’eau depuis des semaines. Le chlore sert justement à éviter le développement des bactéries. « C’était évident qu’on allait arriver à ça », soupire Christophe Pinardaud, directeur régional de la Saur Antilles, joint par téléphone. « Comme on a baissé le taux de chlore sur l’usine, au bout du réseau, on a des légionelles… » Logique.

Depuis, le réseau a été purgé, la chloration augmentée, et les légionelles sont repassées en dessous du seuil réglementaire, selon les analyses effectuées par la Saur. L’ARS réalise ses propres tests, dont les résultats ne sont pas encore disponibles. C’est elle qui donnera le feu vert, ou pas, pour décréter qu’il n’y a plus de « risque légionelle » à Grand Fond.

 

En attendant, les bromates sont toujours là. Aucun chiffre sur les taux actuels dans l’eau ne nous a été communiqué depuis notre édition du 13 septembre dernier (n°1294), où les autorités évoquaient 40 à 50 microgrammes par litre en fin de réseau. Nous avons pu consulter certains résultats d’analyses plus récents qui indiquent toujours des taux entre 30 et 80 microgrammes par litre en fin de réseau.

 

Nouveau traitement anti-bromates

Les investigations sur la cause de cette contamination soudaine, en juillet, n’ont apparemment pas abouti. Toutefois, pour essayer d’éliminer le problème, la Saur s’apprête à tenter un nouveau traitement, appelé Bioxide, qui « a eu de bons résultats sur l’une de nos installations en Arabie Saoudite », souligne Christophe Pinardaud. Espérons qu’il en sera de même à Saint-Barth. Et qu’on en sera informés. Collectivité, Sidem, Saur et ARS : les interlocuteurs ont tous un peu tendance à se renvoyer la balle… Quand ils acceptent de répondre à nos sollicitations.

 

JSB 1298